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Mémoire de la chair d’Ahlam Mosteghanemi L’histoire d’un roman

2 février 2012

LITTERATURE


Publié le Mercredi, 21 Décembre 2011 17:46
Écrit par Mussa Acherchour
Mémoire de la chair d’Ahlam Mosteghanemi L’histoire d’un roman    dans LITTERATURE 465577-gf_200_200

 

Inexpiable, mortelle révélation que celle qu’a faite ce journaliste tunisien visiblement trop voyeur et qui donnera de l’enfante de Constantine l’image d’une simulatrice accomplie. La mise à nu étant ici synonyme de péché capital et de mort certaine pour l’écrivaine.

L’inconscient, la psychanalyse, voilà un domaine qui lui collera à la peau. Jusqu’à sa propre déchéance. Dans «ses» romans, elle aimait tant analyser les êtres, elle ne laissait pas un personnage passer sans chercher à dévoiler tout ce qu’il refoulait, tout ce qu’il est par soi-même. Cela convient si bien, dira-t-on, à son style foncièrement et originellement poétique, érotique à quelques égards. Tout cela devra lui servir à mieux sentir la frustration des autres, celles de ses compatriotes en particulier. Elle remonte aux origines de la violence, aux émeutes d’octobre 88 où Hassan le frère de Khaled, personnage principal de Mémoire du corps ancien militant de la cause nationale désenchantée, a été tué. Son univers esthétique et romanesque se verra néanmoins multiplié, diversifié tant sur le plan géographique que sur le plan proprement humain et littéraire. L’Algérie ne sera alors qu’un prétexte pour raconter toutes les misères arabes. L’amitié de Khaled avec un poète palestinien en exil est une manière à elle d’unir le destin des intellectuels arabes, qui est son propre destin, puisqu’elle a vécu toute sa vie en Orient.

LE ROMAN  Mais, Dhâkiret el-djassad est avant tout le parcours de son Algérie natale depuis cinquante ans. Si la trame doit suivre une certaine logique narrative et intrinsèque, l’arrière-fond ne pouvait être que nostalgie, où le romantisme aura raison d’une certaine manière du nouveau réalisme de la littérature arabe contemporaine. Elle prit, en effet, sur elle le risque de plonger dans les labyrinthes de l’histoire en racontant une histoire d’amour. Retour à la réalité, Khaled révolté et amer s’interrogeant : «Je ne m’attendais jamais à ce qu’arrive un jour, un quart de siècle après la révolution, où un Algérien comme moi viendrait me dépouiller de mes habits, de ma montre et de tous mes objets avant de me foutre, au nom de la révolution dans une cellule, cette même révolution qui m’a déjà dépouillé de mon bras. »
La critique qui a affublé Ahlam de toute sorte de glorification à la sortie de ce roman (12 éditions en l’espace de quatre ans, de s dizaines de milliers d’exemplaires vendus et traduits déjà dans une dizaine de langues, lauréate du grand prix Naguib Mahfouz l’année passée) en situe généralement l’originalité dans le fait qu’elle a su y joindre l’audace à la langue poétique ; «c’est l’un des romans les plus importants de la décennie écoulée», a-t-on pu lire dans un article sérieux. L’auteur est considérée, en outre, comme la première poétesse arabe à avoir écrit un roman depuis ces 20 dernières années. 
A une revue arabe, elle a déclaré un jour à propos de «son» expérience : «J’ai écrit le roman sur moi-même, mue par une sincérité extrême. Et par une très lourde mémoire nationale et militante. Et je pense qu’une mémoire nationale telle que celle-ci ne peut pas être racontée par une femme, seul un homme peut refléter sa vigueur. J’aurais voulu que le narrateur soit un homme pour qu’il puisse raconter sa tragédie qui le lie à sa patrie, parce que cela aurait pu être plus douloureux et raconter aussi tout le mal que la femme lui a fait. Aussi, ne puis-je confier un roman d’une telle dimension historique à la voix d’une femme, parce que cela, que je veuille ou pas, ferait perdre sa valeur. » 
LA FEMME   «L’écriture pour moi est un plaisir, et je ne la pratique que vue sous cet angle-là, expliquait-elle dans le même entretien. Moi j’aimerais que l’on me juge comme écrivain sans aucune autre considération, quelle soit de sexe ou autre. » Innocemment, elle avoue que «la plus belle chose» qui ait été dite sur son roman Mémoire de corps, c’est : si on enlevait la couverture du livre, on ne saurait jamais qui en est l’auteur, un homme ou une femme. Ce qu’on sait en tout cas sur ce point, c’est qu’elle n’aime pas trop l’écriture dite féminine. Ses modèles s’appellent : Kateb Yacine, Malek Haddad, pour n’évoquer que ces deux Constantinois francophones. Dans une autre interview, elle lance une jolie phrase plutôt suggestive : «Lorsqu’on perd un bien-aimé on écrit de la poésie, lorsqu’on perd une patrie, on écrit un roman. » 
Car, s’il y a un thème qui obsède Ahlam Mosteghanemi dans le roman, c’est l’arrachement : l’exil, la violence, l’amour déchu. 
L’HOMME Au commencement, il y eut cet article bombe que le journaliste critique tunisien Karem Charif sort dans la presse arabe il y a une deux semaines, repris par plusieurs journaux, où il fait cette révélation «sous toutes réserves». Sa source, il la tient des commensaux même du poète irakien, Youcef Saâdi, en exil depuis vingt ans, à qui il a susurré cette confession dans un café au bord de la Méditerranée, sans préciser cependant la date ni l’endroit exact. Le poète reconnaissait que la poétesse, son amie de longue date et fort probablement aussi sa maîtresse, lui passait tout ce qu’elle écrivait et que lui lisait et réécrivait et qu’il a dû relire le manuscrit plusieurs fois avant de le réécrire une dernière fois pour obtenir la version connue sous forme de roman. L’auteur de l’article intitulé «La mémoire de l’homme efface la Mémoire du corps », appuie les dires du poète par un passage tiré dans un recueil du poète paru en 1997 où il écrit en guise de «dédicace» plus qu’allusive à ses yeux : «A propos de celles qui écrivent un roman célèbre : si c’est toi qui as écrit ton premier roman / feignant d’oublier ta première conduite / de peur ou de lassitude/ pourquoi alors tout ce bordel ? / Toujours les mots te prennent.. Mais où ?/ Comme si tu étais faite de mots/ Et comme si ta vie n’en était pas une/ Tu peux toujours disserter sur «les secrets» de ton premier roman/ On continuera à dire de toi que tu es Virginia Woolf/ D’accord, mais tu sais mieux que quiconque quelle est la terre de ton premier roman. » Fin du poème, fin d’une gloire ?                                   

Mussa ACHERCHOUR

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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