Tu n’a rien compris, viokho, c’est la mode. C’est normal que les jeunes soient branchés. La modernité, c’est aussi ça. Tu les aurais mieux imaginés peut-être en seroual arbi, ou en serouel ettekka ? El-blouza ya bouya, c’est du passé dépassé. Maintenant, si ça ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à rester chez vous.
Et cette autre qui porte une minijupe si courte : l’a-t-elle empruntée à sa sœur de six ans ?
Mais non, chibani, la moda ! Regarde un peu la télé, tu verras que le monde entier s’est transformé. El-mrama, el-haïk, el-ksa, el-mlaya, c’est vieux jeu. Tu ne voudrais quand même pas encombrer nos jeunes de ces trucs, vieux comme le monde, à l’ère de l’Internet ?
Ces griffes» obligatoires» et ces couleurs qui imposent à nos gars une tenue étrange, ces «pantalarges», ces «tailles basse-cour»: est-ce le nouveau code vestimentaire de votre mode ya oueldi ? Ces dames qui dépensent des fortunes en pommades et en produits antirides veulent-elles faire oublier qu’elles sont devenues grand-mères ? On trouvait, de mon temps, mignon de voir une fillette se déguiser en dame, mais une dame qui veut se déguiser en fillette, je trouve ça pathétique. Ces recours à l’esthéticienne, au restaurateur de poitrine fatiguée et des bassins trop imposants, sont-ils des remèdes à de nouvelles maladies ?
Non, c’est la mode. Ces messieurs aux bajoues disgracieuses, au crâne qui se déplume, aux muscles qui s’affaissent, usant les patchs lissants, les implants et tout l’arsenal des petits et grands moyens destinés à lutter contre les outrages du temps, est-ce une cure de jouvence ?
Qui de nous n’a pas assisté à ce genre de discussion, de conflit entre jeunes et pas trop vieux ? Comme si l’essentiel était là !
23 février 2012
Chroniques