Algérie profondeLundi, 20 Février 2012 10:00
Noir et blanc
C’est un voile de l’histoire que l’on soulève rarement à Oran : les dégâts que la Deuxième Guerre mondiale a causés à la ville et spécialement à sa périphérie. Contrairement à une idée généralement admise, ce conflit a bel et bien touché la population musulmane. Directement et dans sa chair. On en parle très peu aujourd’hui parce que très peu de choses ont été écrites à ce sujet. Et pourtant, elle a payé un lourd tribut à un conflit qui ne la concernait pas. Retour sur une tragédie programmée. Nous sommes dans les années 1940. L’Algérie est sous l’autorité du gouvernement de Vichy. L’armée française est défaite et ses navires mouillent tranquillement à Mers El-Kebir, en attendant la fin des hostilités. Mers El-Kebir est une base stratégique à l’ouest d’Oran, en plus d’être un petit village, et les Anglais sont convaincus que si les Allemands mettaient la main sur cette flotte, ils changeraient le cours de la guerre. Faisant la sourde oreille aux injonctions répétées de Londres qui demandait à l’amirauté d’Alger de saborder ses navires ou de les éloigner de la zone des combats, les Français tergiversent, et Churchill n’a eu d’autre choix que de bombarder la base. L’attaque sera fulgurante, sans pitié. Il y aura plus de 1000 morts. Certains disent 2000. Indépendamment des officiers, des marins et des techniciens qui étaient aux premières loges, de nombreux Algériens perdront la vie, des femmes et des enfants du hameau qui n’avaient rien à voir avec cette guerre. Ce drame collatéral qui a endeuillé des dizaines de familles algériennes est depuis tombé dans l’oubli. Pour les vainqueurs d’hier, ils ne sont qu’un chiffre au bas d’une colonne comptable intitulée “pertes et profits”
20 février 2012
Chroniques, M. MOHAMMEDI