Il a fait des pieds et des mains pour avoir son visa, qu’il n’a pas obtenu malgré les hébergements et les entourloupettes. Il a tenté tous les consulats, rien de rien. Il finit par lui envoyer un mail lui fixant rendez-vous à Tunis. Chose faite. Ils ont pu se voir enfin. Elle qui a 45 ans née dans un pays déshenguenisé, et lui 25 ans dans un pays sans shène ni guène. Après le séjour, c’est la séparation. Il est chez lui. Elle doit le rejoindre pour célébrer le mariage felbled. «C’est ma seule chance, bouya, pour me sauver de la miziriya».
L’union se concrétisera-t-elle? Pourra-t-il la rejoindre là-bas et faire ses papiers? Un exemple entre autres. Mais ce sont des milliers de nos jeunes qui rencontrent et croisent des âmes soeurs sur le boulevard Internet qui commence à devenir aussi bouché et encombré que les artères d’Oran depuis qu’on a décidé du tramway. A chaque génération ses folies. L’ère est aux rencontres numériques.
Sur la Toile se tissent des relations amicales (ou plus si affinités), se faisant dans l’ignorance totale de l’aspect extérieur de l’interlocuteur et fomentée par des multiples réseaux mondiaux. Bekri, on disait «ochq taqa ma yetlaqaÿ», ce qu’on pourrait traduire par les amours de la fenêtre ne se concrétisent jamais.
C’est à travers des fenêtres que des portails s’ouvrent et des coeurs palpitent. Le dicton bien connu «loin des yeux, loin du coeur» n’est plus trop vrai. El-Hob numérique est facile à obtenir car faisant fi de ces éternels préjugés fondés sur l’apparence.
Mais il est aussi très facile de s’en débarrasser. Le numérique nous permet de ne pas être affectés d’une relation qu’on n’apprécie plus. Une simple absence de réponse à ses envois «fini frête»
Est-ce le fait de se sentir apprécié loin de chez soi qui pousse nos jeunes à cette pratique, ou est-ce une nouvelle génération de harraga numériques? Ma «insauciologie» ne me permet pas d’aller plus loin.
19 février 2012
Chroniques