«J’espère que les chants cannibales traduiront la palette de mon écriture qui change en fonction des atmosphères et des rythmes que j’essaye d’articuler autour de mes personnages.» C’est en ces termes que Yasmina Khadra présente son dernier ouvrage Les chants cannibales.
Douze nouvelles dans lesquelles on retrouve tous les ingrédients qui ont forgé la notoriété de cet ancien cadet de la Révolution : l’imagination, les métaphores, un vocabulaire riche, un style fluide… Bref, tout ce qu’on aime. «Yamaha, l’homme qui riait» évoque le souvenir de la mascotte du club sportif CRB. Yamaha, c’est son nom, a été lâchement assassiné par le GIA durant la décennie noire. Cet enfant de Belcourt, véritable boute-en-train, ne vivait que pour sa passion : le football. Il était célèbre à travers toute l’Algérie. «Le téléspectateur algérien avait appris à l’aimer à travers les retransmissions des grands rendez-vous sportifs. Constamment sollicité, il mettait le feu aussi bien au stade du 5-Juillet que sur un terrain de handball. Lorsqu’il giclait telle une gerboise des vestiaires, l’ensemble des caméras se déportait sur lui pendant que les gradins croulaient sous les ovations…» (p. 128). Dans une autre nouvelle intitulée «L’Aube du destin», l’auteur tente d’imaginer quelles étaient les dernières minutes d’Ahmed Zabana avant que ces bourreaux lui ôtent la vie en ce 19 juin 1956 à 4 heures du matin, à la prison de Serkadji, faisant de lui le premier combattant à être guillotiné durant la guerre. «Une toile dans la brume» raconte l’histoire d’un artiste peintre qui à force de végéter en Algérie tente la harga. Le rafiot sur lequel il embarque à Ghazaouet avec sept autres passagers clandestins fera naufrage. Aura-t-il la chance de s’en sortir vivant ? «Holm Marrakech» met en scène l’histoire de Jean Gastel, un milliardaire menant grand train de vie à Paris. Blasé par tout ce clinquant et les mondanités, le golden boy décide de s’offrir une petite parenthèse loin du tumulte de la vie parisienne. Il se réfugie dans une palmeraie à Marrakech où il va vivre une étrange aventure.
Sabrinal
Les chants cannibales de Yasmina Khadra, Casbah Editions, 2012, 205 p.
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/01/28/article.php?sid=129417&cid=16
28 janvier 2012
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