8 Fevrier 2012
Résumé : Une mère de famille a été arrêtée par la police. Son mari ignore le motif de cette arrestation mais son fils aîné âgé de 14 ans trouve que sa mère avait un comportement bizarre.
Abdelhamid se chaussa, enfila son manteau et se dirigea vers la sortie. Au moment où il allait ouvrir la porte, il se ravisa puis se tourna vers son fils aîné :
- Que sais-tu d’autre, à part que ta mère recevait beaucoup d’appels téléphoniques et que son téléphone est toujours activé sur le mode silencieux ?
- Je ne sais rien d’autre papa, je te le jure.
- Par exemple, tu n’as jamais regardé sur son téléphone pour essayer de relever les numéros des personnes qui lui téléphonent ? Je ne te pose pas ces questions dans le but de t’inciter à moucharder ta mère. Je veux juste savoir à quoi m’en tenir… Je vais me rendre au poste de police et j’aimerai bien avoir une idée de ce qu’on lui reproche.
- Au sujet des numéros des personnes qui l’appellent, elle les efface… Il n’en subsiste aucune trace.
- Ah ! Elle les efface… Bon, vous restez ici tous les deux, je vais au poste de police…
Abdelhamid parcourut les deux cents mètres qui séparaient son domicile du commissariat de police d’un pas rapide. Il était pressé de savoir quel crime horrible sa femme avait pu commettre pour qu’elle soit menottée au moment de son arrestation ? Quel lien y avait-il entre elle et les deux hommes qui avaient été appréhendés en même temps qu’elle ? Etaient-ils ses amis ? Ses complices ? Ses amants ? Oh ! la ! la ! la ! Dans quelle sordide affaire elle s’était laissée entraîner ? Et dans quel honteux scandale elle allait le précipiter ?
Abdelhamid arriva au poste de police, demanda si sa femme était là et on lui répondit :
- Votre femme est en état d’arrestation. Nous l’avons surprise en flagrant délit…
- En flagrant délit de quoi ?
- Votre femme vend des psychotropes, mon frère ! Elle vend de la drogue !
- Quoi ? mais ce n’est pas possible ! Il doit y avoir une erreur… C’est un coup monté…
- Un coup monté ? Par qui ? De toutes les manières, vous aussi on voulait vous voir… Vous ne seriez pas son complice, par hasard ? Parce qu’elle nous a dit que les comprimés que nous avons trouvés sur elle vous appartenaient.
Abdelhamid apprit que sa femme utilisait une vieille ordonnance lui appartenant et remontant à plus de dix ans pour acheter des psychotropes qu’elle revendait au prix fort. Il s’affala sur une chaise puis s’évanouit. Quand il eut repris connaissance et qu’il se fut rappelé ce qu’il faisait au poste de police, il expliqua aux policiers que dix années plus tôt, en raison de problèmes liés à son travail, il avait sombré dans la dépression et un médecin de l’hôpital Aït Idir lui avait prescris des tranquillisants… mais qui n’avaient rien à voir avec les drogues que sa femme commercialisait. Puis, après un moment de silence, il se mit à ressasser :
- H’ram aâliha ! h’ram aâliha ! Elle a des enfants ! Pourquoi a-t-elle fait cela ?
- On allait justement vous le demander, lui répondit un policier…
- Je n’ai pas de réponse ! lâcha Abdelhamid.. J’ai fait de mon mieux pour qu’elle et nos enfants aient un minimum de confort… Nous ne sommes ni riches ni pauvres… Pourquoi a-t-elle fait cela ?
- Elle a fait cela pour gagner de l’argent très vite et très facilement… Elle n’est ni la première ni la dernière personne à qui l’attrait du gain facile aura joué un vilain tour.
- Vous ne pouvez pas lui pardonner ? Donnez-lui seulement un avertissement, s’il vous plaît ? Elle a des enfants…
- C’est au procureur de lui pardonner. Pour nous, la loi est très claire : vendre de la drogue est un délit très grave. Elle sera incarcérée jusqu’à son jugement…
Le jour même, le domicile d’Abdelhamid fut passé au peigne fin. Les policiers y trouvèrent une grande quantité de comprimés.
Le père de famille se laissa tomber de nouveau sur une chaise mais ne s’évanouit pas cette fois-ci.
Quelques jours plus tard, dès qu’il se fut remis de ses émotions, il entama une procédure de divorce.
Il ne voulait plus rien à voir avec cette femme qui venait de le salir et de salir leurs deux enfants.
Il y a quelques jours, la mère de famille a été jugée au tribunal de Rouiba. Le procureur a requis contre elle dix ans de prison ferme.
Quelle que soit la peine qu’elle purgera, à sa sortie de prison, elle n’aura plus ni foyer, ni mari, ni enfants…
(fin)
Par : Kamel Aziouali
8 février 2012
Histoire