257 pages, 650 dinars
L’auteur de ce roman, à mi-chemin entre la fiction et la réalité, un roman historique en vérité ou, peut-être, une histoire réelle romancée, est, désormais, bien connu des amoureux des belles-lettres. Journaliste, ancien directeur du quotidien Le Matin on savait qu’il était un redoutable (et redouté, ce qui lui a causé bien des problèmes et lui a même valu de la prison ) essayiste, qu’il était aussi poète (les épreuves traversées ont aiguisé ses vers et sa verve). Le voilà donc consacré romancier. Il est vrai que son premier roman, Le Mensonge de Dieu, une grosse œuvre au titre trompeur (pour les bigots et les gens de mauvaise foi et pour les ignorants), était à mi-chemin de l’essai et du roman, ce qui l’avait rendu difficile à lire et encore plus à comprendre (par les bigots et les lecteurs de mauvaise foi et par les ignorants).
La parfumeuse, c’est tout simplement l’histoire d’une de ces femmes d’origine européenne qui, bien avant bien de nos compatriotes d’antan, se sont engagées auprès de leur époux (pour la plupart d’entre-elles ) aux côtés du peuple algérien et de la nation algérienne et du combat pour l’indépendance. Il s’agit, ici, de Mme Messali Hadj, Emilie Busquant, dite Emma «la guerrière des faubourgs de Paris», «la justicière de la Casbah», «la madone du PPA», «Emma la louve, Emma la mère du peuple algérien, fille du pays de la mine et des grèves .». Qui a abandonné ses rêves de jeune fille (elle voulait suivre les traces de Coco Chanel). Qui est tombée amoureuse d’un jeune arabe perdu dans Paris, Hadji, un jeune affamé de justice sociale et de chocolat. Qui n’a plus cessé de «militer» (en digne fille d’un ouvrier mineur anarcho-syndicaliste qui vivait dans le souvenir des Communards) et de courir les prisons, couffins à la main, messages dans le pain et limes dans le chignon, où était enfermé son mari. Et qui, décédée en Algérie le vendredi 2 octobre 1953, a vu des milliers d’hommes et de femmes défiler devant son cercueil alors déposé au foyer civique d’Alger, recouvert du drapeau algérien qu’elle avait nous détaille l’auteur conçu et confectionné dans les années trente, Rue du repos, dans le 20è arrondissement de Paris. Il avait été présenté pour la première fois comme emblème national aux huit cents personnes réunies en Ag de l’Etoile nord-africaine en août 1934 à Levallois Perret. Phrase relevée, à méditer, par l’auteur y compris ( p. 77) : « La politique est une affaire d’habiles croupiers ; tout est dans l’art de manier le râteau»
Avis : Passionnant ! A lire, même si on n’est pas d’accord avec la fin de parcours de Messali Hadj, saisi par le «zaïmisme». Même si on n’est pas d’accord avec certaines approches, de la vie politique d’alors, par l’auteur. Ce n’est pas qu’un roman. Il faut croire l’auteur quand il dit que « les faits historiques rapportés sont réels et que seuls quelques épisodes ont été romancés .». Bien sûr, certaines parties de la famille révolutionnaire ne vont pas apprécier cette manière d’écrire l’histoire), mais il est certain que le simple citoyen-lecteur aimera l’héroïne et ses sacrifices pour l’indépendance du pays. Il faut se dire que peut-être si Emma n’était pas tombée malade en mai 52 (paralysie), et malgré tous les «machos» qui commençaient à pulluler au sein du parti et autour de Messali Hadj, le cours de l’Histoire aurait certainement pris un autre sens.
L’Algérie toujours. Chronique d’une vie Ouvrage mémoriel de Maurice T. Maschino.
Editions Dalimen, Alger, 2012
161 pages, 500 dinars
Il est d’origine russe et il a vécu toute son enfance en France avec sa mamaï (grand-mère) et sa maman, des réfugiées ayant fui les suites répressives de la Révolution d’octobre, il a grandi dans un milieu familial très ouvert sur la société (mère et beau-père résistants) et sa première épouse est fille d’anarchistes. Prof’ de philo par admiration pour Epictète, Montaigne, Descartes, Voltaire, Rouseau, Monstesquieu et surtout pour Sartre et pour l’humain. Expatrié au Maroc où il s’est senti pleinement accepté par les «indigènes» et «haï» par les Européens colons Très tôt en phase avec la Révolution algérienne, il s’insoumet aux obligations militaires en 1957, et il est «envoyé» à Tunis Enseignant, journaliste, auteur d’ouvrages (Le Refus, en 1960, suite d’un article déjà publié en octobre 1957 dans les Temps modernes, expliquant les raisons de son acte d’insoumission – la revue fut alors saisie et Sartre inculpé pour «atteinte au moral de l’armée» -, et L’Engagement en 1961, les deux chez Maspéro) interdits en France, il rentre au pays (l’Algérie) en juin 62 et il fait partie des premiers français d’origine (10 pour être plus précis) à demander et à avoir la nationalité algérienne. Marié à Fadela M’Rabet (une skikdie, fille de Alem), converti à l’Islam, bien sûr, il anime ,avec sa femme, des émissions radiophoniques qui n’ont pas tardé à déplaire (quelques jours avant le 19 juin 1965) aux «autorités» de l’époque : la «fête algérienne» est fini. Son épouse «commet» deux livres sur le triste sort de la femme algérienne. L’hallali est sonné. Menaces, insultes, diffamations, arrêt des émissions radiophoniques, suspension d’enseigner et même menace de déchéance de nationalité (débattue en Conseil des ministres, s’il vous plait) Au printemps 1971, après plusieurs années de «résistance «, le couple décide de partir. Un 5 juillet, au 9è anniversaire de l’indépendance. Mais toujours avec l’Algérie au cœur (carte d’identité et passeport régulièrement renouvelés, en plus). Pour Maurice T., bien plus que la réussite originelle et encore moins la francité. On ne quitte pas facilement son pays et on y revient toujours L’Algérie au cœur ! Phrases relevées, à méditer (p.137) : « la liberté dont nous disposions à la radio ne relevait pas d’une décision, ce n’était pas un choix politique, c’était la conséquence d’une ignorance. Les instances dirigeantes avaient autre chose à faire qu’à écouter les programmes de la radio : se battre pour conserver leur poste»
Avis : C’est toute une vie qui est racontée avec un style assez journalistique Très pédagogique. Universitaire, esprit scientifique et rigoureux mais humain comme tout bon philosophe, compréhensif comme tout bon sociologue, il est sévère, très sévère dans son diagnostic quand il analyse le pays, son pays, mais plein d’espoirs quand il décrit les Algériens, ses concitoyens.
Francis Jeanson, un intellectuel en dissidence. De la Résistance à la guerre Une œuvre de recherche de Marie-Pierre Ulloa
Casbah Editions. Alger 2009
286 pages, 600 dinars
Le héros, le juste, l’intellectuel, le philosophe est mort samedi 1er août 2009 à l’âge de 87 ans.Le président de la République a présenté ses condoléances à la famille, à ses amis et au peuple français et l’ONM a ajouté que son nom restera à jamais gravé au coeur de l’histoire de l’Algérie.
Engagé dans la résistance et contre le nazisme durant la seconde guerre mondiale, à l’âge de 21 ans, intellectuel proche de Jean-Paul Sartre, il incarne la contre-mémoire: celle de la France du refus, du refus de la torture et du mensonge d’Etat, mais surtout du refus de toute guerre coloniale menée au nom de la République. Dès 1957, s’opposant « à la gauche respectueuse du consensus national et qui s’obstinait à considérer l’Algérie comme un département français», il entre en clandestinité et s’engage pleinement aux côtés du FLN. Il crée le fameux réseau Jeanson composé de sympathisants français de la lutte pour l’Indépendance du pays. Après 1962, il choisit de rester en France et se tourne vers l’action culturelle jusqu’en 1972, date de sa retraite. Toujours l’Algérie au cœur. Phrase relevée, à méditer : « Si Sartre a forgé la légende de l’intellectuel engagé par excellence, Francis Jeanson l’incarne réellement»
Avis : A lire absolument même si la lecture peut paraître rébarbative car le document est plus une (belle) œuvre de recherche universitaire qu’un travail de vulgarisation. La vie de Jeanson est si riche en événements que vous ne vous ennuyerez pas un seul instant. On regrette qu’il n’ait pas séjourné longtemps ou souventes fois en Algérie. Un juste parmi nos justes et il mérite plus qu’une avenue en son nom ou au nom du réseau.
14 août 2012 à 18 06 37 08378
Malheureusement pour son premier « Le mensonge de Dieu », M Benchicou, notamment pour son chapitre 23, a plagié un texte paru depuis 2005 sur un blog, .
Pour vous le prouver, veuillez suivre ce lien :
http://villagedecolbert.unblog.fr/souvenirs-de-colbertois/
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