C’est à la maison de la culture Zeddour Brahim, tout près de la bibliothèque municipale d’Oran, l’ex-Cathédrale, qu’aura lieu ce jeudi 2 juin 2011 à partir de 14 heures, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’enfance, la vente-dédicace du roman « Itinéraire d’un Cadet » de l’écrivain algérien Korib Brahim. Notre quotidien s’est procuré le roman avant sa mise en vente et l’écrivain nous a accordé une interview exclusive.
Réflexion : L’Algérie est un pays où règne la tradition orale. Le meddah n’étant autre qu’une projection du griot africain, qu’avez-vous à dire à ceux qui comme vous ont longtemps hésité avant d’accoucher « leurs mots à dire » pour ne pas dire les consigner sur des parchemins?
M. Korib Brahim : Notre griot à nous se perd et se morfond. Il n’a plus d’ouailles à l’ère de l’internet, de la télévision et de l’Algérie moderne, lui qui a tant contribué à l’éveil des consciences dans une Algérie longtemps colonisée, exploitée et opprimée. L’écrivain des temps modernes n’est qu’une forme évoluée du meddah, du troubadour et du griot. Il ne diffère de ces derniers que par le fait qu’il rêve et fait rêver en emprisonnant le verbe, le gravant à jamais et ne lui laissant aucune échappatoire. De belles plumes, j’en connais un bon paquet et il n’y a pas de piètre plume qu’une plume oisive ; que ceux qui ont des choses à dire se mettent à écrire.
Réflexion : Vous venez de signer votre premier roman « Itinéraire d’un Cadet ». Est-ce votre biographie ?
M. Korib Brahim : Modestie oblige, je vous dirais simplement que c’est la biographie d’une pléiade de braves gens. Des gens qui se ressemblent à maints égards, car il fut un temps où rien ne dissociait les gens, les écoles, les villes, les chaumières, les campagnes ou les souks de ce beau pays. La copie conforme était générale. Pour mon roman, je me situe dans le tas.
Réflexion : Savez-vous que nous savons à Réflexion ? Le personnage principal votre roman que vous avez dédié à votre épouse Zahra et à votre fils Nassim, s’appelle Omar, et qu’après des études il embrassera la carrière militaire… Mais aussi que vous venez de terminer une nouvelle qui traine sur votre bureau et que vous avez un deuxième roman dans la caboche ?
M. Korib Brahim : Absolument vrai. (Rires). Comment savez-vous cela ?
Réflexion : C’est moi qui pose des questions. Comment connaissez-vous Réflexion ?
M. Korib Brahim : J’ai connu votre journal par le biais du cabinet médical de mon ami l’éminent docteur oranais Bouchareb Bilal.
Réflexion : Voilà résolu le nœud gordien. Vous racontez, entre autres, dans votre roman l’enfance dans l’Algérie profonde. On la sent vibrer en Omar jusqu’à la dernière page, dit-on. Vous l’aimez tant cette Algérie ?
M. Korib Brahim : Et comment ? (Rires) Je n’ai que ça à faire.
Réflexion : Où vous situez-vous dans les courants littéraires du XXIème siècle ?
M. Korib Brahim : C’est aux critiques de me classer. Je ne puis vous dire si je suis du courant existentialiste, objectiviste, prolétarien ou surréaliste. Je n’y pense même pas. L’avenir saura abriter mes œuvres là où elles devraient être. Peut-être que dans la foulée, pour l’instant, je me classerais volontiers dans le courant « nouveau roman », c’est moins solennel.
Réflexion : Il parait que la journée de vente-dédicace que vous organisez le 2 juin 2011 est un peu particulière ?
M. Korib Brahim : Effectivement. Vous verrez une chose rare. Pour la première fois, peut-être, dans l’histoire de l’humanité, un écrivain sera entouré de ses personnages.
Réflexion : Un dernier mot.
M. Korib Brahim : Je me demande comment vous vous êtes procuré tant d’informations sur le roman « Itinéraire d’un cadet » que je garde jalousement, une nouvelle que je compte publier prochainement et un roman que je suis le seul à en connaitre l’existence puisqu’il est dans ma tête. Je profite de l’occasion pour saluer par votre biais les lecteurs et tout le personnel de Réflexion.
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4 février 2012
LITTERATURE