La visite de 48 heures qu’effectue à Alger, à partir de ce lundi, le tout nouveau chef de la diplomatie marocaine, Saad Eddine El-Othmani, est de celle qui présage beaucoup de choses. A commencer par la poursuite de la dynamique de réchauffement politique entre les deux pays. Car il faut préciser que, sur le plan sportif et des affaires, tout va bien. Et, sur ce chapitre, M. El-Othmani, l’ex-Secrétaire général du PJD, le parti islamiste qui avait remporté les législatives anticipées au Maroc au mois de novembre dernier, devrait sur ce chapitre remettre les pieds sur le sillon déjà tracé par le précédent gouvernement, alors dirigé par l’Istiqlalien Abbas El Fassi. En fait, tout le monde va suivre avec une pointe de curiosité cette première sortie officielle du ministre des Affaires étrangères du Maroc à l’étranger. Où? En Algérie, une destination longtemps boudée par un chef de la diplomatie marocaine. Mais pas par les autres ministres, puisque l’année 2011 a été riche en événements de rapprochement entre les deux pays, avec des visites alternées de ministres marocains et algériens dans l’un des deux pays. Des visites qui, pour le commun des Algériens ou des Marocains, sont loin de leurs préoccupations quotidiennes. Car si au plan politique, c’est-à-dire au sommet des deux Etats, on veut rester sobre et discuter des problèmes à mettre à plat pour relancer la machine des relations bilatérales, au plan social, il s’agit pour les millions d’Algériens et de Marocains de savoir si cette visite scellera les retrouvailles entre les deux pays frères. Ou si elle ne constitue qu’une tentative parmi tant d’autres pour renouer le fil entre les deux Etats qui, au demeurant, se connaissent sur le bout des doigts.
Loin, très loin des sentiers de la politique et de la diplomatie, il y a le monde du bizness qui attend que quelque chose de positif se dégage de ces ’conciliabules » politiques. Du côté d’Oujda ou de Berkane, on espère certes que les clignotants passent au vert, ne serait-ce que pour aller voir la famille de l’autre côté sans payer le ’taxi clandestin » à travers les collines de Bab El Assa ni un prix élevé du billet d’avion. Est-ce possible ? C’est en réalité la question de la réouverture des frontières entre les deux pays qui fait courir beaucoup de monde. Pour autant, les divergences politiques entre les deux pays, même si elles ne sont pas insurmontables, restent entières et ont rapport avec un seul principal élément, que tout le monde connaît, même le gardien du stade du dernier club de la division amateur du championnat de football marocain. Mais, loin de ces tracas qui hantent les nuits des politiciens, les Beznassas des deux côtés ont depuis longtemps érigé des règles de conduite pour fructifier leurs affaires et autres trafics en tous genres. Ce sont ces milieux d’affaires particuliers qui, aux dernières nouvelles, militent pour le statu quo dans les relations entre les deux pays. La réouverture des frontières signera, pour eux, la fin de la contrebande et de l’état de grâce de leurs affaires.
23 janvier 2012
Chroniques