Mais faut-il le reconnaître, Ourass le sel qu’on a partagé (eux se partagent autre chose), elles étaient belles les maquettes et les esquisses en perspectives exposées et montrées au public. Public choisi, sélectionné, cravaté, sourire en tenue correcte exigée, moustaches bien tracées, lubrifiées par le gras et la grâce d’un bon méchoui. Tous les volumes étaient en ordre, équilibrés et leurs lignes de fuites respectées. Les couleurs des bâtiments et les espaces verts se mariaient dans une parfaite harmonie.
Aujourd’hui, en regardant sans faire trop attention à notre environnement urbain, on s’aperçoit tout naturellement qu’on est loin des maquettes de mon adolescence qui me donnaient envie de rêver. Le paysage urbanistique est moche. Les villes et leurs quartiers résidentiels ne ressemblent plus qu’à des tas de béton. Mieux, de très belles demeures ont été démolies, rasées pour laisser pousser des cubes plus moches qu’une piètre façade de prison. Des excroissances qui prouvent très nettement l’incapacité des pouvoirs publics à mettre en œuvre une politique de sauvegarde et de développement harmonieux du milieu urbain. Face à la déferlante démographique et les vagues successives des exodes et autres mouvements de population, les villes prises d’assaut sont défigurées, méconnaissables. Les espaces verts sont réduits à une peau de chagrin, inversement proportionnels aux besoins en logements des Algériens. Et bientôt inchallahah, on aura le tramway, flambant neuf qui circulera pour nous faire découvrir ce qu’ils ont fait de nos villes.
22 février 2012
Chroniques