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- Publié le Dimanche, 12 Février 2012 00:00
- Écrit par Didi Baracho
Par Didi Baracho
J’ai appris, par le plus grand des hasards, qu’un film historique visant à raconter le parcours de Krim Belkacem, surnommé « le lion des djebels », a été tout bonnement censuré par notre ministère du mercenariat et de la mémoire collective défaillante, officiellement désigné « ministère des Moudjahidines ». Nos vieux sages ont jugé que l’histoire du bonhomme ne devait pas être connue des Indigènes.
Emmené par ma curiosité maladive, j’ai décidé de connaître les raisons de ce veto. Par conséquent, j’ai appelé un copain que je rencontre parfois dans l’un de mes bistrots clandestins préférés. Cet ami n’est pas n’importe quel ami. Il est officier à la Sécurité Militaire. Mais chuuuut ! Personne n’est au courant. Je me suis dit comme les membres de cette honorable institution sont désormais beaucoup plus loquace que par le passé, il ne manquera pas de me révéler les raisons de cette censure qui, peut-être, n’en est pas une.
C’est ainsi que nous nous sommes vus autour de quelques bonnes bouteilles de vin rouge. Très vite, mon copain espion m’a dit que les généraux M. dit T. et T. dit B. ne devaient surtout pas avoir connaissance du contenu de notre discussion. J’ai vite compris qu’il allait me faire de graves révélations. En quelques phrases, mon interlocuteur me résuma la situation avec des arguments imparables.
Contrairement aux racontars d’ivrognes, Krim Belkacem n’a jamais été assassiné par des hommes de la SM. Il s’est suicidé accidentellement, dans un hôtel en Allemagne, en nouant trop fort sa cravate. Et là j’appris que le « lion des djebels », négociateur à Évian, ne savait pas faire un nœud de cravate. En fait, si le ministère du mercenariat et de la mémoire collective défaillante a empêché le tournage de ce film, c’est pour que le scandale n’éclate jamais. Un héros de la révolution qui ne sait pas nouer sa cravate, c’est quand même grave. Non ? Heureusement qu’on apprend très tôt aux militaires et aux membres de la « famille révolutionnaire » à faire correctement un nœud de cravate. Sinon, en ce qui me concerne, je ne mets que des Tee Shirt. Mais ça, c’est une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !
18 février 2012
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