Sur les rayons des librairies de la capitale trône un gros livre dont la couverture nous plonge dans le port d’Alger.
Il s’agit d’ Alger, un passé à la carte de Nadir Assari, paru récemment aux Editions Dalimen. Dès que l’on feuillette les pages de ce «beau livre» ,on n’a qu’une seule envie : nous enfuir avec pour le déguster comme on le ferait avec notre plus grande gourmandise : le chocolat ou les macarons. Un ouvrage d’une richesse inouïe. Un travail de fourmi entrepris par l’auteur depuis de nombreuses années afin de nous raconter la ville qui l’a vu naître : El-Djazaïr. Alger à ses premiers balbutiement non pas du point de vue du colonisateur paternaliste et arrogant, mais sous le prisme d’un Algérien. «Beaucoup d’écrits existent sur Alger à l’époque coloniale… Et cela semble s’apparenter à un accaparement à leur profit exclusif de l’histoire de notre ville, pour cette période… Souvent, ils font l’apologie de la colonisation, évoquant les faits d’armes des soldats et de leurs chefs contre les “indigènes arabes“. Ils s’attardent sur les réalisations de la France sans évoquer contre les Algériens et les saccages des monuments de la ville…» p.13. Page après page, l’histoire d’Alger s’égrène. Des textes au vocabulaire simple, sertis d’une iconographie rare. Une balade à travers Alger : ses quartiers, ses rues, ses places, ses squares, ses sites, ses monuments, ses mosquées, ses cinémas, ses théâtres, sa Casbah… Dans la dernière partie d’Alger, un passé à la carte, Nadir Assari répertorie les dates de création ou de destruction des principaux monuments de la capitale entre 1830 et 1962. Tous les moyens de transport existant à l’époque sont signalés (tramway, trolleybus et autocars pour les liaisons interurbaines). Salles de cinéma, théâtres, casinos, librairies, grands magasins, lycées, musées, jardins publics avec leur emplacement exact et leur devenir, rien n’a été laissé au hasard par l’auteur. Un travail de longue haleine pour mieux nous aider à imaginer le tissu urbain de la capitale il y a plus d’un siècle. Une mine d’informations qui nous entraîne de surprise en surprise. Ainsi, on apprendra par exemple que Rachid Ksentini, Mahieddine Bachetarzi et Maâlma Yamna se sont souvent produits dans Le Kursaal, un théâtre qui a ouvert ses portes en 1903 près de la caserne et à l’entrée de l’avenue Bab-El- Oued et qui a été démoli en 1928 (p.48, 49 et 50).«Il importe d’éclairer nos enfants sur l’histoire de leur ville au passé millénaire, mais aussi de raviver les souvenirs des plus anciens, parfois dans le souci d’un plaisir partagé, mais quelquefois aussi dans le rappel des faits tumultueux liés à la colonisation», rappelle l’auteur dans son introduction. Un ouvrage surprenant, enrichissant et attachant à se procurer au plus vite. Nadir Assari est né le 26 octobre 1945 à Alger. Il a grandi au sein d’une famille lettrée. Après des études primaires à l’école Picardie, puis à celle de la rue Larrey, il entre au lycée Bugeaud (Emir-Abdelkader) en 1956 pour en sortir en 1964 titulaire d’un bac en sciences expérimentales. C’est sur les bancs de ce lycée que vont naître ses vocations dans le domaine du dessin, de la littérature et de la musique.
Sabrinal
Alger, un passé à la carte, Nadir Assari, Editions Dalimen 2011, 418 pages, 4 000 DA
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/01/30/article.php?sid=129544&cid=16
30 janvier 2012
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