le 19.02.12 | 01h00
Depuis vendredi dernier, on peut dire que c’est le commencement de la fin pour le régime baathiste de Bachar Al Assad. Ce jour-là en effet, ses troupes ont tiré sur des citoyens qui manifestaient pacifiquement à Damas, tuant quatre d’entre eux.
Elles ont récidivé hier, et de façon très horrible, en tirant sur le cortège funèbre qui allait à l’enterrement des victimes. C’est la première fois que la capitale syrienne bouge depuis le soulèvement populaire contre la dictature des Assad. Jusque-là, la ville a même exprimé son soutien au pouvoir en place, sans doute par peur et suite aux pressions et au chantage du parti.
La bourgeoisie damascène n’a pas voulu s’engager pour ne pas perdre ses privilèges. Mais il y a une limite à tout. Les résidents de la capitale ont peut-être fini par comprendre qu’il n’y a plus rien à tirer de Bachar Al Assad et que ses jours sont comptés. Elle ne veut pas être accusée demain d’avoir été complice des massacres perpétrés par le régime, même s’il faut prendre le train en marche.
Alep, qui était jusque-là acquise au système dont elle était l’avant-dernier bastion, a fini, elle aussi, par exprimer son ras-le-bol en manifestant aux cris «Liberté pour toujours, que tu le veuille ou non Bachar».
Les maîtres de la Syrie croyaient qu’en conservant le contrôle de ces deux villes, ils pérenniseront leur pouvoir et réussiront à terme à mater la révolte du peuple syrien. C’est sans doute pour cette raison qu’ils se sont montrés extrêmement féroces à l’égard des populations, qu’ils ont ravagé leur pays et qu’ils ont détruit plusieurs villes syriennes. Avec une rare cruauté, ils ont massacré, torturé les Syriens. Même les enfants n’ont pas échappé à leur haine, à croire que les baathistes appartiennent à un autre pays, sauf la Syrie. Homs, pratiquement rasée, devenue la Stalingrad du XXIe siècle.
A la différence que si Hitler a détruit cette grande cité, qu’il a tué des juifs, des tziganes et d’autres populations européennes, il n’a jamais bombardé le moindre village allemand et n’a pas exterminé son peuple de la façon dont le fait Bachar Al Assad avec le sien.
Le génocide est en train de se poursuivre et on ne sait pas quand prendra fin le martyre de ce peuple courage qui donne une magnifique leçon à tous les militants des droits de l’homme et de la démocratie. Il faut espérer que son sacrifice ne devienne pas inutile, car il contribue, lui aussi, à l’émancipation de tous les
peuples arabes.
Tayeb Belghiche
© El Watan
19 février 2012
Chroniques