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ALGÉRIE Faut-il revenir au protectionnisme ? Par Abdelmadjid Bouzidi

15 février 2012

Chroniques

Chronique du jour : DECODAGES

abdelmadjidbouzidi@yahoo.fr
L’ensemble des observateurs de l’économie algérienne, mais surtout les acteurs de cette économie et à leur tête les entrepreneurs, ont pris acte des derniers choix économiques du gouvernement qui a décidé de revenir au protectionnisme, à la gestion administrative centralisée et au contrôle économique étatique. Le gouvernement a-t-il raison de prendre cette voie et l’économie algérienne a-telle intérêt à la suivre ? 
Nous pensions tous qu’avec le lancement des réformes économiques de la fin des années 80 et les premiers pas réalisés dans le processus de transition à l’économie de marché, que nous n’aurions plus à nous poser ce genre de question tant l’option de l’ouverture graduelle de l’économie et de rejet de l’étatisme semblait à tous pertinente et surtout ne relevant pas du hasard, mais bien des leçons de notre propre expérience. Eh bien, force est de constater que nous étions encore une fois trop optimistes quant à la lucidité et la perspicacité de nos dirigeants. Nous pensions que le gouvernement allait comprendre qu’être pragmatique n’est pas antinomique de la nécessité d’avoir une vision et de s’en tenir. 
Le patriotisme économique n’est pas la fermeture économique

Il est vrai que malgré les résultats peu probants, et pour certains pays catastrophiques, obtenus en application du fameux consensus de Washington qui prône le libéralisme, les tenants de l’ouverture et de la libéralisation économiques sont toujours aussi offensifs. Encore récemment, le président de la Banque mondiale, Robert Zoelick, faisait l’éloge de la libéralisation économique et commerciale qui «entraîne une amélioration du bien-être au niveau national». Des marchés intégrés liés à l’économie mondiale, un secteur privé dynamique, des infrastructures adaptées, constitueraient les facteurs-clés de succès économique pour les pays en développement. L’ouverture des marchés serait la voie la plus sûre vers la croissance et le développement. L’idée est ancienne. Sa discussion et les innombrables réserves qu’elle a soulevées, aussi. On affirme, aujourd’hui, que l’ouverture n’est pas un moteur de la croissance mais plutôt un catalyseur susceptible de l’accélérer sous certaines conditions. Mais on reconnaît aussi que l’ouverture comporte des risques, de gros risques pour les pays en développement qui ne savent pas s’y préparer. Et l’Algérie en fait partie. L’Etat doit, ici, accompagner les entreprises nationales dans ce processus et éviter que l’ouverture ne creuse encore plus l’écart entre l’économie algérienne et ses partenaires commerciaux du Nord. Pour cela, des politiques de soutien à la modernisation des secteurs productifs sont nécessaires de même qu’est indispensable un environnement favorable à l’entreprise et à l’investissement. Il faut souligner ici que dans le contexte de mondialisation actuel libérale et concurrentielle, l’ouverture économique est une condition importante du développement. Mais elle exige la mise en place d’une stratégie nationale de compétitivité, c’est-à-dire la construction à l’intérieur de ses frontières de «la capacité à générer de façon durable un revenu pour améliorer le niveau de vie des habitants et leur procurer des emplois tout en étant et en restant exposés à la concurrence internationale». Eh bien oui, le développement économique n’est pas simple à réaliser ; il faut une volonté politique, il faut des compétences, il faut des efforts et des sacrifices. Aujourd’hui, plus que par le passé, la compétitivité est au cœur des enjeux du développement et celle-ci ne peut pas se construire en économie fermée. Dans le cas de notre pays, le retour au protectionnisme facilement observable ces derniers temps nous fait rappeler ce vieux diction selon lequel on ne peut faire baisser la fièvre en cassant le thermomètre. Il est clair que ce n’est pas en se renfermant sur soi-même qu’on assure aujourd’hui le développement. Dans le cas de l’Algérie, le problème n’est pas l’ouverture économique. Le problème, ou plus exactement les problèmes, s’appellent :
- réglementation inadéquate ;
- cadre judiciaire et procédures administratives entraînant corruption, favoritisme et compromission ;
- pression fiscale oppressante.
Bref, l’entreprenariat est étouffé et l’incitation à fonctionner dans l’informel est forte. La croissance économique dans le monde actuel, c’est la compétitivité et celle-ci passe aussi par la construction de l’attractivité, c’est-à-dire l’aptitude du pays à attirer les IDE, le capital productif et la technologie indispensables pour aller à un régime de croissance tiré par les investissements et les exportations de biens manufacturés (de masse et de haute technologie) ainsi que de services. Sortir des tranchées, refuser le repli sur soi, s’ouvrir et s’intégrer positivement à l’économie mondiale : c’est là que réside la solution et non pas dans le retour à l’économie fermée de type soviétique. Améliorer les infrastructures, développer le capital humain, assurer la qualité des institutions, soutenir et encourager l’innovation : c’est assurément cela que doit être le programme de travail du gouvernement. L’application du crédit documentaire, le retour à la licence d’importation, le contrôle des IDE, la réanimation des entreprises publiques montrent bien que l’Etat veut rester au pilotage du programme et à la tour de contrôle, ce qui empêche toute fluidité nécessaire à l’activité économique. La question qu’il faut débattre aujourd’hui n’est pas celle de savoir si l’économie algérienne doit s’ouvrir ou au contraire se fermer, mais plutôt celle de savoir si l’ouverture économique doit être d’abord réalisée qui entraînera obligatoirement la mise en place des facteurs de compétitivité ou bien s’il faut mettre d’abord en place ces facteurs de compétitivité puis aller ensuite à l’ouverture économique. L’expérience de l’Algérie du pétrole nous a appris et continue de nous apprendre que la seconde solution est la plus mauvaise : le pétrole est un somnifère soporifique qui nous fait reporter sans cesse la bataille de la compétitivité et qui fait tomber toute contrainte d’efficacité.
A. B.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/02/15/article.php?sid=130313&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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