le 28.06.12 | 10h00
- 20 ans sont passés après l’assassinat de votre défunt frère Mohamed Boudiaf, que ressentez-vous après tout ce temps ?
Pour moi, c’est comme si c’était hier. En vérité, Mohamed Boudiaf était rentré pour servir son pays. Il est revenu pour l’Algérie. Il avait de bonnes intentions. La version qui circule est qu’ils l’ont ramené pour le tuer. Moi je n’y crois pas, parce qu’ils auraient pu l’assassiner au Maroc même, comme ils ont tué Mohamed Khider ou Krim Belkacem. C’est mon point de vue en tout cas. Mohamed Boudiaf a été ramené parce que c’était son destin. Il avait accepté de venir parce que l’Algérie était en crise. Il n’y avait ni gouvernement ni président de la République. Il n’y avait pas d’institutions. Il était donc volontaire et prêt à sauver le pays. Je vais aborder une question très importante : en juin 1991, on a perdu notre frère Moussa au Maroc, six mois avant le retour de Mohamed Boudiaf en Algérie. Une précision pour répondre à ceux qui disent « ils l’ont ramené pour le tuer ». Mohamed Abbas, un journaliste algérien avait mené quelque temps auparavant une espèce de campagne dans le journal pour lequel il travaillait à l’époque, en disant que des personnes avaient adressé des lettres à Mohamed Boudiaf lui demandant de rentrer au pays. Après l’enterrement de notre frère si Moussa, que Dieu ait son âme, je me suis retrouvé seul avec Si Mohamed Boudiaf et je lui ai demandé de quoi il retournait exactement. Il m’a confié qu’effectivement il avait reçu des lettres. Mais il ne pouvait pas leur répondre. Il n’en avait pas les moyens. Croyez moi, nous étions seuls, lui et moi, à la maison. Il m’avait dit : «Moi, je rentrerai comme président de la République. Je le jure devant Dieu.» Je n’avais rien compris, le président Chadli était encore en poste. Mais en bon croyant, je pense que c’est le destin qui l’a guidé. C’est là où je crois et je suis sûr que ses intentions étaient bonnes. Et cela s’est passé comme il l’espérait. Peut-être que certains peuvent comprendre que c’est une faiblesse. Moi je dis que c’est un appel de Dieu.
- Est-ce qu’après l’enterrement de votre frère si Moussa, vous l’avez revu ?
Non, on ne s’est pas revus. Depuis juin 1991 jusqu’au jour de son retour. Après on s’est revus, on se parlait surtout au téléphone de temps à autre. Je ne suis pas celui qui allait lui rendre visite dans son bureau à la présidence de la République. La période où on se voyait régulièrement c’était en 1959, il était en prison.
- Il était dans quel état d’esprit à son retour ?
Il avait un grand espoir pour le pays. Ce qui le préoccupait, c’était la question du FIS (Front islamique du salut, parti dissous). Mais je ne posais jamais de questions à Si Mohamed Boudiaf, donc il ne m’avait pas tellement fait de confidences sur ce qu’il allait faire. Je n’aime pas être curieux. D’ailleurs, je vais vous raconter une anecdote : en mai 1962, Mohamed est venu passer un mois au Maroc, il avait rencontré Mohamed Boussouf dont le nom de guerre était Si Ali. Ce dernier lui avait organisé une rencontre avec le colonel Houari Boumediene. Après son retour, on n’avait pas parlé du sujet, cela pour vous dire qu’on n’avait pas l’habitude de poser ce genre de questions. Mais j’ai senti que Houari Boumediene l’avait quelque part importuné. Boumediène avait même demandé après lui, lorsqu’il était en prison. Il y a eu même une rencontre entre eux avant. C’était en mars, juste après sa libération. Après avoir été reçu par le roi du Maroc, Boumediène avait demandé de faire le voyage jusqu’à Oujda, seul avec Boudiaf. Il avait fait 600 km avec Mohamed sans pouvoir le convaincre d’être à ses côtés. Boudiaf lui avait dit qu’il ne pouvait pas marcher avec une mitraillette.
- En mai 1992, Mohamed Boudiaf est parti aussi au Maroc, dans quelles circonstances avait-il fait le voyage ?
Oui, effectivement, il est parti. Ils ne voulaient pas le laisser partir en évoquant le problème du Sahara occidental. Il leur avait dit, sur un ton coléreux : «Je pars et je ne reviens plus.» Et il est parti. Il y avait les fiançailles de son fils Tayeb qui étaient programmées de longue date, mais pas seulement. Il y avait aussi la question de l’héritage de notre défunt frère, Si Moussa, décédé en juin 1991. Donc, on devait aussi régler des affaires familiales.
On s’était réunis et sommes restés huit à dix jours au Maroc. Il avait rencontré le roi du Maroc et il avait même, durant son séjour, animé une conférence de presse. Une question lui avait été posée sur le problème sahraoui. Si Mohamed Boudiaf avait fait part de son espoir que le problème trouvera un jour une solution. Je tiens à préciser, ici, que mon défunt frère avait beaucoup de connaissances parmi la classe politique marocaine, notamment les responsables du parti El Istiklal et USFP, etc. mais jamais il n’a eu de rapports avec le palais royal. Cela pour répondre aux gens qui disent qu’il n’en sortait pas, c’est faux ! Sur la question du Polisario, il avait bien éclairci par la suite sa position en affirmant que ce n’était qu’un avis personnel. Moi-même je l’avais appelé. Il m’avait répondu : «Moi je ne suis pas avec les Marocains. Je n’ai pas marché avec eux.»
- Certains disent qu’on avait reproché à Boudiaf sa vision sur le Sahara occidental ?
Ce sont les assertions de Ben Bella dans le magazine Jeune Afrique dont je garde le numéro d’ailleurs. Je ne pense pas que Si Mohamed ait été tué à cause de la question du Sahara occidental.
- Après son voyage au Maroc, l’aviez-vous revu ?
Non je ne l’ai plus revu. Il a été assassiné juste après, le 29 juin.
- Quel souvenir de votre défunt frère vous a le plus marqué ?
Si Mohamed, il n’y a pas un seul souvenir. C’était un homme modeste. Une modestie, et je ne dis pas cela parce que c’est mon frère, que je n’ai vu, chez personne. Il est généreux. Il aime son pays. Il est propre et honnête. Une fois, alors qu’il était en exil au Maroc, un ministre de notre gouvernement est venu au Maroc avec une valise pleine d’argent destinée à Si Mohamed Boudiaf. Mon frère l’a renvoyé avec diplomatie, il a refusé de prendre l’argent. Si Mohamed Boudiaf n’est pas cupide il ne doit rien à l’Etat. Il n’avait même pas la pension des moudjahiddine, c’est moi qui m’occupais de ses enfants ici. Le dernier salaire qu’il avait perçu, c’était avant de démissionner du FLN en 1963. Même l’attestation communale il ne l’avait pas demandée. Il a eu son attestation communale après sa mort. Moi-même je ne l’ai pas. Je ne l’ai jamais demandée. J’étais un militant de base, et j’ai terminé en tant que responsable d’une section au Maroc, après avoir quitté l’Algérie en 1959.
- Comment avez-vous appris l’assassinat de Mohamed Boudiaf ?
Il a été tué à 11h et 30 et je n’ai appris la mauvaise nouvelle qu’à 13h 30 par la radio. A ce moment- là, j’étais dans mon local. J’ai pleuré, j’étais triste. Mais quand j’ai vu l’amour que lui vouaient les Algériens qui l’ont pleuré, une procession qui allait du palais d’El Mouradia jusqu’à El Alia, c’était inimaginable.
Il a été pleuré par tout le peuple algérien. Je me suis dit, personne ne souhaite la mort à son frère, la mort est écrite, un destin, mais celle de Mohamed est une belle mort. Ce fut un référendum pour Si Mohamed. Tous les Algériens l’ont pleuré, sauf les barbus qui avaient fait la fête. Soudain, la tristesse s’est transformée en fierté. C’est une mort d’homme. Ceux qui l’ont tué, je ne les connais pas, ils seront jugés par Dieu. J’entends par-ci par-là, c’est tel général ou c’est tel autre. Je n’ai aucune preuve pour m’avancer.
- Avez-vous cherché à savoir la vérité ?
Avec qui, mon fils ?
- Avec ceux qui occupaient des postes de responsabilité à l’époque. Ont-ils pris contact avec vous ?
Je vais vous faire une confidence. Effectivement, juste après la mort de Si Mohamed, un parent du chahid Debbih Cherif s’est présenté chez moi, pour me dire qu’il avait dit à quelqu’un de confiance, un ancien militant du Parti de la révolution socialiste (PRS fondé par le défunt Boudiaf) que des informations venant de la Présidence faisaient état d’un complot contre Si Mohamed Boudiaf. J’avais demandé à la personne en question, s’il avait rapporté cela à mon frère Mohamed, sa réponse était oui. Mais je ne pense pas qu’il l’ait fait. Le parent du chahid Debbih Cherif était prêt à donner son témoignage. Et la commission d’enquête sur l’assassinat de Boudiaf était encore en cours. En apprenant cela, j’ai donc appelé un haut responsable militaire. Le préposé au téléphone m’avait bien accueilli au départ avant de revenir me dire que le responsable en question était absent. Je n’ai pas insisté. Quelque temps, après j’ai accompagné le parent de Debbih Cherif chez l’un des membres de la commission d’enquête, un ami de Si Mohamed, Tayeb Thaâlibi en l’occurrence. Mais je ne sais pas si on a pris au sérieux les informations en question. Ce qui est certain, le témoin s’est rétracté par la suite par crainte que son nom soit cité dans la presse.
25 juillet 2012 à 15 03 13 07137
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