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Ils prennent pour de la peur, le respect qu’on leur témoigne

2 février 2012

BILLET


Publié le Jeudi, 02 Février 2012 07:26
Écrit par Didi Baracho

Par Didi Baracho

Nous autres les Indigènes sommes les rois de la piraterie depuis Barberousse et les maîtres du piratage depuis Ben Bella et Boumediène. C’est donc sans aucun mal qu’un collègue de beuveries, un autre pilier de comptoir s’il en est, a réussi à télécharger plus qu’illégalement le film El Gusto, projeté, depuis quelques semaines, dans les salles obscures françaises.

Connaissant mon penchant pour le chaabi algérois et mon attachement à l’ensemble du patrimoine culturel algérien dilapidé par ces responsables importés qui nous gouvernent, mon acolyte s’était empressé de m’offrir cette belle production artistique qui, je dois l’avouer, m’a invité à voyager dans le temps.

En découvrant les élèves de Hadj M’hammed El Anka et la reprise de certaines de ses œuvres, je n’ai pu m’empêcher de penser à notre Alger d’antan, celle que les débarqués de 1962 ne sauraient connaître. J’ai revu cette Casbah, délaissée, abandonnée, méprisée par ceux qui préfèrent Oujda à toutes les villes Indigènes. J’ai débouché une bonne bouteille, du Saint Émilion, en réécoutant « Soubhan Allah Ya’l’ltif ». Un passage me rappela que Boumediène, Bouteflika et leurs émules n’aimaient pas El Anka, notamment cette poésie et, entre autres, ce passage : « On s’imagine que tout est accessible, qu’il suffit d’y faire main basse et l’on traite d’impotent le dernier arrivé. » ou encore « Il est certaines personnes qui prennent pour de la peur le respect qu’on leur témoigne. »

Ya Bou rab ! En réalité, jadis les choses n’étaient guère différentes. C’était le même système. Les « grands patriotes » venus d’Oujda ou de l’armée française étaient déjà là. Par contre, nous les Indigènes étions différents. Nous avions, contrairement à aujourd’hui, des artistes, munis de leur talent, ne ressentant guère le besoin de faire allégeance au monarque, nous disposions d’une société ne répondant pas aux chants de la corruption et de l’argent facile. Nos imams étaient tolérants, nos footballeurs géniaux, nos villes belles et nos âmes rassasiées malgré les privations et l’arbitraire.

Je vais m’arrêter là, l’écoute du chaabi peut m’emmener très loin. Je préfère me servir un doigt de Ballantines et me suffire de la dégustation d’El Gusto qui ne risque pas d’être diffusé dans les salles de Khalida Toumi, surveillées de très près par les censeurs de Belkhadem. De plus, Attention ! Ce film évoque l’amitié « judéo-musulmane ». Mais chuuuut ! Ça, c’est vraiment une autre histoire. Alors, malgré tout, vive les Indigènes !

didi.barachodz@gmail.com

 

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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