dans ma vie,
qui s’étire déjà pas mal,
quelques grands vivants.
Ils n’étaient pas tous célèbres,
loin de là.
Mais ils avaient tous
assez d’amour dans le cœur
pour en donner
à beaucoup.
* * ** * ** * *
Ils n’avaient pas tous un épais portefeuille,
tant s’en faut.
Mais ils avaient tous
une grande passion dans l’âme
qui donnait du sens
à tout ce qu’ils faisaient.
* * ** * ** * *
Ils n’étaient pas tous très instruits,
oh non !
Mais ils avaient tous développé
une sagesse en leur esprit
qui en faisait
de merveilleux conseillers.(comme vous artisan de l’ombre car LES AMIS SONT LES ANGES QUI NOUS SOULEVENT QUAND NOS AILES NE SE RAPPELLENT PLUS COMMENT VOLER )
* * ** * ** * *
Ils avaient souffert,
souvent même beaucoup :
maladies, échecs, abandons, trahisons.
Mais jamais,
ils ne s’étaient laissés abattre.
Toujours,
ils avaient rebondi
devant l’épreuve.
* * ** * ** * *
Ils avaient compris
depuis longtemps
que donner
est plus agréable que recevoir,
qu’écouter
est plus intéressant que parler,
qu’admirer
est plus utile que condamner.
* * ** * ** * *
Ils avaient découvert
que l’intelligence sans le cœur
est bien malcommode
et que le cœur sans les mains
ne vaut guère mieux.
* * ** * ** * *
Ils avaient trouvé aussi,
souvent péniblement,
que la vraie vie
ne se vit pas tout seul.
Il y a les autres
sur qui on peut s’appuyer.
* * ** * ** * *
Ils avaient tous gardé
un sens de l’émerveillement peu commun.
Capables de se pâmer
devant une rose fraîchement éclose
autant que devant le sourire d’un enfant
* * ** * ** * *
Ils étaient ardent à l’ouvrage
et fervents pour l’amour.
Ils avaient la force des départs
et le courage des recommencements.
Ils avaient du cœur au ventre
et aussi plein les mains.
Il émanait de leur personne
une sorte de magnétisme
qui donnait le goût
de faire un bout de chemin avec eux.
Leur seule présence inspirait confiance.
Ils dégageaient beaucoup d’amour.
On était bien avec eux.
* * ** * ** * *
A les voir,
on avait le sentiment d’être meilleur.
A côté d’eux,
on avait envie de grandir.
Ils avaient du feu
dans les yeux et dans le cœur.
* * ** * ** * ** * ** * ** * *
Et certains,
au cours du voyage,
avaient trouvé le chemin de la foi en Dieu
qui avait éclairé leurs pas,
guéri leurs blessures
et réchauffé leurs froidures.
Bref,
ils avaient le goût de vivre
et ils donnaient le goût de vivre.
* * ** * ** * ** * *
Mais j’en ai connu d’autres
qui avaient perdu
ce goût de vivre
et qui traînaient à pas lents
une vie lourde de misères.
Grands blessés,
oubliés, déprimés,
angoissés, perdus.
* * ** * ** * ** * ** * ** * ** * ** * *
Ce n’était pas toujours
de leur faute.
Ils ont excité en moi
la pitié,
puis la compassion,
et enfin l’amour.
Je leur ai voué
une bonne partie de ma vie.
* * ** * ** * ** * ** * ** * ** * ** * *
Ils sont devenus
des maîtres pour moi
et je compte parmi eux
quelques-uns de mes meilleurs amis.
Et, il faut le dire,
j’en ai connu enfin
qui enlevaient aux autres
le goût de vivre,
qui utilisaient les gens
plutôt que de les aimer.
Mesquins, égoïstes,
ambitieux, hypocrites,
veules, jaloux,
jugeurs, exploiteurs.
* * ** * ** * ** * ** * ** * ** * ** * *
Eux aussi
n’étaient pas toujours coupables.
Ils m’ont souvent donné
l’envie de vomir
quand ils croisaient ma route.
Peu à peu, cependant,
ils m’ont appris
la compréhension, la bonté
et surtout le pardon.
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Dans la caravane humaine,
il y a toutes sortes de marcheurs.
Des leaders et des suiveurs,
des infatigables et des fatigués,
des joyeux et des tristes,
des bons vivants et des agressifs,
des grands, des moyens, des petits,
des fins et des pas-fins,
des forts et des faibles…
* * ** * ** * ** * ** * ** * ** * ** * *
Les uns courent,
d’autres s’essoufflent à rien,
d’autres s’assoient sur le bord de route,
d’autres enfin rebroussent chemin.
Mais tous sont portés ou emportés
par cette marée humaine.
Tous, même sans le savoir,
sont avides d’amour,
sont assoiffés de vie.
Ils veulent VIVRE.
Ils portent en eux,
comme le trésor le plus précieux,
cet acharnement à vouloir vivre.
* * ** * ** * ** * ** * ** * ** * ** * *
Qui leur a rivé au cœur
ce goût de vivre,
dites-le moi ?
Je ne serais pas surpris que ce soit
Celui qui est la Vie,
Celui qui a brisé
les chaînes de toutes nos morts
afin que nous puissions
VIVRE TOUJOURS !
29 septembre 2012 à 3 03 35 09359
Pourquoi? (acimi?)
Texte traduit du kabyle par Tassadit Yacine
Les siècles un à un sont passés
D’autres après eux viendront
Qui sait ce qu’ils nous ont légué ?
Qui sait ce qu’ils nous légueront ?
Peut-être le passé
Nous servira t il à comprendre le présent ?
Peut-être l’épée qui nous a percés
Nous redonnera-t- elle la vie ?
Chaque envahisseur
A amené son Dieu comme auxiliaire
Chacun nous trouve à l’endroit
Où le précédent nous a laissés
Il achève de tuer ce qui nous restait
Faisant de Dieu même leur propriété
Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi
La lumière de l’aube se répand
Eclairant tous les lieux
Plus d’entraves
A qui cherche la justice
Mais nul ne nous dit
Si notre tour vendra de parler
Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ?
Une nullité
Emanant d’eux
Ils en font
Un astre
Mais si un d’entre nous flanche
Des couteaux s’aiguisent de toutes parts
Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi?
Comme des ennemis
Nous nous affrontons
Le premier venu
S’ élève toujours grâce à nous
Car aux yeux des autres peuples
Grande est notre valeur
Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi?
Nous affrontons tous les troubles
Quand c’est nécessaire nous flanchons
Quand la crue arrive
Elle passe et nous restons debout
Mais nous sommes sur les genoux
Plus résignés que le chameau du désert
Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi?
Notre conduite est difficile
Obscure à nos propres yeux
Nous avons peine à nous unir
Nous ne nous reconnaissons pas les uns les autres
Malgré cela nous avons sombré
Les siècles n’ont pas eu raison de nous
Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi?
Le bien quand il provient de nous
Fut-il remarquable
C’est nous
Qui les premiers le sous-estimons
Nous nous liguons contre lui
Sans réfléchir ni consulter
S’il n y avait que de l’intelligence et de l’éloquence
Nous pourrions commander à tout le peuple
Nul ne pourrait nous l’interdire
Nous sommes capables d’affronter les épreuves
Mais ah ! le feu me brûle le cœur
Et bravo pour notre sort maudit
Pourquoi ? pourquoi ? pourquoi?
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29 septembre 2012 à 3 03 36 09369
Thivrathine (lettres)
Une autre oeuvre: c’est l’histoire d’un homme qui demande à un de ses amis d’écrire une lettre d’adieu…
Les fans d’Ait menguellet avaient pris cela pour un adieu du grand Monsieur…
Emotion…
Occupe-toi de prendre un stylo, je te dirai ce que tu écriras
Je te parlerai en kabyle et selon ton gré tu transcriras,
A qui ne comprend pas, toi qui sais expliqueras.
Met cela sous forme de lettres, c’est toi qui les porteras.
Alors que je serai parti, tu leur expliquera. Tu diras :
A Ma mère que j’aime,
Je serai déjà parti quand t’arrivera cet écrit, pardonne-moi.
Je n’arrive pas à me faire à cette vie qui se joue de moi comme d’un osselet..
Elle m’affole.
Si je pouvais lui faire faux bond, j’aurai à cœur de mourir pour qu’enfin je m’évade..
J’en ai assez !
Mon courage est épuisé et je craint la mort comme je craint la vie…
Je m’enfuis.
Je marcherai jusqu’à parvenir je ne sais où.
Depuis que tu m’as enfanté que misère !
Je suis né sous un astre froid et j’ai grandit dans le mépris.
Ma fortune est bien connue : vais-je à la mer qu’elle s’assèche.
Je pensais que la vie allait changer, mais, mère, c’est alors qu’elle empira !
L’espoir même est devenu vain.
Si je te disais reste en paix, je sais que tu ne t’en étonnera pas.
Ma lettre achevée déchire-la et oublie-moi.
A présent écrit à ma fiancée qu’elle retire ma bague de son doigt.
Transmet lui mes paroles, réjouis-la.
Cette lettre quand tu la liras, je devine qu’elle libérera grande ta joie.
Je te laisse libre de choisir qui tu voudras.
Lorsque ton père te cédas, j’ai lu du dépit sur ton front
Ton cœur venait de perdre ce dont il rêvait.
Aujourd’hui, je te libère de tes entraves. Et je te rend ton cœur neuf.
Je souhaite que ton avenir ne t’apporte que bonheur, je ne suis pas celui qui te convient
Ma place est parmi les fous et tu mérites bien mieux que moi.
Epouse quelqu’un qui, semblable à toi, flamboie tel un phare.
Cette lettre lue de tes yeux, essuies-en tes larmes de joie et écrase-la sous tes pieds.
Enfin je t’adresse à mes amis. Ecris leur tous.
Mes amis que j’abandonne.
Ces serments qui m’avaient associé à vous, je craint de ne pouvoir les honorer.
Vous vouliez qu’émergent les Hommes, et vous aviez entrepris vos projets.
Je souhaite que vous réussissiez. J’ai, moi , laissé expirer mon engagement, je l’ai oublié.
Je l’ai tué, je crains que vous n’en fassiez autant
Vous avez juré de rester fidèles jusqu’à la mort
Mais je crains que vous ne changiez
En vous rappelant le passé
Vous direz : Comme nous étions jeunes
Maintenant nous sommes réveillés nous aussi
Nous évitons les problèmes
Je crains que vous n’oubliiez
Le jour où vous serez occupés à gagner votre pain
Vous ne penserez qu’à cela
Vous délaisserez tout le reste
Quand ce jour-là vous serez rassasiés
Vous croirez vitre vie assurée
Maudit sera quiconque vous parlera d’autre chose
Peut-être même le tuerez-vous
Et si mes dires vous peinent
De grâce pardonnez moi
Tout ce que je dis aujourd’hui
S’est passé hier, vous le savez
Chacun alors sera avec ses enfants
Il craindra pour sa place
Il ne songera qu’à son métier
Il trouvera que tout est bien
Dans les paraboles que je vous proposerai
Si vous voyez que je fais erreur de grâce
Ramenez moi à la vérité
Nous nous jalousons l’un l’autre
Si l’un de nous perce
S’il est pur nous le salissons
Dés qu’un de nous se distingue
C’est comme s’il était étranger
C’est nous qui les premiers l’attaquons
Nous l’exilons ou le tuons
Dés que nous l’avons supprimé d’entre nous
Nous oublions les chaînes qu’il a brisées
Nous accueillons l’étranger
Quel qu’il soit
Nous le parons de prestige
Nous lui accordons protection
Lui ouvrons nos cœurs
Le laissons agir parmi nous à sa guise
Mais quand notre frère tombe
Point de pardon
Nous le foulons tant et plus
Quand la guerre éclate parmi nous
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29 septembre 2012 à 3 03 38 09389
Portrait de Lounis AIT-MENGUELLET
Par Madjid Chérifi mardi 14 octobre 2003
Parler de Lounis Ait-Menguellet n’est pas une entreprise des plus aisées.
L’homme a suscité maints écrits d’auteurs aussi connus les uns que les autres qui ont essayé de cerner la personnalité aussi bien du poète que de l’homme lui-même, c’est-à-dire ( le moi individuel personnalise : celui du don inné et le moi collectif : la personnalité de base.
Kateb Yacine disait de Lounis « il est incontestablement notre plus grand poète ».
Pour Ait-Menguellet, la poésie était un destin semblable à celui de Si-Mohand ou M’hand et nous pouvons, sans nous tromper, l’affubler de la description qu’en fait Mouloud Mammeri de ce grand poète errant : « Pour lui, la poésie n’était ni un métier, ni un accident : il ne l’avait ni cherchée, ni choisie, elle s’est imposée à lui comme un fatum. Il avait reçu, au vrai sens du mot (la vocation), il avait été (appelé) : testunfk as ».
Rien en effet n’est aussi naturel pour Lounis que de composer un poème en l’espace d’une nuit ou même de quelques heures !
Lounis Ait Menguellet n’est pas l’homme qui appartient seulement à son milieu villageois. Natif d’Ighil Bwamas, il est malgré lui le symbole de tous les Kabyles « toutes générations confondues », n’en déplaise aux islamo-baathistes et autres serviteurs du pouvoir.
Lounis a chanté l’amour, le désespoir, l’exil, l’espérance avec tant d’intensité et une profondeur humaine que seul un don inné peut en être l’explication.
Question :
Au moment de la création poétique, est-ce que les textes vous viennent d’eux-mêmes ou est-ce plutôt vous qui allez à leur recherche ?
Réponse du poète :
Les moments de créativité viennent sans prévenir ; je ne sais jamais d’avance quand j’écrirais un poème ; et lorsqu’on me demande quand est-ce que je réécrirais de nouveau, je réponds, je ne sais pas, il se peut que cela se fasse l’après-midi même ou bien une année après. J’aurais tellement aimé pouvoir contrôler les moments d’inspiration.
Question :
Croyez-vous (alors)en l’existence des Djinns de la poésie aux forces cachées derrière l’acte d’écrire sachant surtout que les plus grands de nos poètes « comme on dit à propos de Si Mohand et Slimane Azem – qui n’ont pénétré le monde de la poésie qu’après l’apparition de l’ange de la poésie ?
Réponse du poète :
Absolument pas ! Mais ce serait plutôt agréable ! Parce que lier les oeuvres d’un poète à une quelconque force invisible est une preuve du génie et de la qualité de la poésie. Ces créations reflètent, d’autre part, les moments d’éblouissement dus à l’acte poétique qui dépasse de très loin l’imagination humaine. C’est ce qui est arrivé à Si Mohand ou-M’hand puis à Slimane Azem.
Nous terminerons cette modeste contribution au sujet de Lounis en citant cet extrait de l’oeuvre de Platon (le banquet) :
« Quand on entend d’autres discours de quelque autre, fût-ce un orateur consommé, personne n’y prend pour ainsi dire aucun intérêt ; mais quand c’est toi qu’on entend, ou qu’un autre rapporte tes discours, si médiocre que soit le rapporteur, tous, femmes, hommes faits, jeunes garçons, nous sommes saisis et ravis ».
*1- M’hamed Djellaoui – L’image poétique dans l’oeuvre de Lounis Ait-Menguellet)
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29 septembre 2012 à 3 03 39 09399
Lounis Aït Menguellet
Lounis Aït Menguellet
Portrait de Lounis Aït Menguellet en 2003
Données clés
Nom Abdenbi Aït Menguellet
Naissance Ighil Bouammas,
Pays d’origine Algérie
Activité principale Chanteur
Poète
Genre musical World Music
Instruments Voix
Guitare
Darbouka
Années d’activité 1967 – (toujours en activité)
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Lounis Aït Menguellet (Lewnis At Mangellat suivant la graphie kabyle), de son vrai nom Abdenbi Aït Menguellet, est un poète algérien de musique berbère, né le 17 janvier 1950 à Ighil Bouammas, village niché dans les chaînes montagneuses du Djurdjura dans la commune de Iboudraren daira de Ath Yenni wilaya de Tizi-Ouzou dans la région de Haute Kabylie au nord de l’Algérie.
Lounis Aït Menguellet est certainement l’un des artistes les plus populaires de la chanson berbère contemporaine, un poète qui est devenu l’un des symboles de la revendication identitaire berbère. À propos des évènements qui ont secoué la région de Kabylie ces dernières années, il dit que, égale à elle-même, la région est un bastion de la contestation et qu’elle a toujours été à l’avant-garde des luttes. « Je parle de la kabylie à ma façon, afin d’apporter quelque chose pour que les choses évoluent », avant de s’empresser d’ajouter qu’il ne fait jamais de politique.
Nombreux sont ceux qui considèrent que la carrière de Lounis Aït Menguellet peut être scindée en deux parties selon les thèmes traités : la première, plus sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes et la seconde, plus politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture plus approfondie des textes. Ay agu (Brume), Iḍul s anga a nruḥ (Le chemin est long), Nekwni s warrac n Ledzayer (Nous, les enfants d’Algérie) : Aït Menguellet choisit délibérément dans ses concerts récents de chanter ces poèmes, plus longs et plus composés, comme une invitation lancée à son public à une réflexion et à une découverte.
En présentant son nouvel album à la presse, le 16 janvier 2005, à la veille de sa sortie le jour de son cinquante-cinquième anniversaire, à la Maison de la Culture de Tizi-Ouzou, Lounis a fait remarquer que « l’artiste ne fait qu’attirer l’attention des gens sur leur vécu et interpeller leur conscience. C’est déjà une mission et je ne me crois pas capable d’apporter les solutions aux problèmes ». Aigri par la situation sociale et politique de son pays déchiré, Lounis puise de moins en moins dans son répertoire de chansons sentimentales qui ont caractérisé ses débuts.
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