C’est la bonne question du moment : faut-il voter ou pas ? Tout le reste c’est des nuances d’arc-en-ciel. Donc, on résume. Ceux qui ne veulent pas voter ont leurs raisons. D’abord, la première : voter n’est pas élire. Bouteflika lui-même l’a dit : on a eu tous les genres d’élections, même celles qui font rire et gémir. Donc, après une longue tradition de tromperies, les Algériens ont perdu confiance et estiment que voter n’est pas choisir mais valider. Donc, quand on appelle le peuple, c’est pour remplir les urnes et pas donner un avis. Selon les sceptiques, le choix est fait, les quotas distribués, les listes choisies, le parlement désigné. Ne reste donc que la convocation pour la validation. Voter, c’est donc acquiescer, légitimer, colorer, aromatiser et faire valoir. Autant laisser le régime seul devant ses urnes et le mettre à nu par l’abstention et le refus passif. L’abstention est dite acte citoyen là où la citoyenneté est refusée sinon reléguée. Pour les prochaines élections, les résultats remontent à 90 et descendent à 2012. Contre un régime qui appelle à voter par SMS, autant voter par un bip.
En général, cela se tient : là où on ne vote pas vraiment, autant s’abstenir réellement.
Pour ceux qui appellent à voter, c’est appeler à résister. Les fervents du vote se disent les fervents de la résistance. Si on ne vote pas, les islamistes vont voter à notre place. Un parlement qui n’est pas choisi est toujours un parlement subi. L’abstention est une procuration. Si on ne fait rien avant, il ne faut pas gémir après. Si les islamistes gagnent, c’est parce que les autres refusent de se battre. Quand un peuple ne vote pas, ce sont les bus qui vont élire. Les prochaines élections ne sont pas propres ? Oui, mais autant que ce soit avec nos mains. Quand on ne peut pas choisir, autant se faire plaisir.
Donc, il faut choisir. C’est le drame algérien. Il faut organiser un vote avant le vote. Décider si on doit voter ou non, par vote, puis voter après, ou non. En remontant, c’est sans fin. Donc, il faut trancher dès les commencements : voter pour, ou non, le départ de l’Emir Abdelakder. Réponse de l’histoire : c’est lui qui a choisi, sans consulter personne. Justement, disent les sceptiques : cela ne sert à rien, dès le début de l’histoire nationale. Si, disent les partisans : après le départ de l’Emir, reste à savoir quoi faire de son cheval. D’où les élections.
25 février 2012
Chroniques