Passons les frontières françaises et hollandaises et voyons la Belgique, située entre ces deux pays. Sapristi ! Ce n’est pas mieux. Pendant que des ministres de droite comme de gauche se plaignent, chacun à sa manière et avec son vocabulaire, des travailleurs «malhonnêtes» venus de l’Est européen et qui travaillent au noir ou se font payer deux fois moins qu’un belge ; la fille du leader de l’extrême droite flamande s’est offerte en poster géant où elle pose en «bikini et burqa». La blonde rabat la burqa vers l’arrière et offre un corps langoureux en bikini. Les fétichistes et autres pervers jubilent.
Plus loin à l’université libre de Bruxelles (ULB), une invitée française : la journaliste et essayiste Caroline Fourest. Sujet du débat : «l’extrême droite est-elle fréquentable ?» Le débat n’a pas eu lieu. Raison : l’irruption dans l’amphithéâtre d’un groupe au visage caché par un foulard et hurlant : «burqa bas ! Bas !». Le groupe accuse Caroline Fourest d’être au service de l’extrême droite qu’elle prétend dénoncer. Rien que cela ! L’invité, ahurie mais courageuse a répondu en substance: «j’ai jamais vu ça, même dans les endroits réputés islamistes, et d’avertir, jamais je ne reviendrais à l’ULB.» Passons, ce n’est qu’une conférence dans une université, comme il y en tant. Peut-être, mais le silence de la classe politique belge sur cette «atteinte au droit à l’expression», comme celui des associations antiracistes ou de défense des libertés ou encore du Conseil des musulmans de Belgique (EMB) demeure énigmatique. A l’inverse, les cercles et sites islamistes ou leurs sympathisants se sont fondus en communiqués excommuniant Melle Fourest. Une seule exception : Tariq Ramadan, islamologue et président de «European muslim network» qui tout en réaffirmant son opposition aux thèses de Caroline Fourest, a condamné l’action menée contre le débat et la liberté d’opinion et d’expression. Cette actualité politiquement violente et socialement dangereuse se développe dans trois pays fondateurs de l’UE. Faut-il voir en eux le signe de «parents indignes de l’Europe?» Invité lui aussi lors d’une conférence sur le 20ème anniversaire du traité de Maastricht (1992), l’ancien président de la Commission européenne (1985 -1994), le français Jacques Delors, a déploré «les résistances nationales et le manque d’esprit de coopération et de solidarité entre les 27 Etats membres, lorsqu’il s’agit de lutter contre la crise de la dette.» Jaques Delors, comme l’actuel président Manuel Barroso, ont répété que seule le retour à la méthode dite «communautaire» (solidarité des 27 membres) au lieu et place de celle dite «intergouvernementale» (politique des clans) peut aider l’UE à s’en sortir de la crise. Oui, mais pour cela il faut que les 27 Etats membres de l’UE, à défaut de parler la même langue, veulent la même Europe rêvée par ses pères fondateurs.
Celle d’aujourd’hui sombre, chaque jour un peu plus, dans le désespoir, l’intolérance et la violence, renie ses «valeurs», oublie ses leçons d’histoire. Suicidaire.
16 février 2012
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