Lorsque nous quittons le vieil Agadir, la cité antique, pour finir par nous diriger vers les hauteurs de Tlemcen, nous passons tout d’abord par Bab Sidi Boumediène, puis nous rejoignons une allée jadis ombragée qui enjambait le pont de pierre (XIIIème siècle) sous lequel coulait l’oued Metchkana.
Un ouvrage imposant dont les remparts, en ruines encore debout, défendaient l’entrée du pont : beït er-Rich, ce nom est une survivance des coutumes et des traditions anciennes, certainement païennes. Les murailles ocres et épaisses, qui surplombent les rives abruptes du cours d’eau forment les restes de la fameuse bab el-Djiad, – la porte des cavaliers, l’un des accès donnant sur Tagrart, le nom Almoravide de Tlemcen, la ville mille fois bénie ; en contrebas s’étendait la perspective du haras royal que les promeneurs aimaient admirer en famille. Nous voici arrivés devant le cimetière cheikh Sanouci. Le visiteur qui déambule entre les travées des tombes ressent comme un sentiment de paix et de sérénité l’envahir ; pour autant que l’on puisse dire le paysage impose à notre âme un moment de respect et de tranquillité. Il inspira assurément nombre de poètes et d’écrivains ; ainsi l’un d’eux écrivit : «- Le cimetière musulman dresse ses hauts cyprès au pied desquels les tombes en grés rose parsèment le sol herbeux où le printemps met sa parure délicate d’iris violet. Rien n’est plus accueillant qu’un cimetière d’Islam !»
Plus loin nous abordons l’ineffable Aïn Wazouta : ce fut le lieu ô combien magique des fêtes de notre enfance ! En effet, rien ne peut effacer de notre mémoire ces cérémonies de l’Aïd ou du mouled Ennabaoui ; aux défilés des troupes de musiciens, avec leurs tambourins et leurs karkabous se joignaient les processions des zaouia : les aïssaoua et les derqaua, suivis des hamdaoua, des alawiya et des qadriya, les adeptes de sidi blel ou des Tidjania et d’autres encore moins connus, chacune portant haut dans cc ciel bleu à nul autre pareil- l’étendard distinctif de sa confrérie.
Comment oublier les merveilleuses kermesses qu’animaient les jeux des bateleurs, et des magiciens, les chants, les danses et les comptines, et surtout ces promenades en fiacre où des gamins, portant leur costume des grands jours prenaient des airs de princes aux gestes élégants !
En quittant le cimetière nous trouvons sur notre chemin la qoubba élevée en l’honneur de sidi Abdelkader el-Djilani, ensuite nous voici devant les ruines délabrées du mausolée de saint Abou Ishaq et-Tayyar avec, en face, le minaret solitaire de la mosquée qui portait son nom ! Puis après avoir gravi la route pentue qui conduit à l’ermitage d’el-Aubbad (les Dévots) nous arrivons devant sidi Boumedien la célèbre mosquée édifiée sous l’occupation mérinide en 1339
Visitons tout d’abord le sanctuaire où repose le grand homme ; des escaliers aux faïences multicolores nous conduisent dans une courette pavée de zellidjs anciens. A main gauche on remarque le puits fort connu aux multiples légendes avec sa remarquable margelle en onyx toute rongée par le temps ; l’eau qu’on y puise possède une saveur singulière aux mille et une vertus : ne dit-on pas qu’elle efface les rides des fronts les plus tristes et rend la paix aux âmes en peine !
A main droite s’ouvre sous une porte basse la chambre sépulcrale sous la qoubba des dizaines d’étendards offerts par des confréries africaines ou étrangères se dressent le long des murs. Au milieu de la petite salle couverte de riches tapis on aperçoit deux cénotaphes recouverts de soie précieuse : celui de droite abrite le tombeau de sidi Boumedien Choaïb, celui de gauche, le tombeau du vertueux sidi Abdeslam Tounisi décédé 66 ans avant son compagnon d’éternité (consulter le texte que nous avons consacré à cet immense savant ami d’Allah)
Qui est sidi Boumedien ?
Abou Medien Choaïb ben Hussaïn elAndaloussi est né en 1126 à Cantillana prés de Tocina un petit village sur la rive du Gadalqivir pas loin de Seville. Cadet d’une famille nombreuse, aux origines sociales fort modestes, orphelin par sa mère, il était dans l’obligation de faire le berger. C’était un garçon d’une intelligence rare. D’un caractère doux et serein il avait hérité des traits réguliers de son père, un homme vertueux simple et tranquille, tout dévoué à sa famille et aux siens.
Quand le père mourut, le jeune Boumedien Choaïb fut recueilli et élevé par ses frères; ceux-ci le chargèrent de la garde de leurs troupeaux; «-Il menait paître ses bestiaux nous dit l’un de ses nombreux biographes, et lorsqu’il voyait un homme prier ou lire, il s’en approchait et éprouvait une vive angoisse parce qu’il n’en pouvait faire autant. De retour à la maison, il manifestait à ses frères le désir d’apprendre à lire et à prier, mais ses derniers lui faisaient défense de s’instruire !»
Cette interdiction ajouta certes à son chagrin mais elle le conforta tout de même dans sa volonté de suivre une carrière religieuse Un jour, il prit une décision qui allait lui ouvrir les portes d’un destin prodigieux : il abandonna son troupeau et s’en alla résolument à la recherche d’un maître qui le mettrait sur la voie du savoir. Toutefois l’un de ses frères s’étant lancé à sa poursuite, le retrouva et le ramena de force à la maison tout en le menaçant d’un javelot qu’il tenait à la main Cependant, Choaïb dont la détermination était inébranlable ne tint nullement compte des remontrances et des menaces des ses aînés pour finir, à la faveur de la nuit de s’enfuir à nouveau !
«-Un autre de ses frères s’étant mis à sa recherche puis l’ayant trouvé, il dégaina son sabre et, de fureur mal contenue, il l’en frappa mais le coup porta sur un frêle bâtonnet que le jeune pâtre leva comme pour s’en protéger le visage et la lame de l’arme, volant en éclat se brisa en mille morceaux ! Emerveillé autant qu’effrayé de ce qu’il venait de voir, l’homme dit au garçon :«- Va-t’en maintenant où tu voudras !» (*)
(*) A partir de cet instant tout ce nous écrivons sur la biographie de sidi Choaïb Boumedien nous est rapporté par le grand saint lui-même ou par les confidences de ses innombrables disciples d’Orient ou d’Occident !
«- Je me mis en route, dit le cheikh Abou Medien et je finis par arriver au rivage de la mer. Je trouvai là une tente habitée par des gens qui se dirigèrent vers moi. Parmi eux se trouvait un vieillard qui m’interrogea sur mon histoire. Je la lui racontai et je m’installai auprès de lui. Quand j’avais faim il lançait à la mer une ligne à l’extrémité de laquelle il y avait un hameçon, et prenait ainsi du poisson qu’il me faisait manger après l’avoir fait rôti. A quelques temps de là le vieillard me dit : «Va-t’en à la capitale pour y apprendre la science, car on ne peut adorer Dieu si on n’est point instruit». Je me dirigeai alors vers le détroit et je débarquai à Tanger ; de là, je me rendis à Marrakech où je m’installai dans le quartier habité par les Espagnols. Comme ceux-ci voulurent m’inscrire sur les rôles de l’armée, je dis à l’un d’eux que j’étais venu uniquement dans l’intention de m’instruire – Pour cela, me répondit-il, il te faut aller à Fez. Je me transportai donc dans cette ville, dont je ne quittai point la mosquée, et je me mis en quête de quelqu’un qui voulût bien m’enseigner les prescriptions concernant les ablutions et la prière. Puis je pris des informations pour connaître les lieux où les savants donnaient leurs leçons et je me rendis successivement dans plusieurs écoles. Mais rien de ce j’y entendais dire ne se fixait dans ma mémoire. Plus tard, étant allé écouter un autre maître, je m’aperçus que je retenais tout ce qu’il disait ; et comme je demandai à quelqu’un qui était ce maître, «c’est Abou el-Hassen ben Herzehem» (*)
(*) ben Herzehem (mort en 1173) fut le premier maître qui lui donna un enseignement vivant parce qu’inspiré par Dieu qui «touchait l’esprit et le cœur, et non seulement les oreilles, par lui Choaïb prit contact avec les écrits des soufis, spécialement Mouhâsibî et sans doute aussi l’imam Ghâzali que le cheikh admirait vivement. D’après «Tassawwuf» de Tadyli lorsque Ibn Barrajâne arriva à Marrakeche sous le règne almoravid il fut emprisonné sur ordre du sultan puis exécuté. ben Herzehem avait été parmi les partisans qui appelèrent la population de la ville à se rendre en masse aux funérailles du maître soufi. Ceci valut au cheikh Abou el-Hassen d’être emprisonné pour quelques temps !
«- A partir de ce jour, continuait Choaïb, je ne quittai plus ce maître et je suivis ses leçons. J’allais souvent au sommet du mont Zelligh pour y faire mes dévotions, et à l’heure de mon dîner une gazelle venait me trouver, se couchait prés de moi et je lui tétais son lait, après quoi elle s’en allait.Tous les jours j’allais suivre ma leçon auprès de cheikh ben Herzehem et je retournais ensuite vers ma retraite. Un jour que je me dépouillais de mes vêtements devant le cheikh, je rougis de honte car ils tombaient en lambeaux. Le cheikh s’en aperçut et ayant fait «une collecte auprès de ses élèves, il réunit une petite somme d’argent pour que j’achetasse un vêtement ; puis, à mon insu, il noua cet argent à l’une des extrémités de mon habit.»
A son retour dans la grotte qui lui servait de domicile Choaïb remarqua que des chiens affectueux à l’ordinaire aboyaient après lui et que la gazelle le fuyait. Il se demanda pourquoi, trouva l’argent et se dit : «Cette saleté est sur moi à mon insu» Il jeta l’argent. La gazelle revint et les chiens lui firent fête et le lendemain matin le cheikh à qui il raconta son aventure lui dit : «Réjouis-toi, ton destin est fixé» (n’oublions jamais cet épisode de la vie de Choaïb Abû Madayan : il n’a jamais accepté de recevoir de l’argent ou quoi que ce soit de quiconque !)
«Le cheikh ben Herzehem Abou Hassen précisa Choaïb me prédit mon avenir et m’instruisit. J’étudiai sous sa direction le Ri’aï d’el-Mouhaciby, et le sonan d’et-Termidhy, auprès d’Abou Hassan ben Ghalib.
«C est alors que j’entendis un jour parler d’un anachorète qui accomplissait des choses extraordinaires dans la montagne où il vivait. Aux dires des gens qui l’avaient connu, c’était un homme étrange, sans doute illettré, affirmaient certains, qui ne parlait que le berbère (il n’avait appris du Coran que la fatiha et les trois dernières sourates qui sont parmi les plus courtes) ; pour s’entretenir avec ses interlocuteurs arabophones, ce grand saint berbère avait besoin d’un interprète mais «dont les sentences équilibrées et les répliques fulgurantes, disait-on, déconcertaient les plus doctes. Il s’appelait abou Ya’zâ !» (*)
(*) – Abou Ya’zâ qui eut pour maître Abou Bakr ibn el- Arabî est mort en 1176 à un âge semble-t-il très avancé. Il s’appelait également Yalanôur ben Mimoun ben Abdellah el-Azmiri, était né au milieu du XI ème siècle en pays Masmouda. Après avoir vécu longtemps dans la solitude et dans l’errance, il s’était fixé au djebel Yarouijane au sud de Meknès à l’entrée du pays Zaïan, là où se trouve aujourd’hui son sanctuaire. C’était un homme fortement bronzé, grand et maigre vêtu d’une tunique en poils de chèvre ou en feuilles de palmier nain, et d’un burnous noir rapiécé qui lui descendait un peu plus bas que les genoux, coiffé d’une calotte de joncs. Il était d’apparence timide
«Le jeune Choaïb partit avec un groupe d’étudiants pour rendre visite au saint. Celui-ci l’accueillit de façon étrange. Il le laissa trois jours de suite à sa porte sans lui donner à manger, alors qu’il recevait aimablement tous les autres. De surcroît il le repoussait ostensiblement. Désespéré l’adolescent se jeta par terre et roula son visage à l’endroit où AbouY’azâ s’était assis. Quand il releva la tête, il était aveugle. Il passa toute la nuit à pleurer. Au matin le cheikh l’appela : «Arrive ici Espagnol» Choaïb Abou Madian s’approcha à tâtons. Abou Y’azâ lui passa les mains sur les yeux, qui furent guéris puis sur la poitrine, et tous les soucis s’en allèrent de son cœur. Il ne souffrait même plus de la faim. Puis en se tournant vers ceux qui étaient présents, il leur dit : «Un brillant avenir est réservé à ce jeune homme.»
«Quelques temps après il m’autorisa à partir afin d’accomplir le pèlerinage. Je m’en allais et tout ce qu’il m’avait prédit m’arriva. Abou Y’azâ m’annonça également qu’on me ferait présent d’une esclave abyssine et que j’en aurais un fils qui s’appellerait Abou Mohammed abd-el-Haqq. Or la chose arriva exactement comme il me l’avait dit !»
Il n’oublia jamais son maître. C’est de ce rude montagnard berbère qu’il déclarait avoir reçu l’initiation à la voie soufie remontant, à Jounayd de Bagdad à Sarî al- Saqathî, à Habîb al-Ajamî et à Hassan al-Baçrî. On cite aussi parmi ses maîtres Alî ben Ghâlib (mort en 1166) qui fut surtout un érudit, Abou el-Hassan al- Chawwi et surtout Abou Abdellah Deqqaq de Sijilmassa mort à Fez, lequel l’avait revêtu de la hirqa et lui avait donné la ijâza (ou la licence d’enseigner)
«A vrai dire ce fut en Occident musulman où florissaient les savants illustres de l’école Malékite que Choaïb Boumedien y acquit une solide culture juridique mais y rencontra de surcroît des soufis réputés qui lui révélèrent la splendeur du mysticisme.» Il s’abreuva à leur doctrine et goûta aux joies de l’extase : de là date à l’évidence sa réputation de jurisconsulte des saints et de soutien des dévots. Et s’il décida de se rendre en pèlerinage c’était d’abord afin d’accomplir un devoir sacré et ensuite de suivre la tradition des grands mystiques el-Ghazali et sidi Abdelkader el-Djilani (qu’il rencontra à Arafat : voire ci-joint le texte sur la vie de Lalla Setti)
Après avoir quitté Fez il prit la route de l’Orient ; la seconde ville où il allait vivre quelques temps fut Tlemcen qui allait lui ouvrir ses portes et l’accueillir avec noblesse. Il aima d’emblée «l’ermitage» d’el-Aubbad au milieu des oliviers sauvages sur les hauteurs d’el Baâl un nom à consonance nettement carthaginoise. Le Cheikh s’adonna à la prière et aux exercices de dévotion tant il fut touché par la grâce des lieux .Ainsi ce fut dans ces espaces propices à la méditation qu’il «proclamait à l’instar de ses maîtres, les droits du sentiment, l’efficacité de l’amour divin et de la pureté du cœur pour atteindre la Vérité !»
Tlemcen avait déjà été la patrie de grands savants et de célèbres amis de Dieu, bien avant l’arrivée de sidi Boumedien Choaïb ; faisons un saut dans l’histoire : le plus ancien saint dont le dharih est situé à Agadir fut incontestablement sidi Wahab (*)
(*) «Pour tout dire, sidi Wahab ben el-Monabbih est le respectable et saint homme bien connu de tous ; il compte au nombre des tabî’în (c’est-à-dire les premiers successeurs ceux qui n’ayant pas connus directement le Prophète, ont toutefois vécus aux côtés d’un ou de plusieurs de ses compagnons), de la sorte il est l’un des musulmans les plus autorisés en fait de traditions «es-sounna» reçues par ces souhâba de la bouche de l’Envoyé. Ainsi il fut considéré par les spécialistes comme un personnage puissant et réputé pour sa piété et sa foi.
Abou Djaâfar et-Tabary cite plusieurs travaux dont il fut l’auteur touchant notamment à l’origine et la fin du monde ; on lui attribue également un ouvrage intitulé «el-moubtada’wal-moubtadi» et un autre dont le titre est «kitab el- israîliya» (Histoire des Israélites)
Le nom entier de sidi Wahb est Abou Abd Allah Wahb ben el-Monabbih ben Kemal es-Seghany ; il était persan d’origine natif d’une bourgade de la ville de Merw, appelée Seghan et disparue depuis. Il est généralement qualifié de «sahib el-qoçoç wa el-Akhbar». Il fut disciple de Djabir ben Abdellah et mourut en l’an 114 H. (le O3 Mars 732) Ajoutons que sidi Wahb est né juif puis s’est converti à l’Islam. Dans les nombreux ouvrages que nous avons énumérés, il se montrait fort renseigné sur les traditions hébraïques. Il mourut au Yemen où il fut enterré. Son Dharih à Agadir est très fréquenté et s’élève à côté de la porte Bab sidi Wahab à laquelle on a donné le nom de ce saint homme.»
- Ensuite il y eut sidi Daoudi dont le nom entier est Abou Djaâfar Ahmed ben Nasr ed-Daoudy el-Acédy. Il habita en premier lieu à Tripoli (Libye) et c’est dans cette ville qu’il écrivit son célèbre commentaire sur la «Modawama». Puis il vint à Tlemcen où il se fixa. Dans ces campagnes merveilleuses de sérénité et qui inspirent à l’écriture, il produisit plusieurs compositions, entre autres un commentaire sur «el-Moatta», intitulé «en-Namï el Alî» ensuite un ouvrage de jurisprudence (el-fiqh) portant le titre «d’el Oua’î el hafidh» (le Conservateur); suivi d’un commentaire ( charh el-Boukhari) intitulé «Ennaçihâ» Il écrira ensuite un autre livre «el-Idaha» (éclaircissement), où il réfute les théories des partisans du fatalisme.
Confiant d’être toujours guidé par Dieu, il s’était instruit lui-même et n’avait eu aucun professeur. Entouré d’un profond respect et de l’affection de toute la population, il mourut à Tlemcen le 04 août 1011. Il fut longtemps considéré comme le protecteur de la cité, jusqu’à ce qu’il soit détrôné par sidi Boumedien. Son sanctuaire, toujours très visité, est situé à Agadir prés du fameux tombeau de la Princesse d’origine Almoravide, un petit monument du style des plus gracieux, encadré de paysages ravissants !
-Nous avons déjà donné la biographie de Sidi Abdeslam Tounsi (né en 1060 à Sfax – mort en 1131 à Tlemcen dans la petite mosquée appelée Mesdjid Er-Rahma. Aux côtés duquel sidi Boumedien sera inhumé en 1197 certainement à sa demande) Dans le même texte nous avons rappelé la vie du Cadi Amir Abou Amr Othman Ibn Sahib es-Salat mort sur ordre de son élève Abdelmoumen Benali en 1145, enterré à Bab ei-Akba ! (Auteur d’un charh’ célèbre du kitâb ech-chifa bi ta’rîf hûqûq el-mostapha du cadi Ayad el Imam el hâfidh).
Sans oublier le prince soufi sidi Yahya ben Yugan mort en 1142 grand oncle maternel d’Ibn Arabi.
Citons également Abou el-Hassan Ali ben Abi el-Kacim ben Abderrahim ben Abi Kanoun ( Sidi Kanoun ) mort en 1161, enterré prés de Aïn Es-Soltane, auteur de nombreux ouvrages de médecine et de fiq dont le plus remarquable est le «El Achfa fi Ikhtiçâr el-mostasfa». Il possédait également de très vastes connaissances en droit musulman qu’il établissait par les ouçoûls (*) à l’exemple de ses éminents maîtres parmi lesquels Abou Ali Eççadafi ainsi du reste que de nombreux disciples devenus à leur tour de brillants savants.
(*) La science des ouçoûls (sources) du droit et de la religion s’était éteinte au Maghreb où les malékites se bornaient (en droit) à appliquer les manuels et les traités établis ; ce fut les Almohades qui ouvrirent de nouveau la période d’Ijtihâd.
Bon et vertueux ce savant jouissait (de son vivant) d’une réputation considérable. Il fut nommé Qâdi de la djemaâ en remplacement d’Abû yoûsef ben el-H’adjjâdj. Il s acquitta de ses fonctions avec justice et dignité. Son sanctuaire est l’un des plus visité par les pèlerins du Maghreb.
Sans oublier évidemment Sidi Abdellah Benali mort en 1077, enterré à el-Aubbad El Fouqui dans la kheloua duquel s’installa sidi Boumedien avant de choisir Mesdjed Er- Rahma où il enseigna les premiers temps !
Tous les biographes de sidi Boumedien assurent que durant son pèlerinage et sa rencontre avec le grand saint sidi Abdelkader el-Djilani il reçut de son nouveau maître la khirqa ainsi que des secrets inestimables. Il l’accompagna à Bagdad où il demeura dans sa célèbre medersa. De là il se rendit par la suite au Moyen-Orient pour un pertinent voyage d’études.( Il ne sait plus qui de ses maîtres lui avait recommandé de ne jamais cesser d’apprendre, car une vie n’y suffirait pas !)Sidi Boumedien était resté assez longtemps au Hedjaz ; il avait séjourné dans les deux Harameïnes durant quelques années d’après certains chroniqueurs sa réputation finit de s’étendre jusqu’aux limites du monde musulman ! (*)
(*) L’un de ses fidèles compagnons lui avait raconté un songe dans lequel le saint de Bagdad sidi Abdelkader el-Djilani lui recommandait: «-Dis à Choaïb d’aller de ville en ville afin d’enseigner la vérité dont il était dépositaire !»
A son retour du pèlerinage il rejoignit d’abord Séville où il professa avant de se rendre à Cordoue. Puis Il finit de s’établir à Bougie «qu’il préférait à beaucoup d’autres villes, disait-il, parce qu’elle aide à la recherche de ce qui est licite et permis». Et où se regroupait, à cette époque, une brillante élite intellectuelle en même temps qu’une nombreuse population andalouse ; le cheikh espérait y trouver la solitude favorable pour permettre à l’âme de se libérer de toutes les servitudes afin de se consacrer uniquement à l’amour de Dieu. Toutefois les savants recherchaient sa compagnie pour ses enseignements, ses méthodes et ses immenses connaissances ; on assure même que des copistes l’assaillaient pour pérenniser ses sentences et ses merveilleux poèmes. Ce fut sans doute à Bedjaïa que sidi Boumedien se lia d’amitié avec l’ancêtre des Benmerzouk, Ahmed qui se mit au service du grand maître. (*)
(*) Du reste tous les descendants de cet aïeul seront gardiens, durant plusieurs générations, du tombeau de cheikh sidi Boumedien à el-Aubbad (les Dévots) et qu’ils se transmettront de père en fils cette dignité.
Nous savons également qu’Ahmed eut pour fils Abou Abdallah Mohammed ibn Ahmed, né le 27 juillet 1165, un savant légiste d’une immense réputation. Il fut admis au nombre des familiers du palais par le Sultan Abou Yacoub Youcef el-Mansour.
La renommée de Choaîb était d’autant plus grande qu’elle finissait de devenir brillante grâce aux vertus qu’Allah lui accordait. Partout où il passa le nombre de ses disciples grandissait. Dans les pages qui suivent nous reproduisons des témoignages éloquents sur les affinités spirituelles de sidi Boumedien lors des rencontres qu’il fit avec des personnages «qui réunirent en eux des enseignements initiatiques» dérivés des grandes écoles ou plus souvent encore de remarquables esprits du Tasawwuf.»
En premier lieu, dans le Tome I de ses voyages, Ibn Batouta nous raconte un évènement assez singulier vécu par le Cheikh Boumedien à Damas :
«- On raconte que le vertueux cheikh Ahmed Errifâ’y, demeurait à Om Obeïdah dans le voisinage de Ouâcith et qu’entre lui et le saint Aboumedien Choaïb, il y avait ue grande amitié et une correspondance continuelle. On Assure que chacun d’eux saluait son ami matin et soir et que l’autre lui rendait les saltations. Le cheikh Ahmed avait prés de sa zaouia des palmiers, et une certaine année en les coupant selon son habitude il laissa un régime de dattes en disant : «ceci sera pour mon frère Choaîb». Ce dernier faisait cette année-là le pèlerinage et les deux amis se retrouvèrent dans la noble station de Arafat. Le domestique de cheikh Ahmed appelé Raslân était avec son maître pendant que les deux amis avaient lié conversation et que le cheikh racontait l’histoire de la grappe de dattes, Raslân lui dit : «si tu l’ordonnes, ô mon maître je l’apporterai tout de suite à ton camarade. Avec la permission du cheikh, il partit immédiatement et apporta bientôt le régime de dattes, qu’il déposa aux pieds des deux amis.
Les gens de la Zaouia ont raconté que le soir de la journée d’Arafat ils virent un faucon gris qui s’était abattu sur le palmier, avait coupé la grappe et l’avait transporté dans les ars.
A l’Occident de Damas est un cimetière connu sous la dénomination de Tombeaux des martyrs, on y voit plusieurs tombes entre autres celle du serviteur de Dieu le pieux Raslân, surnommé le Faucon cendré !»
Ensuite nous passons au deuxième témoignage :
Sidi Abd el-Khalaq Tûnsi, disciple d’Aboumedien Choaïb déclare avoir entendu son maître parler d’un homme appelé Mûssa et-Tayyar «qui volait dans le ciel et marchait sur l’eau !» :
«- Un homme, disait le cheikh, venait au début de l’aube afin de m’interroger sur des thèmes sur lesquels les gens sollicitaient des explications.
Un jour je fus certain que mon visiteur ne pouvait être que ce Mûsa et-Tayyar. Cette nuit fut pour moi longue à l’attendre tant mon impatience était grande. A l’aube on frappa à ma porte ; la personne qui venait chaque fois m’interroger se présenta devant moi
«-Es-tu Mûsa et-Tayyar, lui demandais-je ?
«- Oui me répondit-il !»
Ensuite, il me posa sa question, reçut mon explication, puis finit de partir. Le Lendemain, il était revenu mais cette fois-ci accompagné d’un autre personnage.
«- Mon ami et moi me confia-t-il avons fait la prière du sobh à Bagdad. Aussitôt après nous avons rejoint la Mecque juste au moment où les croyants s’apprêtaient à accomplir la prière du sobh à laquelle, bien évidemment nous avons pris part. Nous sommes restés dans l’enceinte d’el-Haram ech-Charif jusqu’à la prière du Dohr. Notre devoir à peine achevé alors même que nous répétions le salut rituel, nous avons pris la direction d’el-Qûds nous nous y trouvâmes à l’instant où les gens se préparaient à la prière du Dohr. Alors, mon compagnon me demanda si on pouvait les accompagner ? Je lui répondis que non !
C’est pour cette raison que nous nous présentons devant vous vénérable maître afin de savoir pourquoi nous avons refait notre prière du sobh à la Mecque et pourquoi nous ne sommes pas autorisés à refaire celle du Dohr à el-Qûds ?
«- Sachez, leur assura sidi Abû Medien Choaïb, qu’à la Mecque se situe la Source de la Certitude (Aïn el-Yaqîn) alors qu’à Bagdad on trouve la Science de la Certitude (Ilm el- Yaqîn). Et bien évidemment la Source de la Certitude prime sur la Science de la Certitude, ce qui interdit de faire ailleurs les prières accomplies à la Mecque !»
Les deux compagnons satisfaits de ce renseignement finirent de quitter le cheikh»
On attribue au cheikh Abou Abbes el-Morsy (mort le 27 Février 1286, suppléant d’abou el-Hassan Chadily) le récit suivant :
«- Sidi Abû Medien, qui était d’une bonne taille, blond tirant sur le roux, avec des yeux bleus et doux, auquel on demanda : quelles sont les sciences que tu possèdes et quel est ton rang ? Les sciences que j’ai acquises, répondit-il sont au nombre de 71 ! Quant à mon rang, je suis le 4 ème des Lieutenants et le premier des sept Remplaçants !»
«- Dans l’une de ses conférences, sidi Boumedien fut interrogé sur l’Amour de Dieu : le premier degré de l’amour répondit-il, consiste à invoquer constamment le nom de Dieu ; le second à se rendre familier avec Celui que l’on invoque, et le troisième, qui est le plus sublime, à détacher l’attention de toutes choses et n’avoir en vue que Dieu seul.»
«Précisons à l’occasion que la fonction que revendique Ibn Arabi (nous y viendrons ultérieurement) dans la sphère de la walâya (dans la progression méthodique dans la Voie) qu’à son point de vue, le seul maître dont il dépende ne soit et ne puisse être que le Prophète !
A cet effet cheikh al-Akbar emploie le verbe âyama pour décrire sa rencontre en mode physique avec l’imâm de la droite celui-ci a entre autres charges celles d’éduquer les afrâdes et la distinguer de sa rencontre en mode subtil avec l’imâm de la gauche.
Concernant l’identité du personnage qui assumait lors de sa rencontre avec Mahieddine la fonction d’imâm de la gauche certains indices suggèrent qu’il s’agit d’Abû Madyan. En effet Ibn Arabi affirme à maintes reprises que le saint de Bougie fut l’imâm de la gauche et qu’il succéda une heure avant sa mort au pôle précédent. Cette information lui a dit-il été communiquée par Abû Yâzid el- Bîstânî lors d’une vision ; de plus, il ressort clairement du récit qu’Ibn Arabi n’a jamais rencontré cet imâm de la gauche autrement qu’en esprit. Or dans une notice de Rûh el Qûds Ibn Arabi rapporte qu’Abû Madyan lui envoya un jour le message suivant : «En ce qui concerne notre rencontre en mode subtil, c’est entendu elle aura lieu ; quant à notre rencontre corporelle en ce monde, Dieu ne la permettra pas !
L’Imâm de la gauche comble, de ses bienfaits, sur ordre divin, les créatures sans qu’elles ne s’en rendent compte.» Et Ibn Arabi d’ajouter : «Il m’a comblé en m’annonçant une bonne nouvelle Par ailleurs, il m’a interdit de m’affilier (al-intîmâ) à ceux des maîtres que je fréquentais et me dit : «Ne t’affilie qu à Dieu car aucun de tous ceux que tu as rencontré n’a autorité sur toi. Mais c’est Dieu Lui-même qui t’a pris en charge dans Sa Bonté ! Mentionnes si tu veux les vertus de ceux que tu rencontres mais ne t’affilie pas à eux ; affilies-toi à Dieu !» (*)
(*) Il ressort de ce récit que quiconque attribue de son propre chef à Choaïb Abû Madyan un prétendu engagement aux côtés de Saladin se rend coupable d’une hérésie condamnable sans absolution !
«- il avait le don d’intuition et de lecture des âmes pratiquant au plus haut degré l’abandon à la volonté divine (tawakkoul) et l’insouciance du monde, il avait réalisé aussi pleinement que possible la station où l’on sait entendre partout et comme il convient la voix de Dieu!»
«- Sa maxime devrait figurer au fronton de tous les édifices publics : c’est la corruption du peuple qui enfante le tyran et c’est à la corruption des grands qu’est due l’apparition des fauteurs de troubles !»
«-Il insistait sur la nudité spirituelle n’arrive pas à la liberté parfaite celui qui doit encore quelque chose à son âme le coeur qui refuse les désirs est en paix !»
Cheikh Abû Medien disait : «L’aspirant (el mûrid) n’est véritablement tel, que lorsqu’il trouve dans le Coran tout ce à quoi il aspire. Dieu a dit que le cœur de son serviteur croyant Le contient : c’est cette descente du Coran dans le cœur du croyant que consiste la descente divine dans le cœur !»
«- Sidi Boumedien est qualifié de Ghoûts. Le Ghoûts est le Grand Secours, le sommet de la hiérarchie des saints !»
Comme le lui avait prédit Abou Ya’zâ Sidi Boumedien épousa par la volonté d’Allah la jeune femme noire qui lui donna un bon garçon Medien prénommé Abou Mohammed Abd-el-Haqq qui vécut à lombre de son glorieux père. Il mourut au Caire où il fut inhumé dans la mosquée du cheikh Abd- el- Qadir Ed-Dechtouty au lieu dit Birkat el-Qara’ (L’étang des courges) en dehors du rempart oriental de la ville. Au-dessus de son tombeau qui est visité par les fidèles, s’élève une coupole magnifique.
( A ce moment de notre récit nous ouvrons une parenthèse : ceux qui s’étaient fait l’écho de spéculations invraisemblables sur la nature des relations du calife Abou Youssef Yacoub el-Mansour avec le grand saint sidi Boumedien Choaïb se sont couverts d’opprobre, l’histoire finira de les jeter dans l’oubli pour avoir travesti la vérité !
Qui est le roi Abou Youssef Yacoub el-Mansour ? C’est le quatrième héritier du trône d’Abdelmoumèn Benali le fondateur de la dynastie Almohade laquelle érigea le plus brillant empire maghrébin de l’Atlantique au Tripolitaine et y compris l’Espagne musulmane. Le sultan Abou Youssef Yacoub fut assurément le plus illustre des califes : il aima la culture et les arts, protégea les artistes, les savants, les soufis et les hommes de Dieu. Puissant chef militaire, il infligea de cuisantes défaites aux rois chrétiens d’Espagne ! (*)
(*) A notre avis, pour cette raison, entre autres, les historiens coloniaux (les tout venants) prompts à dénigrer notre passé et notre religion, se sont fait un devoir de colporter sur ce noble prince des ragots incroyables !)
La vérité est toute autre : vers la fin de son règne AbouYoussel Yacoub el-Mansour s’était retiré du pouvoir qu’il avait confié à sa famille. Il s’adonna à l’ascétisme et aux œuvres de piété Selon l’auteur de la Risâla Ibn Abî Mansûr Safi-Eddin, le sultan avait depuis quelques temps décidé à s’engager dans la Voie ; il consulta à ce propos une sainte femme de Marrakech, laquelle lui avait recommandé de s’adresser à sidi Boumedien. Apprenant le vœu du sultan celui-ci se serait alors exclamé : «En obéissant à mon roi, j’obéis à Dieu, Gloire à Lui !» Cependant, s’adressant aux envoyés du sultan Yacoub, Abû Medien leur dit : «Mais je n’arriverai pas jusqu’à lui, je mourrai à Tlemcen. Saluez votre maître et dites lui que c’est auprès d’Abû el-Abbes el-Merînî qu’il trouvera la guérison, conclut le savant Ibn Abî Mansûr Safi-Eddin» ( A ce sujet Ibn Arabi rapporte dans le Muhâdarât al- abrar T.II p.92 que le sultan se plia aux désirs d’abû Medien !) Abû Yacoub Yussef mourut en 1199
Le vieux patriarche avait quitté Bougie, certes fatigué et malade, mais toutefois le cœur serein et l’âme en paix. Afin de dissiper les inquiétudes de ses accompagnateurs- remplis d’égards et pleins d’attention pour leur illustre hôte, le cheikh s’ouvrit à eux, leur confiant que «sa mort était prochaine et que Dieu avait décrété qu’elle ne devait pas survenir dans cette région. Le maître ne pouvait bien évidemment se soustraire à l’arrêt divin; c’est pourquoi le Très Haut lui avait envoyé de bonnes âmes afin de le transporter au lieu où il devait mourir!»
Ils voyagèrent dans les meilleures conditions. Sous la protection et l’aide d’Allah ils finirent d’atteindre le territoire de Tlemcen. «-Comme ils arrivèrent au bord de l’Isser au sommet d’une colline dominant Aïn Taqbalet, le vieillard voyant au loin le rîbât d’el-Aubbad qu’il connaissait bien, murmura : que ce lieu est propice au sommeil ! On installa le campement; le cheikh, tourné vers la Mecque, fit la «chahada, puis on l’entendit dire; «-Allah Haqq !Allah Haqq !» Ensuite, il rendit l’âme à son Créateur. Son corps fut transporté à «mesdjid errahma» où on l’enterra aux côtés de son frère en Dieu, Sidi Abdeslam Tounsi sur la tombe duquel Sidi Boumedien Choaïb avait tant prié.. Les Tlemceniens lui firent d’émouvantes funérailles : ils s’y rendirent en foule ; la pompe fut des plus solennelles et des plus grandioses. C’est en ce jour, nous dit Ibn Khaldoun qu’eut lieu la conversion au tasawwuf du cheikh Abou Ali Omar Ibn el-Abbès es-Senhadji, plus connu sous le nom d’el-Habbak (voir «L’Histoire des Beni Abd el-wâd d’après Yahyia Ibn Khaldoun»
En ce 13 Novembre 1197, une légende populaire merveilleuse court à Tlemcen, elle raconte ceci :
«- Lorsque, comme le veut la tradition, les gens s’alignèrent derrière le corps de Sidi Boumedien afin de prier pour lui, on vit venir un homme très beau de visage et très élégamment vêtu. Cet homme s’approcha, et, après avoir prié pour le mort, il s’écria : Dieu qui a permis que les âmes prient sur les corps, soit loué ! Après quoi il se retira. Nul ne sut d’où cet homme était venu, ni où il alla. On pense que c’est l’âme de sidi Boumdien laquelle, après avoir pris la forme d’un homme, vint prier pour son propre corps.»
On le voit : celui qui est devenu le saint protecteur de la cité mille fois bénie de Tlemcen, a choisi guidé par la volonté divine «cette terre parsemée de tombeaux, d’ermitages et de qoubba, ce lieu qui invitait au repos, el- Aubbad le séjour des hommes pieux où il avait déjà vécu des moments qui le préparaient à devenir le plus grand, le Qotb, le centre du rayonnement mystique, le ghoûts le suprême recours des âmes en peine »
Sidi Boumedien Choaïb ne partit rejoindre «la demeure éternelle, qu’après avoir formé mille cheikh directeurs de conscience. Il est l’un des éducateurs les plus éminents ; d’ailleurs sa renommée dispense de le faire connaître : il s’appelait Choaïb !» (*)
(*)Dans l’ouvrage «Soufis d’Andalousie» d’Ibn Arabi, en page 112, il est dit que le cheikh Mûsâ Abû Imrân es-Sadrani, de Tlemcen est disciple d’Abû Madyan. (qu’il avait, apprend-on selon d’autres sources renoncé à succéder sur le trône de son père ) et qu’il est «d’entre les Abdal. Il fit beaucoup de choses étonnantes», parmi lesquelles celle d’entendre un serpent mythique lui expliquer ceci : «- Que sur toute la surface de la terre aucune créature n’ignore la condition d’Abû Madyan depuis qu’Allah a révélé et proclamé Son amour pour lui. Parmi toutes les choses animées ou inanimées, il nen est aucune qui ne le connaisse et ne l’aime !»
(*) Abd-el-Haqq al-Azdi de Séville (mort en 1185) qui fut kharib de bougie lors de la révolte ds Bânu Ghaniyya entretenait d’étroites relations avec Abû Madyan qui sera selon les propres termes de cheikh el-Akbar «le maître par excellence d’Ibn Arabi Sidi Boumedien a très peu écrit ; on a cependant de lui quelques œuvres poétiques, des qaçida ainsi que divers recueils de sentences dont un, l’abrégé de Tohfat el-Arib, a été publié et traduit en latin par Fr. de Dombay.
Un dernier mot pour conclure : une note figurant en page 451 «des Voyages d’Ibn Battouta T.I» précise ceci : « les descendants de sidi Boumedien Choaïb, le saint protecteur de Tlemcen, ont fondé au XIVème siècle, le waqf (fondation pieuse) Abû-Madyan le long du mur du Temple de Jérusalem, autour de la Porte des Maghrébins de la Mosquée El Aqsa, enclavant le Mur des Lamentations !»
5 février 2012
Chroniques