Économie NationaleSamedi, 24 Janvier 2004 10:48
Par : Wahiba Labrèche
Sortie “théâtrale” pour le mouvement féministe algérien qui émerge du cercle des discours infructueux pour investir la scène culturelle.
Acte conjoncturel, une précampagne présidentielle féministe, ou simple coïncidence de calendrier ? Bla Zaâf est, en tout cas de figure, un cri dénonciateur d’une injustice qui dure depuis vingt ans. Le message est le même, les revendications aussi, il n’y a que le moyen de communication qui a changé pour cet énième cri de détresse. C’est le théâtre.
Le public de la salle El-Mouggar en a eu la preuve ce week-end, à travers deux représentations de la pièce Bla Zaaf (sans colère) dont la générale a eu lieu, mercredi dernier.
Deux rendez-vous pour rappeler qu’on n’a jamais assez parler de la discrimination et des injustices à l’encontre de la femme algérienne ; aussi pour se poser des questions sur le fameux code de la famille qui fait de la femme une éternelle mineure.
Partant du principe que la fin justifie les moyens, les militantes du RAFD (Rassemblement algérien des femmes démocrates) et de Femmes en communication, ont conjugué leurs efforts afin que la pièce Bla Zaaf soit un vecteur de leurs préoccupations, et de leurs revendications, celles de toutes les femmes algériennes. En trois tableaux, Bla Zaaf traite, avec satyre, la condition de la femme et la problématique de la citoyenneté dans notre société.
Entre réalisme et dérision, six jeunes comédiens se meuvent sur les planches pour livrer des séquences de la vie quotidienne, pour dire les règles ambiguës qui régentent les rapports Homme- Femme. La pièce est un état des lieux de la condition de la femme dans la société algérienne et soulève toutes les contradictions et les anomalies qui caractérisent cette dernière. Le tout se développe autour d’une histoire d’amour entre de jeunes gens, ponctuée par un mariage, puis la naissance d’un enfant.
Très caricatural, le texte met en exergue les problèmes liés au code de la famille, notamment, celui du tuteur.
Le ton cocasse conféré à la pièce réfute de façon très contradictoire avec l’ampleur et le sérieux des problèmes exposés.
Incarnant des personnages, par moment se constituant en chœur par d’autres, les jeunes étudiants de l’INAD, (Lamia Boussekine, Hakima Djouadi, Ibtissem Bechari, Kamel Djaïb, Fethi Kafi, Aïssa Chouat) multiplieront leurs efforts pour reproduire des scènes de la vie quotidienne et des relation conflictuelles qui la caractérisent.
En dépit de leur caractère évolutif, les personnages sont rappelés à l’establishment par la grand-mère, Aïda Gechoud, un garde-fou des coutumes et des traditions les plus rétrogrades, au nom de la fatalité et du Mektoub. Cette nouvelle création théâtrale vient, non seulement booster le combat des femmes pour l’abolition du code de la famille, mais aussi enrichir la scène théâtrale algérienne, à travers un produit réalisé en dehors des institutions. Le théâtre est aussi un moyen de communication.
20 février 2012
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