Culture : Le coup de bill’art du Soir
«Mohamed Adjaïmi refuse de répondre à nos questions et ça c’est du terrorisme intellectuel !» Cette petite phrase, qui en dit long, a fait sortir le comédien algérien de ses gonds. Pour le calmer, «l’animateur» est obligé de lui avouer que ce n’est qu’un épisode de l’émission TV «Gousra», une sorte de «caméra cachée» avec une caméra bien visible et des «animateurs» volontairement ultra-provocateurs.
Passons aux choses sérieuses ! Le terrorisme intellectuel est aussi le titre d’un livre de Jean Sévillia. Les intellectuels de gauche sont la cible privilégiée de l’auteur. Sévillia n’y va pas par quatre chemins : «La France, dit-on, est le pays de la liberté. Dans le domaine des idées, cela reste à démontrer, car tout se passe comme si un petit milieu détenait les clés de la vérité. Et ceux qui contestent son monopole sont victimes d’une censure insidieuse, qui les réduit au silence.» Selon lui, ce terrorisme intellectuel, sur la scène politique, culturelle et médiatique française s’exerce depuis plus de cinquante ans (le livre est paru en 2000 chez Perrin). Il le définit comme étant une mécanique totalitaire. «Pratiquant l’injure, l’anathème, le mensonge, l’amalgame, le procès d’intention et la chasse aux sorcières, il fait obstacle à tout vrai débat sur les questions essentielles qui engagent l’avenir», écrit-il. En conclusion, écrit-il encore : «Quand on se sera enfin débarrassé de telles méthodes, la France redeviendra le pays de la liberté.» On peut ne pas être d’accord avec Jean Sévillia sur plusieurs points. Mais un tel ouvrage devait bien être écrit un jour. Le terrorisme intellectuel n’est certainement pas une (autre) exception française. Chez nous, il est même exercé par des «analphabètes trilingues » (c’est comme ça qu’on appelle ceux qui ne maîtrisent ni l’arabe, ni le tamazight, ni le français) sur des polyglottes bardés de diplômes, par exemple. Dans la rue, les cafés et ailleurs, ce sont presque toujours ceux qui crient plus fort qui ont raison et pas ceux qui argumentent, citent des sources et raisonnent.
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/29/article.php?sid=130942&cid=16
29 février 2012
Chroniques