La disparition brutale de la mère d’Anouar Benmalek des suites d’un cancer a sans doute été à l’origine de l’écriture de ce récit ô combien bouleversant et émouvant.
Un cri d’amour pour décrire l’amour incommensurable que l’auteur du Rapt nourrissait envers celle qui lui a donné la vie. Anouar Benmalek dit son amour certes, mais aussi ses regrets. Regrets de ne pas avoir été souvent près d’elle et de ne pas avoir dit assez «maman je t’aime». A travers ce récit, l’écrivain évoque le passé de sa mère. Née au Maroc d’un père marocain et d’une mère suisse (trapéziste de cirque dans son pays d’origine), sa mère fut élevée par une belle-mère tyrannique qui lui en fit voir des vertes et des pas mûres. Vers l’âge de 20 ans, alors qu’elle est accoudée à sa fenêtre, son regard croise celui d’un jeune homme qui lève la tête pour la dévisager. Désormais, ce passant prendra l’habitude de passer sous ce même balcon jusqu’au jour où il franchira le seuil de la maison pour la demander en mariage. Le prétendant travaille comme instituteur et acteur de théâtre et… il est algérien ! Le couple algéro-marocain s’établit d’abord au Maroc où naîtront leur cinq enfants (dont l’auteur). Puis à l’indépendance, la famille Benmalek prend le train, direction Constantine. Anouar Benmalek évoque par ailleurs l’épisode tragique de la disparition de son père, brûlé vif en juillet 1982 en nettoyant à l’alcool ses pinceaux à côté de la cuisinière allumée. Il venait à peine de terminer de repeindre les murs de la cuisine. La pièce s’embrasa et son père se transforma en une torche humaine, décédant quelques jours plus tard. Dans un dialogue post-mortem, l’enfant de Constantine s’adresse à cette mère qu’il a tant adorée pour lui dire tout son chagrin de devoir continuer sa vie sans elle. Un roman poignant qui vous flanquera l’envie de vous précipiter pour aller embrasser votre mère, si vous avez la chance de l’avoir encore, de ce côté du miroir. Sabrinal Tu ne mourras plus demain, Anouar Benmalek, Casbah éditions, 2001, 179 p.
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/01/21/article.php?sid=129037&cid=16
21 janvier 2012
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