Si vous lui enlevez la barbe, il deviendra ministre islamiste. Se fera élire sur le dos des siens qui se sont fait élire sur le dos du peuple qui a bon dos et mauvaise mine. Du coup, après avoir été ministre, il fera dissidence, créera un nouveau parti et l’appellera «Taj», alias la couronne. D’un autre côté, si vous laissez la barbe en lui enlevant les armes et les dents, il devient Soltani, croit que le printemps «arabe» c’est un remake d’Errissala, fera mauvais calcul et sortira désobéissant de la maison de l’obéissance pour voir qu’il a tout perdu : ses armes et ses salaires.
Mais si vous prenez un islamiste et que vous enleviez la barbe en lui donnant des armes ? Il se laissera pousser la barbe encore une fois et ira au sud kidnapper des villes, des touristes et détruire des vestiges. Maintenant, si vous lui enlevez la barbe et les armes et les vêtements ? C’est là que vous vous apercevrez qu’il est comme vous. Un être. Avec rien de plus et rien de moins que des idées mauvaises ou différentes. C’est là que vous comprendrez la dissidence de Ghoul ou la politique de Djaballah : il ne s’agit que d’Algériens comme vous et moi qui se cachent derrière un livre et des fatwas pour se faire passer pour des envoyés de Dieu ou des envoyés de l’envoyé de Dieu. Le but est de dire qu’il faut s’attaquer à cette culpabilisation que produit l’islamiste quand il est face aux autres : tous se sentent coupables et lui se sent dans son droit. Erreur, car il s’agit du pays des deux, de la terre de tous, du ciel de chacun et de la nation des enfants à venir. Donc pas de culpabilité, car elle crée l’islamiste qui crée le crime et le châtiment.
Quand on enlève la barbe, l’arme, la fatwa et les vêtements, on conclut l’essentiel : il ne s’agit que d’un bal masqué pour le Pouvoir. Le but est la Présidence ou le califat ou le monde dans sa totalité. Tout le reste c’est du maquillage.
Et n’oubliez pas de lui enlever les chaussures surtout : l’islamiste est très rapide à prendre le pouvoir ou le «printemps» du coin ou le dos de la révolution ou le repas gratuit.
29 juillet 2012
Kamel Daoud