«J’étais né dans la classe laborieuse et à l’âge de dix-huit ans, je me trouvais en dessous de mon point de départ. J’étais dans la cave de la société, dans les profondeurs souterraines de la misère dont il n’est ni plaisant ni convenable de parler.
J’étais dans la fosse, les abîmes, la fosse d’aisance humaine, les abattoirs et le charnier de notre civilisation. C’était la partie de l’édifice de la société que la société choisit d’ignorer.» (Jack London, Ce que la vie signifie pour moi, 1906). La société algérienne, à l’image de ce qui se passe en Occident en période de récession, est en proie à des mécontentements : salaires, emplois, cherté de la vie, logement, santé… Les jeunes surtout, au-delà de la diversité de leur situation face à la précarité induite par le chômage endémique qui sévit désormais dans plusieurs wilayas, constituent un signe avant-coureur de leur capacité d’ébranler les institutions en place et de bouder les prochaines élections électorales, l’abstention qui hante la famille politique. Il serait imprudent de rattacher les origines de ces mécontentements sporadiques, mais qui ont tendance à s’étendre comme une traînée de poudre sur tout le territoire national, à des motifs autres que ceux qui ont contraint à faire agir dans un sens unique : la «mal-vie». Et c’est bien à l’aspiration d’une vie décente qui a incité les citoyens dans la majorité à revendiquer l’amélioration de leur sort et à faire usage de la seule action efficace dont ils peuvent disposer : «Sortir dans la rue». Il n’est plus nécessaire de démontrer la fierté de «l’Algérien» quelle que soit sa situation dans la société, pour comprendre ses angoisses lorsqu’on lui impose un tant soit peu la charité de ses semblables. Malheureusement, lorsqu’il a cru s’être libéré du joug capitaliste en s’attaquant à sa tentacule la plus vulnérable, il a fléchi sur ce point, mais à l’image de «l’hydre de Lerne» dans la mythologie grecque, lorsque la tête est tranchée, il en repousse plusieurs, le capitalisme a déployé ses autres tentacules pour mieux atteindre ailleurs.
Bob. Med
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/01/25/article.php?sid=129257&cid=49
25 janvier 2012
Chroniques