En deçà de la montagne carrée, survivent au creux de la vague scélérate, les copies (in) conformes des hommes mi-carton-pâte, mi-plastique mal recyclé. Moins respectables que les «immolés», cette autre «race» qui préfère le «trounoir» de la grande faucheuse que le tunnel sans bout ni embout d’une vie castrée, ils sont surnommés les «sans nous, c’est le miracle du déluge, sans eau ni pluie». Plates comme le désespoir, les vies «affabulées» ont le dos arrondi. Comme les fins de mois au calendrier préfabriqué.
C’est que les «sans nous, c’est le miracle du déluge, sans eau ni pluie», sont là. Occupent le pays tout entier. Pour longtemps. Hier. Aujourd’hui. Demain. Encore le surlendemain. Et désespérément pour toujours. Les «sans nous, c’est le déluge, sans eau ni pluie» sont des bipèdes peu vivants mais sans existence aucune. Comme venus de nulle part. Pour rebrousser tous les poils. Réveiller tous les malentendus. Boucher tous les pores. Encombrer tous les neurones. Asphyxier toutes les cellules. Pour en faire des globules «momifiés». Ils sont même capables de faire d’un demi-sou troué une monnaie de singe pour asservir la «race» des primates. En deca de la montagne carrée, s’étire une autoroute mortelle pour les poids-légers. Pour les hommes qui se cachent
pour sous-vivre. Mangent leur peau pour mieux aiguiser leurs ongles. Boivent le calice pour ne pas se noyer dans la lie. Se coupent les doigts de la main pour ne pas se lacérer le cœur. Et se retourner les tripes.
En deçà de la montagne carrée, les «sans nous, c’est le déluge, sans eau ni pluie» ont la côte tordue. Comme Adam à la recherche de son alter ego, «introuvable» nulle part sur la terre ferme. En quête de ses Edens perdus. De ses idéaux déflorés. En deçà de la montagne carrée, se cachent, mille lieues sous la terre, les «sans nous, c’est le déluge, sans eau ni pluie». Mais jamais des humains. Des hommes «étêtés» et sans idée (s). Sans corde attachée au cou nu de la Vérité. De la loyauté rectiligne. De la droiture linéaire. En deçà de la montagne carrée, les hommes ne survivent pas aux vivats en caoutchouc. A l’oxygène «coupé» à l’anthrax. Aux charlatans scientifiques. Aux intellectuels binoclards avec du mouchoir à papier en guise de cravate délavée. C’est qu’en deçà de la montagne carrée, s’érige la république imaginaire.
Celle de «Boubayadh oua El-Azz M’âah». Mieux encore que Mendès, sa terre fertile et son blé luxuriant. Nourrissant comme du pain béni. En deçà de la montagne carrée, les hommes, pas leurs copies (in) conformes, font d’une perle d’eau, une prodigalité liquide. Un foisonnement aqueux. Et les autres font d’un océan, un verre asséché. D’une mer, une lagune empoisonnée. D’un fleuve, un idéal détourné. D’un oued, un caillou éternel
! En deçà de la montagne carrée
18 février 2012
Chroniques