Culture :
«Pour ce projet, nous avons tenu à venir en Algérie. Nous sommes à pied d’œuvre depuis le 30 juin. Nous sommes ici pour nous inspirer des Algériens en général et des Algérois et des Casbadjis en particulier. Nous voudrions, bien sûr, voir ce spectacle joué ici à Alger, en priorité.»
L’homme qui parle ainsi est Rafiq Harbaoui, de la compagnie La Boutique du Conte, domiciliée à Besançon, en France. Harbaoui est venu en Algérie accompagné de son ami et coéquipier le musicien Kacem Mesbahi. Le projet en question est un spectacle de théâtre dont le titre provisoire est La Casbah d’amour d’Alger-Paris. La pièce, en cours d’écriture, est inspirée d’une œuvre de Washington Irving. C’est une histoire d’amour (impossible ?) entre le prince Ahmed et la princesse Juliette. Le jeune prince Ahmed vit enfermé dans un palais de La Casbah d’Alger. D’après les astrologues, il ne doit pas découvrir l’amour, sinon un malheur va arriver. Le seul contact d’Ahmed avec l’extérieur est un savant égyptien qui lui parle de tout sauf de l’amour. Il lui apprend aussi à jouer du oud. Un jour, Ahmed apprend le langage des oiseaux que lui avait enseigné son précepteur égyptien. Une colombe lui parle de l’amour et lui raconte l’histoire d’une princesse qui vit seule, enfermée dans un palais de l’autre côté de la mer. Ahmed s’enfuit et traverse la mer en clandestin. Après bien d’aventures, il retourne à Alger avec sa bien-aimée Juliette. Mais, le roi envoie une puissante flotte vers Alger… «C’est une allusion au couple infernale Algérie-France. On voudrait dépassionner les débats», nous explique Rafiq Harbaoui. Nous avons l’impression d’assister à un de ces films de science fiction où, grâce à un voyage dans le temps, on arrive à «rectifier » certaines erreurs du passé afin d’arriver à un présent et à un avenir meilleurs. Rafiq Harbaoui et Kacem Mesbahi vont quasi-quotidiennement à La Casbah chercher l’inspiration. «Ce qu’on voudrait, c’est faire un grand spectacle avec de la musique et des chants. Nous comptons travailler avec le chorégraphe Amine Sebaha, qui vit en France et, pourquoi pas, avec un metteur en scène d’ici», nous ont- ils confié. La compagnie La Boutique du Conte, créée en 1987 à Besançon, en France, aspire à contribuer au développement de la culture orale en mettant en scène des textes inédits. Son expérience d’un public cosmopolite lui a prouvé que tous les spectateurs peuvent se retrouver unis dans le voyage fondamental de l’imaginaire. Elle se produit dans les banlieues, les villes et les campagnes, car son objectif a toujours été de favoriser l’accès d’un public plus large et plus nombreux à l’art et à la culture. La compagnie applique une politique dynamique de création, de diffusion et de formation à la pratique du conte et du théâtre en milieu scolaire et aussi pour les adultes. Son langage théâtral inclut la musique, le masque, la marionnette, la danse, le texte et, depuis peu, la vidéo. Sa recherche consiste à élaborer un langage original mêlant ces diverses disciplines au service d’une dramaturgie ouverte. Elle développe aussi des partenariats avec des centres culturels et des festivals en Suisse, Belgique, Espagne, Maroc, Canada etc. (60 à 80 représentations par an). Adepte d’un théâtre vivant et symbolique, La Boutique du Conte puise son inspiration à partir de récits de la tradition populaire. Sa recherche pose un regard contemporain sur les arts du récit et leurs multiples expressions artistiques. Parmi ses créations, figurent Les Facéties de Djha, Schéhraza de d’après Tawfik El Hakim (1989), Le Trésor du figuier de R. Harbaoui, mise en scène Amel Riahi (1991), Le Conte des mendiants mis en scène par Marjorie Heinrich (2005), Sindbâd le Bisontin tiré du patrimoine littéraire bisontin (2010) et Pandji, le Prince de Kaoripan de Béatrice Tanaka (2011.)
Kader B.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/07/21/article.php?sid=136936&cid=16
23 juillet 2012
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