Car on tue quand on ferme les yeux ou qu’on tourne le dos ou qu’on sirote son café en analysant sans fin comme un satellite et pas comme un être humain. Parloter sur l’OTAN, la France qui s’intéresse à la Libye, de l’Occident qui calcule son coût de repas et de butin, ou de jeux de puissances est un meurtre par la langue et un scandale par le cœur. En Syrie, il ne s’agit pas d’un jeu vidéo, d’un domino qui penche, d’une illustration de théories ou d’un entêtement ou d’un feu antibrouillard. Il s’agit de vies d’hommes et de femmes et d’enfants.
En Syrie, quand les gens tombent morts, ils ne se relèvent pas après. Quand ils crient liberté, ce n’est pas contre 50 euros le figurant. Quand ils hurlent de douleur, ce n’est pas une analyse mais de la compassion qu’ils attendent. La vie est humaine et doit le rester. Trop d’analyses tuent l’humanité de celui qui regarde et de celui qui écoute. Les syriens sont donc seuls. Cernés par la mort, l’indifférence, les analyses et des millions de tasses de café de gens qui les regardent en parlant de complot, de stratégie, de la Ligue arabe, du Qatar ou de l’inutilité de se soulever pour demander la liberté. Le contraire de compassion n’est pas indifférence, mais crime et assassinat passifs.
4 février 2012
Chroniques