Culture :
Traduit de l’anglais, ce livre raconte la torture pratiquée par l’armée française durant la guerre de Libération nationale.
Témoignages d’Algériens ayant subi la torture mais également de tortionnaires l’ayant pratiquée… moyens utilisés, cadre, méthodes, instruments… la torture dans toute son horreur s’étale à travers les 411 pages de cet ouvrage. Gégène, bouteilles, barres de métal, fouet, chaînes… les Français faisaient subir les pires atrocités à leurs prisonniers. «Il va sans dire qu’ils se livraient pleinement à leurs fantasmes. Nombreux étaient ceux qui assouvissaient leur plaisir sadique des douleurs qu’ils infligeaient à leurs victimes »… (P.177). Marnia Lazreg aborde la tragédie des viols des femmes. Une question qui n’a pas causé le même tollé que la torture à cause du silence des victimes, écrit-elle. S’appuyant sur les témoignages des militantes qui ont rompu le silence comme Louisette Ighilahriz ou Djamila Boupacha, l’auteure note : «Non seulement les femmes ont été violées de la même manière que les hommes, avec des objets, mais des parties du corps qui étaient ciblées par les tortionnaires étaient les mêmes : la poitrine et les organes génitaux.» (P. 178). Toujours concernant le viol comme stratégie militaire, elle rapporte le témoignage de Jacques Zéo, un soldat alors âgé de 18 ans, affecté dans les montagnes de Grande-Kabylie. «Les hommes se servaient librement… Le viol était si courant que les femmes s’y attendaient… Elles étaient paralysées au moment où les parachutistes entraient dans leurs demeures.» (P. 213). A lire également cet autre témoignage de Leuliette en page 228. «Avant la bataille d’Alger, les parachutistes armés ont pris d’assaut les maisons de la Casbah, violé des femmes dans leurs maisons et torturé les hommes et les enfants, également en leurs domiciles. Ils ont également pris d’assaut les bains turcs (hammams) et se sont régalé avec le spectacle des femmes nues…» Leuliette rapporte que ces incidents se sont répétés, selon un plan prédéfini et que ce n’était pas le résultat d’une erreur comme cela avait été revendiqué par les militaires.»
Sabrinal
La torture et le déclin de l’empire d’Alger à Baghdad, de Marnia Lazreg, éditions El-Hikma, 2011, 411 pages.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/15/article.php?sid=130312&cid=16
15 février 2012
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