Avec l’avènement de la démocratie, la première chose à laquelle il nous a été donné de penser, fut justement la rampe et, à coups d’organisation, de mesures répressives, de lois, de déballage sur la voie publique et d’emballage dans les ateliers de la république, nous avons fini par enlever la plupart des rampes, à la plupart des escaliers et des escalators. Mais peine perdue car les malins continuent toujours à grimper. Ils continuent toujours à s’agripper. Et comble de l’ironie, ils semblent monter plus vite.
Ils évitent les ascenseurs. Pour qu’ils n’aient pas, un jour, à les renvoyer pourtant, ça continue à monter. Leur méthode ? Msakhit, ya, bni, msakhit !… Ils ont tous, de petits bâtonnets à la main et, selon les circonstances, ils y accrochent un petit drapeau parfois rouge, parfois vert, parfois blanc, parfois noir. Ils préfèrent, pour leur part, le gris. Car plus assorti à leurs costumes. Quand ça chauffe, lors des campagnes électorales, c’est un drapeau arc-en-ciel qu’ils affichent, histoire de faire plaisir à tout le monde.
Mais attention, il faut savoir sentir la direction du vent et brandir le bon drapeau. Au bon moment. Sinon darbak car. Alors ça remet en place les rampes, on remet en marche les escaliers mécaniques et même les ascenseurs, et on déroule, avec tapage et vacarme, les tapis colorés. Si la couleur affichée diffère de la nôtre, il n’y a rien à espérer. Il n’y a rien à tirer. Il n’y a pas d’électricité, ni escalator, ni monte-charges, ni ascenseur. On revient à la rampe On rampe en attendant
6 février 2012
Chroniques