La colère et l’Algérien, c’est comme l’été et le Sud, la séparation ne s’avère pas possible. Y a de la chaleur dedans, tout le temps et partout. «Quand vous êtes en colère, vous ressemblez à un noble, mais quand vous restez calme, vous n’êtes qu’un sujet» (proverbe gabonais).
Ici, on a toujours voulu rester nobles, la raison pour laquelle la colère ne peut pas se passer de nous. On dit que pour éviter qu’une colère ne se transforme en violence, il faut exprimer librement ce qu’on ressent et surtout avoir la certitude que des oreilles attentives sont prêtes à écouter, à apaiser et non pas à attiser. Combattre la colère (légitime) d’autrui par le silence et la fuite en avant n’allume que des feux, des feux difficiles à éteindre. On ressent habituellement un fort sentiment de vengeance lorsqu’on subit une injustice quelconque. On est hostile lorsqu’on est ridiculisé. Cependant, le sentiment de désespoir atteint son paroxysme lorsque la colère exprimée détruit plutôt la personne en colère au lieu de toucher la cible ! Un plongeur sous l’eau qui ne se munit pas de détendeur et de bouteille (il ne s’agit pas de la fameuse bouteille de gaz butane) ne peut pas retenir sa respiration au-delà de quelques minutes. Le «plongeur dans les problèmes» lui aussi a forcément des limites pour retenir sa colère. Le graffiti qui se dessine devant nous est-il une colère à visage multiple ou une simple racine de colère avec mille ramifications ? Au lieu de mettre en place toutes sortes de programmes contre soi-disant les fléaux sociaux, il nous faut un programme de lutte contre la colère ! Plutôt contre les origines de la colère ! Une colère sans raison est une petite folie, et le peuple est loin d’être fou, je pense.
Nacira
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/15/article.php?sid=130278&cid=49
15 février 2012
Chroniques