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Chez le bouquiniste. Le message de Djenen Page de (dés)espoir

5 février 2012

LITTERATURE

le 10.12.11 | 01h00

L’écrivain Abderrahmane Zakad raconte une histoire, pièce à l’appui.

Les étagères ou les étals des bouquinistes réservent toujours des surprises quand on s’y attarde. Des auteurs oubliés, des livres qu’on se rappelle avoir lus, d’autres que l’on croit avoir lus en les liant à des moments de notre vie. D’ordinaire, c’est le livre qui est la surprise. Mais parfois, la surprise est hors du livre, pas dans le livre. Cette page, reproduite ci-contre, je l’ai trouvée à la fin d’un roman, Anne Prédaille de Henri Troyat, édité en 1973. J’ai acheté ce livre chez Mouloud, le bouquiniste de L’Etoile d’Or, rue Didouche Mourad à Alger. Elle semble avoir été écrite au milieu des années quatre-vingt-dix.

Depuis que je l’ai lu, ce texte court, jeté à la fin d’un livre, sur une page jaunie, me hante littéralement. Quel message veut nous transmettre cette jeune fille, Djenen, à moins que ce ne soit Djaneh ? Peu importe qui elle est précisément. Une jeune Algérienne qui lance un appel de détresse. Elle veut quitter son pays. Peut-être est-ce un appel pour qu’on l’aide ! Son message au recoin d’un vieux livre ressemble à une bouteille à la mer.

Je vous le transcris tel qu’il est, dans ses lettres hésitantes de stylo bille, avec fautes et intentions : «Mon rêve. Depuis mon enfance j’ai rêver de quitter l’Algérie à l’éternité. Je pense qu’il viendra se jour est nya que premier brat qui compte. Djanen.» Je me suis permis de le corriger pour votre bonne compréhension : «Mon rêve. Depuis mon enfance, j’ai rêvé de quitter l’Algérie pour toujours. Je pense que ce jour viendra. Il n’y a que le premier pas qui compte. Djanen». Depuis, je ne cesse de penser à elle, au point que j’ai oublié l’histoire de cette Anne Prédaille pour imaginer celle de Djanen.

Qui est donc cette Djanen que je ne rencontrerai sans doute jamais ? Où est-elle maintenant ? De l’autre côté de son rêve d’exil définitif ou dans une chambre à Alger, gribouillant de nouveaux messages ?
Ne représente-t-elle pas cette jeunesse désemparée pour qui l’avenir est incertain ? Que faut-il faire ? Ce message est finalement bien un appel à l’aide. Est-ce simplement le message d’amour d’une jeune fille qui demande qu’on s’intéresse à elle. Tous les garçons et toutes les filles de son âge demandent que l’on s’intéresse à eux. Ils ne demandent que cela. Alors, faisons-le. Approchons-nous d’eux. Abordons-les. Cassons les tabous. Discutons avec eux !

A. Z.

© El Watan

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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