En face, rien pour le Savoir moderne : les inventeurs algériens qui osent proposer de nouvelles choses sont traités dans la case folklore, presque avec humour, souvent avec un gros éclat de rire insonore genre «Voyons, nous sommes un peuple technicien de l’au-delà !».
Et c’est ce qui effraie le plus : rien n’est dit, présenté, proposé, filmé ou commenté en ce qui concerne les technologies, les inventions, le savoir-faire et les maîtrises. Tout le monde est vieux, pressé de l’être, poussé à le devenir, puis prier, soupirer, geindre et interpréter la religion comme un casque ou bouton off face au poids du monde et à la responsabilité d’exister. Il existe donc autant une «politique de l’autruche», qu’une religion de l’autruche. Et dans ce cas, l’oiseau du proverbe a la tête enfoncé plus profond que le sable : dans la tombe jusqu’à émerger dans l’au-delà comme un périscope invraisemblable. Et cette façon d’inonder la tête des Algériens avec des évocations assises est un désastre du sens à venir et une proposition d’enterrement aux générations futures. Même à l’époque des empires théologiques musulmans, le Savoir était vu dans sa totalité : commentaire du Coran mais aussi invention de l’algèbre. Pas aujourd’hui, pas ici, pas chez nous. Ce qui est proposé comme réseau, c’est celui des Zaouïas et des confréries et des cimetières de notables «Ibn passé composé». Triste pays suicidaire qui élève l’écho au rang d’un alphabet et s’enfonce dans un Moyen Âge céleste à tire-d’aile et de turbans. Les Algériens n’étaient pas ainsi durant les années 70. A l’époque, on pensait sérieusement à réinventer les roues et pas à s’asseoir, contrit, sur des tapis.
11 février 2012
Chroniques