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- Publié le Jeudi, 16 Février 2012 10:53
- Écrit par Didi Baracho
Par Didi Baracho
Le tout Alger des Indigènes ne parle que du boycott des prochaines élections législatives. Même notre ministre de l’Intérieur, Daho « El Haffa », dit « La Magouille », m’a confirmé, dans un entretien téléphonique très privé, que seuls 20% des électeurs comptaient se rendre aux urnes le 10 mai prochain. Autour de quelques bouteilles de pelures d’oignon, j’ai donc réuni l’état-major de mon parti pour sensibiliser mes cadres et leur préciser qu’il fallait impérativement mobiliser l’électorat. Par conséquent, nous avons commencé par souscrire des forfaits subventionnés par l’État, avec sms illimités, auprès de Nedjma et Djezzy, partenaires historiques de la « famille révolutionnaires ». Nous comptons en effet envoyer des textos à tous les Indigènes pour leur rappeler les sacrifices de nos dirigeants, gestionnaires des puits de pétrole à assécher et des terrains agricoles à bâtir.
Je me dois de vous livrer les arguments qui finiront par vous convaincre de l’impérieuse nécessité de prendre part à la prochaine consultation électorale. En premier lieu, sachez-le, même si vous décidez de boycotter, vous voterez quand même. Donc, autant aller voter. Nos responsables ont les moyens de vous faire voter comme ils ont les moyens de me faire élire. Ensuite, ne pas aller voter, c’est accréditer la thèse véhiculée par les mauvaises langues qui parlent de l’existence d’un malaise au sein du sérail. Ils laissent entendre que même le général Mohamed Lamari compte boycotter les législatives. Ce qui est évidemment faux puisque je sais, de source sûre, qu’il a laissé une procuration à Gaïd Salah. Il lui a demandé également, n’en déplaise à Chérif Rahmani, de venir à bout du maquis ovin de Djelfa. Enfin, boycotter, c’est ennuyer Hocine Aït Ahmed (un nom que les moins de 60 ans ne sauraient connaître), ainsi que ses nouveaux amis, le président Bouteflika et les généraux M. dit T. et T. dit B.
Or, pour rien au monde, il ne faudrait fâcher ceux qui veillent sur les villas du Paradou, de Sidi Yahya ou celles de la côte ouest. Par conséquent, les Indigènes doivent se mobiliser et montrer à la planète entière que l’Algérie a changé. Aujourd’hui, elle est certes pire qu’avant, en revanche, elle est bien meilleure que celle de demain. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !
18 février 2012
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