Le 19/2/2012 -> A LA UNE -> Chroniques
Des Hauts et des Bas
PAR MUST HANTAZ. musthpolemic@yahoo.fr
L’Etat et le bonheur des Algériens
Le RCD a donc dit non à sa participation aux élections législatives et par une expression ciselée comme le leader de ce Parti nous y a habitués par le passé mais dans l’air du temps, il a qualifié cette question controversée des fichiers électoraux de «gigantesque usine à Gaz». Oui, à l’évidence, les algériens amateurs de défis de toutes sortes auront réussi à pervertir la politique et ses institutions les plus emblématiques de la démocratie au point de prendre le risque d’hypothéquer gravement l’avenir du pays en termes de participation du citoyen à la vie institutionnelle. Mais ne pas participer à des joutes électorales est une chose et militer pour décourager les citoyens de le faire en diabolisant tout le monde, c’est certainement, contribuer à aggraver une situation où seul le Pouvoir restera en mesure de mener le jeu. Il est une réalité tangible que les algériens et les plus jeunes d’entre eux de manière plus évidente, sont complètement dépolitisés. Ceci étant le résultat d’un long conditionnement qui a été assuré par la confiscation pendant longtemps de l’expression politique, mais également par une savante neutralisation des matières enseignées dites d’éveil. Rajouté à cette omnipotence du pouvoir qui a réussi la gageure de décourager certains de ses serviteurs qui furent pour certains Ministres, le résultat est là: le Président de la LADDH Me Bouchachi s’abîme en des déclarations décapantes, il alerte sur le projet poursuivi de «destruction de la Nation dans sa conscience» ! En dehors de l’enceinte religieuse qui répond à d’autres ressorts et où l’aspect sacrificiel l’emporte sur le «travail» politique qui forge les convictions, peu d’algériens se sentent disposés à se lancer dans le monde décrié et caricaturé à dessein de la politique. L’époque du Parti unique et des constitutions «programmes» pouvait se satisfaire ou contenir cette situation. L’Etat avait les moyens d’assurer «le bonheur de tous » selon l’acception du texte fondamental de 1976 (Art 33): «l’Etat est responsable des conditions d’existence de chaque citoyen». Il assurait les équilibres sociaux. Ce n’est plus le cas actuellement où les contradictions sociales sont plus criantes. A moins que l’on doive assister de toute imminence, lors de la révision projetée de la Constitution et dans le sillage de la nouvelle tonalité qui a été donnée aux textes censés porter les réformes, à un retour de l’Etat comme agent de réalisation de ce bonheur. Tout le laisse supposer en effet. Le rôle revu de la société civile qui était appelée par le passé à affirmer plus significativement son rôle participatif, la limitation des libertés et le renforcement du secteur public au détriment des initiatives privées démonisées. Retour à la case départ?
19 février 2012
Chroniques