Le 24/2/2012 -> A LA UNE -> Chroniques
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Par B.Nadir
«Al Babor Gherk», un message à comprendre et à décoder
Parfois, on ne comprend rien d’un message politique ou d’un discours. C’est le cas du dernier et récent discours de Bouteflika qui a parlé d’une période très sensible pour le pays tout en évoquant le terme «Al Babor Gherk», le navire a coulé. Ce terme est significatif à plus d’un titre surtout que Bouteflika l’avait prononcé à deux reprises. Il a appelé les jeunes à aller voter en masse. El, c’est là où tous les observateurs de la scène politique n’arrivent pas à «décoder» puisque à la première lecture, on sent que le chef d’Etat parle de la montée et de la menace islamiste car il a tenu à préciser que l’Algérie sera toujours une République. Allusion faite aux concepteurs de la «khilafa islamique» ou «dawla islamiya» ou encore «dawla madania». Les trois concepts nous renvoient tous vers l’islamisme. Mais, on ne peut pas comprendre pourquoi tant cette «crainte» alors que le MSP siège au sein du gouvernement et dispose de ministres. A-t-on peur de Djaballah qui est considéré comme un opposant radical, il faut dire que son parti avait aussi fait partie de la coalition au temps de Adami? Menasra bénissait les décisions du Cheikh Nahnah et ce n’est qu’après la disparition du cheikh qu’il a commencé à voir «grand» et en refusant le «plat ventrisme» de Soltani par rapport au «vécu». Il est vrai que les observateurs craignent l’islamisation du Maghreb Arabe et donc le restriction de l’exercice démocratique et de liberté. Mais en invitant les jeunes à aller voter massivement et donc faire barrage aux intégristes, le président semble ignorer que les jeunes n’ont pas beaucoup le choix en cas où ils ne voteront pas islamiste. Le FLN comme le RND ou les autres classiques a bien abandonné le terrain et a peur d’affronter les jeunes. En plus, ils n’ont rien à proposer. Au contraire, les jeunes croient dur comme fer que l’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Pour les jeunes, ces partis ont directement ou indirectement favorisé la corruption et l’immobilisme politique. La pratique de notre pouvoir a tué et étouffé le mouvement démocratique. Ce qui a favorisé l’émergence de l’islamisme politique. Le pouvoir a toujours favorisé les islamistes au détriment des démocrates. Le pouvoir n’a jamais combattu l’islamisme et l’intégrisme. Les démocrates refusent de cautionner le pouvoir et par conséquent les législatives qui pourraient «légitimer» l’islamisme politique. Est-ce le cri de détresse de Bouteflika changera l’ordre des choses?
25 février 2012
Chroniques