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- Publié le Mercredi, 15 Février 2012 13:59
- Écrit par Super User
Par Didi Baracho
J’avais promis à Tata Maracho, ma copine de toujours, une sortie pour fêter Sidi Ballantine’s, selon la bonne tradition instaurée par Belkhadem et Soltani. Je suis donc parti la récupérer en début d’après midi après avoir sifflé quelques bières en guise d’apéritif. Évidemment, j’ai fait en sorte de la retrouver à 3 kilomètres de son quartier afin de ne pas éveiller lacuriosité de ses frères et celle de ses voisins. Elle est arrivée à l’heure. Je sentis mon cœur battre la chamade. Souriante, montrant la belle dent en or que je lui avais offerte à son anniversaire, elle me lança, de sa voix caverneuse, un « Saha Djarri ». Telle une diva sous son hidjeb violet, sa silhouette entassée en forme d’une bouteille de gaz mit en valeur cette beauté rare qu’on n’apprécie qu’en temps de pénuries. Elle portait merveilleusement bien ses 110 kilos et son sac simili cuir lui donnait l’air d’une bourgeoise désargentée. En la retrouvant, j’ai oublié tous mes soucis. Le chagrin créé par la disparition du général Lamari devenait un vague souvenir. Même Gaïd Salah ou encore les généraux M. dit T. et T. dit B. ne pesaient plus rien devant ma muse.
Nous décidâmes d’aller nous balader du côté de Houbel. Nos discussions étaient passionnantes. Tata Maracho n’est pas comme ces filles d’Indigènes qui, à peine pénétré par l’amour, te demandent de les épouser. Elle est quasiment de la génération de Bouteflika. À 69 ans, ce qui l’intéresse : c’est la religion et les saveurs de la vie. Ne ratant jamais une prière du vendredi, elle est, en revanche, à cheval entre El Cheïkh Al Karadhaoui et le Cheb Bilal. Elle peut ingurgiter trois bouteilles de vin, mais en même temps rester elle-même ne quittant jamais son voile, y compris lors de nos rencontres les plus intimes. Sa manière à elle de sortir couverte.
Ayant parlé des derniers tubes en vogue à Saïda et à Relizane, nous avons eu envie de passer l’après-midi au cabaret Hiziya. Nous sommes descendus tranquillement la main dans la main, pressés de danser jusqu’à l’aube. En chemin, je lui ai donné son cadeau : un string importé d’Arabie Saoudite par un ami barbu lors de sa dernière Omra. À ce propos, je ne sais pas pourquoi le videur du cabaret nous a appelé El Hadj et El Hadja alors que nous n’avons jamais eu le privilège de faire le pèlerinage. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !
didi.barachodz@gmail.com
18 février 2012
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