Vous avez été nombreux à me témoigner votre soutien après la lecture du factum rageur et enragé de Badr’Eddine Mili («Non aux pyromanes de l’histoire et aux adorateurs du veau d’or», Le Soir d’Algérie, 24 juillet 2012), en réponse à mes observations sur ses hypothèses à propos d’une inscription sur un char dans le défilé du 14 juillet 2012 sur les Champs-Élysées, à Paris («Arrête ton char, Mili !», Le Soir d’Algérie, 18 juillet 2012).
Au lieu du débat d’idées respectueux, l’imprécateur survolté choisit l’insulte, la calomnie et l’intimidation. Il en appelle aussi au meurtre, dans un terrible amalgame (qui confine à la discordance mentale), en suggérant que les martyrs constantinois de la révolution et les héros du beylicat de l’Est d’antan «reprendraient, sans doute, les armes pour parachever leur œuvre et laver l’injure faite à leur sacrifice suprême». Comment qualifier cet égarement et ne pas y lire une histoire contée par un idiot, pleine de fureur et de bruit et qui ne veut rien dire» (Shakespeare, Macbeth [1606], scène V, acte V ; trad. de Maeterlinck) ? Le tortueux contradicteur me traite dans sa réponse de «révisionniste de l’histoire», de «pyromane», d’«adorateur du veau d’or» et d’insortables noms d’oiseaux, dans une pathétique envolée de mystificateur en transe. Il utilise la désinformation et la manipulation de mes travaux d’histoire littéraire qu’il n’a pas lus, notamment sur Kateb Yacine (où donc ai-je écrit qu’Odette-Zoulikha Kateb a introduit le jeune Yacine auprès d’Yves Chataigneau gouverneur général de l’Algérie ?) Il est vrai que le poète adolescent de Soliloques [1946] a reçu de celui qui autorisera et commandera les répressions sanglantes de mai 1945, à Sétif, Kherrata et Guelma, un pécule et des lettres de recommandations, notamment auprès de l’écrivain André Chamson, (pour son premier séjour à Paris) et Malek Haddad (dont je n’ai jamais pensé que le communisme était une «tare», mais dont le prénom Aimé (Et je porte un prénom plus faux que mes façons), Cf. La longue marche, Le Malheur en danger [1956], nouvelle édition, Alger, Bouchene, 1988)], la langue française – ce symptomatique «défaut de langue» — et les origines sociales de sa famille ont effectivement constitué des blessures durables dans son parcours d’homme. Et par rapport à l’évocation de la douloureuse page de l’histoire de la Citadelle des vertiges qu’a été le 13 octobre 1837, il plonge dans la sordide fabulation et évite de nommer le sacrifice des Constantinoises pour l’honneur des familles musulmanes. Je n’ai pas manqué de respect à l’auteur du billet du 16 juillet 2012 ni cherché à le déconsidérer auprès des lecteurs. Je crois à un échange serein, une confrontation loyale d’idées, qui contribue à retrouver et à fonder les vertus du débat démocratique, plus que jamais nécessaire dans notre société. Les attaques ad hominem de l’ancien directeur général de l’APS, qui rabaissent la controverse intellectuelle au niveau du caniveau, n’appellent de ma part qu’un profond mépris.
A. M.
Abdellali Merdaci répond à Badr’Eddine Mili
30 juillet 2012
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30 juillet 2012 à 12 12 49 07497
Abdelmadjid Merdaci
Abdelmadjid Merdaci, docteur d’Etat en sociologie, est enseignant-chercheur à l’université des Frères Mentouri de Constantine et écrivain. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le Mouvement national algérien, la musique algérienne et l’histoire de la ville de Constantine. Son dernier livre, publié chez Topoïs Simoun en avril 2004, s’intitule La fonction présidentielle en Algérie.
Outre le « Dictionnaire des musiques et des musiciens de Constantine » Ed Simoun (2003), il a publié en 2008 « Constantine sur scènes- Contribution à l’histoire du théâtre constantinois » Ed du TRC et « Tata, une femme dans la ville », essai biographique aux « Editions du Champ Libre ».
Il a aussi publié en 2005 un ouvrage dans la collection Beaux livres « Constantine;citadelle des vertiges » aux Ed « Paris /Méditerranée » aujourd’hui épuisé en Algérie et en France.
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