Le Café littéraire Mohammed Boudia a abrité, au siège de la Fondation Casbah, une conférence ayant pour thème “Le partage d’un regard nouveau sur la capitale”, agrémenté de cartes anciennes, d’animation ainsi que de photographies aériennes récentes de la ville. Contrairement à ce qui a été rapporté çà et là, l’objet de cette rencontre a été conçu de manière à inviter l’assistance à saisir une nouvelle dimension pour la compréhension et la connaissance de la capitale. Grâce à la pédagogie de l’architecte-urbaniste Halim Faïdi, il a été donné d’observer des représentations de l’évolution de la cité, depuis le temps où elle était un fort imprenable jusqu’à nos jours. Mieux, la ballade s’est étendue sur une échelle “macro” d’une soixantaine de kilomètres linéaires, le long de la baie avec des arrêts momentanés sur des quartiers choisis de la ville, dont La Casbah. Un instant de bonheur en partage dont il n’est resté qu’une polémique autour du métro d’Alger alors que cette édifiante et belle réalisation ne faisait pas partie de l’argumentaire du conférencier. Mais alors, me diriez-vous, pourquoi cette levée de boucliers, réduite par certains relais à une mise au point des représentants du ministère de la Culture et de l’Entreprise Métro d’Alger (EMA) “pour mettre fin à toutes les rumeurs portées par des voix qui s’érigent en défenseurs de La Casbah et qui crient au danger que peuvent engendrer les travaux de réalisation de la deuxième extension du métro d’Alger”. Particulièrement surexcités lorsqu’ils s’agit d’emprunter de tortueux raccourcis, quelques clercs pousseront l’outrecuidance jusqu’à soutenir que “des voix se sont élevées dernièrement pour instaurer un climat de psychose, faire croire aux habitants que les travaux d’extension de la ligne Grande Poste-Place des Martyrs constituent une menace pour les quartiers qu’elle traverse tout en insinuant que notre patrimoine culturel est mis en péril par la faute du métro.” Il ne restait à certains esprits étriqués et dogmatiques qu’une référence, en bonne et due forme, à un plan “ourdi par l’impérialisme mondial et la réaction régionale dont la Fondation Casbah et l’architecte Halim Faïdi seraient les postes avancés…” Pour rassurer le citoyen, privé auparavant de toute information sur la question, il était de bonne guerre d’improviser à la hâte un bûcher à l’effet de réduire en cendres ceux qui seraient “en retard de deux guerres”. J’espère que l’on ne fait pas référence à celle décisive, à la Révolution nationale du 1er Novembre 1954 qui a vu La Casbah éternelle offrir en offrande ses meilleurs enfants alors que ses défenseurs de toujours continuent à être voués aux gémonies, victimes de négation, de délits de faciès et de leur extrait de naissance. Que les trois conférenciers (quelle disproportion) aient écarté d’un revers de la main tout danger sur le patrimoine urbanistique et archéologique environnant, le citoyen ne peut que s’en réjouir ! Sauf qu’il est pour le moins curieux que la wilaya d’Alger n’ait pas été associée au débat, impliquée pourtant qu’elle est dans la sauvegarde de La Casbah comme dans l’avenir pluriel de la Capitale. La question mérite d’être posée, même si la Capitale, à l’instar d’autres villes emblématiques du pays, n’a jamais eu le privilège de compter sur des Walis et autres responsables locaux en mesure d’exhumer son identité séculaire enfouie qu’elle demeure sous les couches de la négation, de l’intolérance et de la haine de la citadinité. Pour autant, cela n’enlève rien au mérite des ministères de la Culture et des Transports qui ont réussi à s’entendre pour que les travaux de réalisation du métro d’Alger soient adaptés aux exigences de la modernité et à la nature du site qui renferme des vestiges archéologiques deux fois millénaire. Toutefois, je recommande instamment aux promoteurs de la conférence de presse du Forum d’El Moudjahid de se rapprocher de la Fondation Casbah pour apprendre une fois pour toutes que la basilique romaine se trouve sur l’emplacement où a été construite en 1097 La Grande Mosquée d’Alger par les mourabitoune et que l’Hôtel de la Régence a été édifié sur les vestiges de la mosquée Es-Sayyida, complètement rasée par la soldatesque coloniale en 1832…
(À suivre…)
A. M.
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4 février 2012
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