Cette semaine encore, un journal rapportait, avec un sérieux affligeant, que «les Algériens s’euthanasient, par pelletées entières sur les routes, parce qu’ils souffrent de stress post-traumatique, lié à leur moral trop fragile !». Comme quoi, la vie est tout ce qui nous reste lorsque la mort, traîtresse et faucheuse par vocation, paraît comme le chemin le plus court vers une vie meilleure, même s’il faut la chercher ailleurs ! Comme quoi encore, l’Algérie qui reprend son souffle coupé pour se rendre compte que son pays est Libre depuis 50 ans déjà, se voit comme un potache auquel tout le monde a envie de distribuer de bons, mais aussi de mauvais points. Le plus mauvais point vient assurément de l’argent, même s’il n’est pas bon de parler d’argent, parce que ça énerve ceux qui n’en ont pas. L’Algérie, devenue «richarde», vient d’opposer un niet franc mais poli au FMI, une «belle jambe» pour nous autres Algériens, fiers de nous, jusqu’à préférer nos canassons aux Pégase des autres. Cela ressemble à quelqu’un qui se sert de son «blé» pour faire des économies; pour, ensuite, se servir de ses économies pour dépenser beaucoup trop d’argent. Sinon, comment expliquer que des «voix de ténor» au sein du gouvernement, probablement le plus «résistant» de l’Algérie indépendante, font dans une «grosse» cacophonie au sommet, au point que cela fait un peu désordre dans un pays, où même les mots ne semblent pas signifier la même chose pour tout le monde ? Sans attendre le mois de toutes les privations, la chute du prix du pétrole, un «mauvais coup» que l’on sentait venir depuis longtemps, semble avoir, (encore une fois !), convaincu nos dirigeants à serrer la ceinture de plusieurs crans, en prévision des mauvais jours à venir. Une «leçon» apprise par cœur par tous, mais dont personne ne se souvient plus, comme quoi, celui qui nous vient «d’Ailleurs» n’est pas des nôtres ! Ceci pour la partie vide du verre. Pour la moitié pleine du verre, le motif de satisfaction nous vient de ce dernier classement d’un Think Tank de la perfide Albion (New Economics Foundation), selon lequel l’Algérie est le pays le plus heureux d’Afrique. Réconfortant n’est-ce pas, en ce mois où tous les coups sont permis, sauf les «bons» ! Mais en quoi l’Algérien serait-il le plus heureux du continent Noir lorsqu’un autre classement, moins «glorieux» celui-là, donne le quart des Algériens, y compris ceux qui ne sont pas encore nés, pour des rêveurs éveillés du «Vivre ailleurs» ?!
Par une sorte de «tare atavique», l’on se souvient encore de ce ministre, (aujourd’hui disparu), sous Boumediene qui avait proféré à la face de l’Homme du 19 juin 1965 «qu’il valait mieux travailler comme planton à Stockholm plutôt que ministre en Algérie, un pays où la raison du plus fort est toujours la meilleure» s’était-il plaint en haut lieu. L’histoire dira qu’au lieu de dégainer à la figure de son ministre, contrarié par plus fort que lui, le moustachu aura cette réponse à comprendre comme elle vient : «Eh bien, puisque c’est comme ça, n’oubliez pas de me réserver une place avec vous M. le ministre !». Rien que ça !
Aussi vrai que si l’on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d’attente !
31 juillet 2012
El-Houari Dilmi