le 23.01.12 | 01h00
Je viens de prendre connaissance, avec stupéfaction, des graves accusations lancées par Adolphe Jacques Simon contre l’historien Mohammed Harbi, l’accusant d’avoir organisé une campagne, en 1957, visant à la «liquidation des responsables messalistes de l’USTA».
Comme d’habitude, à travers Internet, Adolphe Jacques Simon lance, sans la moindre preuve, des accusations d’une extrême gravité en se fondant sur des rumeurs qui se transforment vite en calomnies, purement et simplement. Je voudrais, à cette occasion, revenir sur l’itinéraire de Adolphe Jacques Simon, personnage que j’ai bien connu lorsque j’ai milité dans les rangs des organisations trotskistes dans les années 1970/1980, ou dans les milieux de l’immigration algérienne plus récemment. Contrairement à ce qu’il dit, Adolphe Jacques Simon n’a jamais été membre de la direction du MNA ou de l’USTA (le syndicat des partisans de Messali) pendant la guerre d’Algérie.
Les nombreuses mises au point et demandes de rectifications de la fille de Messali Hadj à ce propos n’empêchent donc pas A. J. Simon de poursuivre inlassablement son travail de réécriture de sa propre histoire. Adolphe Jacques Simon n’a jamais été membre de la direction de l’organisation trotskiste à laquelle il appartenait (par exemple membre du «comité central»), et n’a donc jamais reçu «mandat» pour être le responsable des Trotskistes algériens. Mais il continue de se proclamer grand acteur de cette histoire, en dépit des nombreuses demandes de retrait de ce qualificatif par l’ensemble des militants algériens de cette période (j’ai moi-même, en vain, demandé depuis plusieurs années que ces titres de responsabilités ne soient plus mentionnés dans sa biographie et les nombreux articles qu’il publie dans diverses revues sur cette question).
Exclu de l’organisation trotskiste en 1984, A. J. Simon a continué d’appartenir à différents groupes d’extrême-gauche, puis il s’est rapproché du Front des forces socialistes. Il a été exclu de cette organisation, en 1988, pour avoir proféré de graves accusations, sans preuve, d’antisémitisme contre un dirigeant de cette organisation. Il n’a donc, contrairement à ce qu’il prétend, jamais dirigé le journal du FFS, L’Algérie libre, se contentant d’écrire quelques articles. Adolphe Simon, après sa retraite d’instituteur, se lance dans l’écriture d’une thèse consacrée à la vie de Messali. Il obtient la plus basse note possible («passable») au moment de la soutenance de cette thèse. Il n’arrive pas à obtenir l’accord de la direction de FEN pour développer un travail sur l’Algérie et se trouve écarté de cette organisation. Il se lance alors dans la construction d’un «centre de recherches sur l’Algérie».
Pourtant, je peux assurer que Simon ne parle pas un mot d’arabe ou de berbère, et qu’il s’est rendu durant les cinquante dernières années qu’une seule fois (quelques jours) en Algérie. Il prétend pourtant être un grand spécialiste de ce pays, et se présente en universitaire (alors qu’il n’a jamais donné un cours à l’université, et qu’il est brouillé avec l’ensemble des chercheurs de cette histoire). Dans les dernières années, Simon s’est rapproché des positions de dénonciation de la soi-disant «repentance», stigmatisation des «égorgeurs» du FLN, refus de reconnaître le 19 mars comme date de la fin de guerre, insistance sur les massacres de harkis, etc.
C’est une thématique désormais bien connue, qualifiant les historiens, qui se sont engagés contre la loi de février 2005 sur «les bienfaits de la colonisation», de «bataillon d’historiens engagés et d’idiots utiles». Après l’élection, en 2007, de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, Adolphe Simon a demandé audience à Brice Hortefeux pour lui dire tout le bien qu’il pense de son ministère de l’Identité nationale et de ce qu’il en attend pour l’immigration. Mais ses demandes n’ont pas abouti… Voici donc quelques éléments biographiques qui permettent d’éclairer la vie de ce personnage qui, depuis de nombreuses années, passe le plus clair de son temps à lancer anathèmes, excommunications, injures et calomnies. Ce qui se diffusait dans un cercle restreint a pris désormais de l’importance, via Internet, et c’est pourquoi il m’a semblé nécessaire de réagir au moment où il commence une campagne de dénigrement de Mohammed Harbi.
Khaled Melha : Journaliste
© El Watan
24 janvier 2012
Histoire