Chronique du jour : CE MONDE QUI BOUGE
Le pire est à craindre d’ici le printemps prochain si Israël met à exécution sa décision de bombarder les sites nucléaires iraniens. Persuadé, sans en fournir la moindre preuve, que l’Iran disposera de l’arme nucléaire d’ici un an, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ministre de la Défense Ehud Barak évoquent désormais publiquement une action militaire contre Téhéran. Israël s’y prépare depuis déjà quelques années : des manœuvres aériennes ont déjà été organisées en Méditerranée, tandis que des militaires américains sont déjà à pied d’œuvre pour la mise en place d’un système de défense anti-missiles afin de protéger le territoire israélien d’une riposte iranienne.
De ce fait, les attentats de lundi contre les ambassades israéliennes en Inde et en Géorgie, condamnés par les Etats-Unis et l’Union européenne, n’ont fait qu’ajouter à la stratégie de tension savamment orchestrée depuis quelques années déjà par les dirigeants israéliens, et ce, dès lors qu’ils veulent détourner l’attention de l’opinion internationale sur la poursuite de leur politique de colonisation des territoires palestiniens occupés. En outre, une guerre de plus, comme l’a montré l’expérience des guerres du Liban en 2006 et de Ghaza en 2008-2009, reléguerait le règlement du dossier palestinien dans un avenir incertain. Pour les faucons israéliens, c’est toujours ça de gagné. Le moment choisi par Israël pour menacer l’Iran n’est pas le fait du hasard. L’embargo sur le pétrole décidé par les Etats-Unis et l’Union européenne, sur fond d’un renforcement de sanctions financières, se traduisant par une baisse du rial, monnaie nationale iranienne, et une flambée des prix, avait déjà fait monter la tension de plusieurs crans dans la région. Les Iraniens, qui menacent de fermer le détroit d’Ormuz par où transite près de 40% de la production pétrolière mondiale, ont lancé avant-hier une sévère mise en garde aux pétromonarchies du Golfe. «Nous conseillons à certains pays de la région qui ont soutenu le dictateur irakien Saddam Hussein et soutiennent maintenant les complots américains contre l’Iran de changer de politique ( …) La nation ne leur accordera pas un nouveau pardon, et si les complots contre l’Iran se matérialisent cela aura des conséquences sur la région», a averti Ali Larijani, le président du Parlement iranien, personnalité influente du camp conservateur iranien. Le Qatar, qui partage l’exploitation d’un gisement de gaz off-shore avec l’Iran, a le plus à craindre. Mais aussi, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït, tous à portée des canons de la marine de guerre iranienne qui patrouille dans le Golfe et à quelques dizaines de kolomètres des batteries de missiles des Pasdarans situés de l’autre côté du Golfe. L’armada américaine – plusieurs croiseurs et porte-avions — qui croise au large de l’Iran, est en état d’alerte depuis quelque temps déjà. A Manama, capitale du Bahreïn et siège de la base américaine, le vice-amiral Mark Fox, commandant de la 5e Flotte américaine, a déclaré que la marine de guerre américaine a «planifié un large éventail d’options possibles et que ces données seraient remises au président Obama» et que la force navale américaine est «aujourd’hui prête» à faire face à toute «action hostile» de Téhéran. Au regard de ces bruits de bottes, ce qui est extraordinaire chez les Occidentaux, c’est cette tendance à voir la «menace» chez l’autre, à savoir l’Arabe, le Persan, le Chinois et le Russe. Exemple : en décrétant un embargo sur le pétrole iranien, ils visent à asphyxier économiquement l’Iran, mais dès lors que ce pays se rebiffe, il est accusé de «menacer» les intérêts occidentaux. Le même Occident capitaliste veut installer des bases de l’Otan aux portes de la Russie mais dès lors que Moscou réagit en pointant des missiles contre les Etats-Unis et leurs alliés, on parle de «menaces» russes contre l’Occident et de retour de la «guerre froide » ! Car voyez-vous, selon les explications de Washington et de ses alliés, ces bases de l’Otan qu’ils veulent installer en Géorgie, en Ukraine, dans les Républiques de l’Asie centrale, c’est-à-dire tout autour de la Russie, sont destinées à parer aux menaces de… l’Iran ! Allons donc !
H. Z.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/18/article.php?sid=130425&cid=8
18 février 2012
Chroniques