Voxpopuli : 50e ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE
Détourné de l’Amérique, le mouvement colonialiste européen s’orienta principalement vers l’Afrique. Se sentant à l’étroit sur le Vieux-Continent, il se met à la recherche d’espaces disponibles, dont la terre est riche en matières premières et produits agricoles.
Les explorateurs comme D. Livingstone, H. M. Stanley et Savorgnan de Brazza frayèrent la route aux envahisseurs. Pour justifier cet expansionnisme, le colonialisme s’est donné une raison quand il fallait émanciper les peuples «barbares et sauvages» en montrant avec ostentation les mérites d’une civilisation supérieure, discours relayé dernièrement par le ministre français de l’Intérieur. La France, ruinée à la fin du règne de Louis XIV et sa défaite de 1871, avait cherché à rétablir son prestige terni et renflouer ses caisses par des expéditions coloniales. Le coup d’éventail du dey d’Alger a servi de prétexte pour envahir l’Algérie. L’argument fort que l’on peut apporter en faveur de l’allégation selon laquelle «la violence» en dehors des aspirations de l’individu, c’est sans aucun doute la «guerre». Le malheur social des populations algériennes (musulmanes) étant à son comble, il n’y avait plus d’autre alternative que de prendre les armes pour se débarrasser du joug de l’occupant français. Guerre que déclenchèrent nos héros un 1er Novembre 1954. Le quartier de Belcourt, comme celui de La Casbah et toutes les autres villes ou contrées d’Algérie (Aurès, Djurdjura, Ouenza, Zaccar…), enfanta de grands hommes, comme Soudani Abdelkrim (dit Aek Nigrou). La rue ex-Prevost Paradol, Belcourt, où siège le fameux Marché 12, a été débaptisée en son nom. Soudani A. faisait partie de cette graine de révolutionnaires qui s’engagèrent à libérer le pays, dans le sillage de Ben Badis qui a écrit : «La nation algérienne n’est pas la France. Elle possède sa patrie, l’Algérie.» Retracer le parcours glorieux d’un chahid demeure une nécessité absolue pour éviter aux historiens chargés d’écrire un jour les pages glorieuses de la révolution algérienne, de tomber dans le piège de l’erreur et de la falsification du passé révolutionnaire. Issu d’une famille pauvre comme 90% des Algériens de l’époque coloniale, A. Soudani habitait le quartier populaire de Belcourt, 4, rue du Bain Maure, rue adjacente au boulevard Cervantès et la fameuse Aquiba. Très jeune, il commença à militer dans la clandestinité. Au déclenchement de la révolution, il occupait un poste à l’hôpital Mustapha-Pacha, en relation directe avec la pharmacie de cette grande institution hospitalière. Les responsables de l’OCFLN du Grand- Alger lui commandèrent de ne pas rejoindre le maquis pour l’instant car il occupait une fonction stratégique au sein de l’organisation pour alimenter les maquis en produits pharmaceutiques. Aux ordres, il brava tous les dangers auxquels il était habitué, pour mener à bien la mission confiée qui ne s’arrêtera pas jusqu’au début de l’année 1957. Informée de ses agissements par la «bleuite», l’administration hospitalière française, agissant bien sûr de connivence avec le pouvoir en place, décida de le muter à l’hôpital de Joinville pour mieux surveiller ses agissements et démanteler ainsi toute l’organisation chargée de la logistique. A Blida, certainement informé qu’il était surveillé, il suspendit momentanément la livraison des médicaments aux djebels, ce qui n’empêcha pas les forces d’occupation de l’arrêter au milieu de l’année 1957 et le soumettre aux affres de la torture des sbires de Massu et Bigeard. Bien qu’on lui arracha le nez, les oreilles, les lèvres, la peau du visage, crevé un œil, il ne parla pas ! Selon des témoignages, la soldatesque française impuissante de tirer une quelconque information, le mit, alors qu’il était vivant, dans un cercueil et l’enterra. A ce jour, ni ses restes ni sa tombe n’ont été retrouvés. Ses anciens compagnons d’armes – parmi eux de grandes figures de la révolution – ont avalisé et signé son engagement et sa participation effective à la révolution depuis son déclenchement, mentionnent en évidence «Disparu». Si les Français ont érigé la stèle dite «La tombe du soldat inconnu», notre pays doit en ériger une pour nos glorieux martyrs disparus : «La tombe des chahids disparus». Allah yerham chouhada.
Bob. Med (Belcourt)
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/20/article.php?sid=130487&cid=49
20 février 2012
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