Partant de là, toutes les sociétés progressent avec le temps en façonnant des êtres qui s’adaptent à toutes les situations. Dans cette osmose universelle, quelques nostalgiques du siècle passé, arrivés au bord de leur carrière, stoppés par la courbe fatidique de l’âge, tentent une vaine résistance à ce forcing en s’accrochant désespérément à une époque qui ne leur appartient plus. Pour cela, ils n’hésitent devant aucun moyen, refusant catégoriquement les dommages causés par l’âge, par les bombances et ripailles qui ont jalonné leurs vies mouvementées. Ils luttent contre l’usure du temps en multipliant les liftings, les cures et l’utilisation de produits cosmétiques susceptibles d’effacer les rides qui leur font tant horreur. Voulant à tout prix conserver le pouvoir et la richesse qui les ont rendus célèbres ou riches, ils s’interposent entre le deuxième et le troisième âges sous les quolibets de jeunes vieux, plus enclins à cacher maladroitement un malaise profond qui les tourmente. Ainsi, les cheveux blancs, symbole d’une maturité consommée, sont vite balayés à coup de teinture, l’allure révisée à fond, et le tour est joué.
Ces gens ont horreur de la contradiction, de la rivalité ou de tout ce qui peut heurter leurs susceptibilités. Ils détestent la relève, animés par un égocentrisme qui les pousse à tout centraliser à leur niveau. Pour cela, ils ne veulent rien céder de leurs pouvoirs ou connaissances acquises au fil des ans. Par contre, ils jubilent quand on les implore ou qu’on les plébiscite pour prendre en charge une situation jugée difficile. C’est la preuve qu’ils sont toujours là, qu’ils existent et qu’il faut compter sur eux. Pas question de les imiter ou d’essayer de faire mieux qu’eux : vous serez pointés de l’index et bannis de leur environnement.
Il ne nous reste plus qu’à reconvoquer l’équipe nationale qui a battu l’Allemagne pour l’aligner contre les équipes du monde qui ont compris que le hors-jeu a changé de règle.
26 février 2012
Chroniques