C’est aussi le temps des nuances de la langue française pendant le cinquantenaire de l’indépendance. L’avez-vous remarqué ? Le gouvernement ne cesse de creuser cette langue pour dire ce qu’il ne dit pas. Exemple : A Paris Medelci a expliqué qu’il s’agit d’une explication des «réformes» et pas d’une «audition». Ses services se sont même astreints à faire dans l’étymologie archéologique pour dissoudre l’évidence. Quelques semaines après, on nous explique que le dinar algérien a subi une «dépréciation» et pas une «dévaluation». Cela entre dans le cadre du cadrage du langage : les émeutes sont des troubles et même les preuves de la démocratie algérienne. La pauvreté est un indice. Les ratages sont des délais. Les méchouis sont des séminaires etc. Il y a un étrange rapport incestueux entre la linguistique et la dictature, le long des deux derniers siècles. A creuser.
C’est aussi le temps des paradoxes : comme le répètent, sans cesse, les internautes anonymes algériens, «Quelle est la différence entre un Emir gracié et payé ici, dans le cadre de la Réconciliation» et «un Dhina arrêté à Paris par la France, dans le cadre des Guantanamo personnalisés et sur commande ?». On ne sait pas. Cet étrange affaire est étrange : on peut défendre l’homme mais dans le malaise. On peut se taire mais dans le malaise. On peut s’aventurer à expliquer mais dans le malaise. La seule vertu de cette affaire est qu’elle provoque le malaise, signe que l’Algérien n’est pas décédé peut-être.
Question : si on jouait sur le casting ? Remplacer par exemple, par case, Khalifa par Dhina, Dhina par El Para, El Para par un mot français rare ou un mot français rare par le bras droit d’un Emir et ainsi de suite. Pourra-t-on comprendre mieux et l’essentiel ?
22 janvier 2012
Chroniques