- Publié le Samedi, 21 Janvier 2012 17:15
- Écrit par Ali Graichi
Les titres qui ont eu le courage de publier les bonnes feuilles du livre de Sifaoui ont tous insisté sur les révélations concernant les grands dossiers qui ont chahuté les vingt dernières années. Assassinat de Boudiaf, enlèvement puis décapitation des moines de Tibhirine, exécutions extra judiciaires…Certes, les investigations qui ont précisé les causes et permis de mieux cerner les acteurs mêlés à des évènements qui ont traumatisé la nation sont utiles. Pourtant, l’ouvrage présente un autre intérêt. Le fil conducteur qui revisite l’underground politique de l’Algérie depuis l’assassinat de Abane jusqu’à nos jours permet de mieux appréhender l’une des histoires les plus tragiques de la décolonisation. Comment la police politique, survivant aux aléas politiques internes et externes, renait de ses cendres et reprend toujours la main dans un pays où le capital symbolique, la qualité et le nombre de cadres, les ressources naturelles et la position géopolitique offraient, plus qu’ailleurs, les conditions pour l’émergence d’une citoyenneté souveraine irrigant le destin commun. Ce n’est pas la première fois qu’un auteur pointe du doigt les services spéciaux en tant que responsables de l’impasse nationale mais le décryptage de la genèse et du fonctionnement intime de cet organe apporte un éclairage nouveau sur la carte politique du pays. En ce sens, le livre de Sifaoui est une clé précieuse qui mène au couloir de la mort algérienne. Il faudra que d’autres initiatives enfoncent les portes des cellules où ont avorté tant d’espérances.
Histoire secrète de l’Algérie indépendante : l’Etat DRS. 375 pages. 21 euros. Editions nouveau monde.
2 février 2012
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