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Le Jasmin et le musc de Lamine Raouf et Réda Sanou Un manifeste pour une autre Algérie

5 février 2012

1.LECTURE

le 10.01.12 | 01h00

 Le jasmin et le musc, le premier roman du duo Lamine Raouf et Réda Sanou, édité par l’Harmattan, aurait pu être un essai décapant sur la déliquescence algérienne.

Il aurait pu être aussi un pamphlet sans pitié contre ceux qui tiennent le gouvernail du bateau Algérie. Et sous la plume acide de nos deux auteurs, ce bateau est évidemment ivre. Mais pour attaquer un tel sujet et décrire comment le fleuve démocratique de l’Algérie indépendante a été détourné, il fallait des personnages, des noms et des lieux pour construire une trame romanesque. Mais le lecteur comprendra au bout de quelques pages que l’histoire est à peine… fictive. Hassan Amenefi, Ali La Toussaint, et Mourad Benssadi pour justifier cette mince distance entre un roman et un brûlot politique.

Le lecteur est tout de suite plongé dans les eaux de la baie d’Alger à l’arrivée du Mistral, ce navire en provenance de Phocée (Marseille) qui allait débarquer Hassan Amenefi, enfin de retour chez lui. Ce chercheur en agronomie, qui a fui l’Algérie durant les années de braise, revient les idées plein la tête, pour se lancer dans un projet fou : relancer l’agriculture saharienne. Avec ses amis d’enfance, Ali Aghrib et Mourad Benssadi, ils décident d’entamer l’aventure pour produire en Algérie autre chose que «l’huile de la pierre» (pétrole). Mais, à mesure que leur projet prend forme, les chausse-trappes, la bureaucratie et même les menaces, refroidissent l’ardeur dévorante des aventuriers en terre de «Zizéra» (Algérie).

La blancheur éclatante d’Alger perçue par Hassan Amenefi et son compagnon de voyage, le professeur Vypa, à partir de la rambarde du Mistral, cachait finalement une bien sombre gestion des affaires du pays. Ce sera le premier ressac de cette volonté de faire bouger les choses en Algérie. A vrai dire, l’image de ces centaines de conteneurs débarqués au port de «Zizéra» donnait déjà à Hassan un avant-goût de la réalité de l’économie algérienne. Jadis grenier des Puniques et des Romains, elle est devenue le réceptacle de toutes sortes de marchandises venues d’ailleurs. Et en rentrant chez lui, Hassan découvre, stupéfait, que sa ville a changé. Dans le mauvais sens.

Il regrette presque le départ des Massasliens (les Français) après la «rétrocession» (l’indépendance). Il se met alors à penser aux années durant lesquelles musulmans, juifs et chrétiens vivaient dans la paix et la sérénité dans une «Zizéra» ouverte et tolérante.

L’aventure algérienne

Mais, entre-temps, beaucoup de sang a coulé, et le musc assimilé dans le texte à la poussée islamiste et ses avatars, a étouffé l’odeur du jasmin, symbole de la tolérance et de la cordialité. Le jasmin est aussi un clin d’œil à l’œuvre  «positive» de la France en Algérie. Une affirmation osée des auteurs, alors que la guerre des mémoires fait encore rage entre la France et l’Algérie. Les personnages du roman évoluent donc sur un terrain miné. Il y a d’un côté les tenants de l’affairisme économique, qui ont décrété la chasse ouverte contre les intellectuels de l’école française, et les islamistes radicaux, prêchant le largage des amarres avec les Massasliens. Hassan Amenefi, Ali (Aghrib) La Toussaint, et Mourad Benssadi se rendent compte qu’ils n’ont plus de place dans leur «Zizéra».

Hassan a dû retourner «chez lui» en France pour se remettre à rêver. Mourad et Ali ne vont pas tarder à le rejoindre pour d’abord sauver leur peau. Ce retour et ce départ y sont décrits comme celui des Massaliens (Français d’Algérie) en 1962, sauf qu’il s’agit là des Algériens contraints de quitter leur pays, le cœur gros comme ça. Pas pour longtemps, puisque aussitôt arrivé à Phocée, le trio cogite déjà les détails d’un retour en Algérie, armé d’une grosse volonté cette fois pour «briser le silence». Une fin qui sonne comme un manifeste pour une Algérie meilleure, véritablement réconciliée avec ses enfants. Tous ses enfants.

Le jasmin et le musc est un livre détonant qui montre l’Algérie à l’état cru. On peut cependant ne pas partager avec les auteurs cette vision un brin nostalgique de la présence française en Algérie, qui ne fut pas aussi flamboyante qu’elle y est décrite. Mais pour ceux qui veulent noyer leur chagrin, ce roman est fait pour eux.

Hassan Moali

© El Watan

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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