Dans l’ensemble, c’est un triptyque : les Affaires étrangères, les Affaires religieuses, les affaires courantes. Avec trente ministres, deux présidents à vie, quatre partis majeurs et plusieurs millions d’assistés. Dans le cas algérien, Bouazizi a brûlé un pneu, pas lui-même. Sa charrette est désormais financée par l’ANSEJ et les banques. Sidi Bouzid est appelé à voter, à abriter la plus grande usine Renault, la plus haute mosquée d’Afrique, la plus forte chute de neige, le plus fréquent cycle d’émeutes, le plus grand nombre de policiers qui giflent le vent et le plus grand nombre de députés dans le monde arabe. Conclusion des plus tristes ? Il y a comme un train qui a été raté et qui a été remplacé par un manège tournant. Bouazizi est devenu obèse, sa charrette plus lourde, il n’est ni heureux, ni malheureux, il a évité le pire, et le meilleur vend de la banane mais sans poésie et revient chez lui avec quelque chose qui lui manque encore chaque soir : le sens total, le but dans la vie, le destin qui ne glisse pas. Y a rien de changé. On va même voter. Comme un vieux couple, nous et le pouvoir, qui partage un repas froid, un lit séparé, un enfant qui est parti ou un feuilleton dont on connaît la fin.
Comme si je n’existais pas par Kamel Daoud
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13 février 2012
Chroniques