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Nassima Touisi Semmad. Auteure de contes pour enfants «Il est noble de faire découvrir les contes algériens»

21 janvier 2012

1.Contes


le 19.01.12 | 01h00

 	Nassima Touisi Semmad accompagnée de son époux Taouffik .

| © D. R.
Nassima Touisi Semmad accompagnée de son époux Taouffik .

Nassima Touisi Semmad s’efforce,  avec la grande complicité de son époux Taouffik Semmad, de cultiver l’imaginaire des petits comme des grands. Dans cet entretien, elle nous livre une immersion dans le monde merveilleux et féerique du conte.

-Vous venez tout juste de proposer aux jeunes lecteurs Baba Fekrane, un deuxième conte d’hier et d’aujourd’hui rattaché à la tradition orale ?

La vache des orphelins, Yema Aïcha laksioura, L’aventure de Benderbechi, Khnifsa sit en’sa, Loundja bent el ghoula… sont tirés de la tradition orale algérienne et se transmettent de génération en génération.
A la tombée de la nuit, les gens se réunissaient pour s’offrir un voyage dans le merveilleux. On contait pour partager de bons moments, pour nous retrouver et créer une complicité, on contait aussi pour mettre en scène la vie quotidienne avec ses drames et ses délires.Les contes du terroir algérien véhiculent les connaissances de notre peuple et nos valeurs sociales et culturelles.

A travers leur lecture, on retrouve notre identité, nos habitudes, nos traditions, nos croyances, notre histoire, notre passé et notre langue. Ils ont été racontés, se racontent et se raconteront encore pour dire qui nous sommes.
Le conte Baba Fekrane, qui est une histoire loufoque, met en scène une dispute entre la tortue, baba Fekrane, et son épouse la grenouille yemma Guergour. Dans un jeu de mots subtils et amusants se retrouvent des personnages, dont la poule, le coq, l’âne et le serpent, qui ont pour mission de réconcilier le couple en désaccord.

Ce conte, destiné à distraire, comporte une dimension culturelle considérable. Des détails propres à l’Algérie sont mis en valeur, tels que le prénom de la grenouille, yemma Guergour, qui fait référence à une espèce de grenouille, Oum guergour, évoluant en Algérie.Des tenues vestimentaires traditionnelles sont aussi citées, à l’exemple de la ceinture tlemcénienne, du kholkhal, du khôl, du souak et de la belle chechia que certains nomment chechia de Fez ou chechia stamboul.

-Pouvez-vous revenir sur la naissance de cette série de contes ?

Mon époux, Taouffik Semmad, est graphico-designer, publicitaire, illustrateur, typographe et peintre-graveur, un professionnel de l’art du livre. Féru de la lecture de contes du monde entier, il était à la recherche des nôtres. Et je connaissais ceux que ma grande-tante contait. J’ai été séduite par ses œuvres et son talent, portés à la lumière du monde et reconnus sur la scène artistique internationale.Il a conçu des polices de caractères typographiques et de pictogrammes, ainsi que des œuvres et des livres d’artistes qu’il a présentés lors d’expositions, en Europe et en Amérique du Nord.

A notre rencontre, j’ai enragé, car tout son savoir-faire profitait aux autres nations. Depuis 2008, en Algérie, nous associons nos efforts, notre savoir-faire et essayons d’apporter un regard développé sur l’édition des livres de jeunesse, qui est une spécialité. Le livre doit être étudié au niveau de la conception graphique, des illustrations, de la forme, de la couleur, du choix de la typographie, de la mise en page et du format. Faut-il encore avoir une connaissance approfondie de la production graphique (flashage, imprimerie, choix du procédé d’impression, choix du papier…).

-Baba Fekrane est un savant mélange entre la réalité et l’imaginaire. Selon vous, où s’arrête le travail de réécriture et où commence le travail d’invention dans l’écriture d’un conte ?

Le conte est constitué d’une partie rigide qui est connue de tous et traverse le temps et l’espace et une partie souple que l’on modifie et adapte en fonction de la société, de la religion, des croyances, des traditions du lecteur ou de l’auditeur…
Chaque personne, qui raconte ou réécrit un conte, le fait selon son talent et sa personnalité, voilà pourquoi il existe différentes versions d’un même conte. Ce sont les détails qui changent, mais la trame narrative demeure la même.

-Pensez-vous qu’un même conte puisse être compris par les enfants de cultures différentes ?

La formule «Il était une fois…» ouvre la porte à la nostalgie et au rêve d’un monde meilleur. Pour les enfants du monde entier, de cultures et de religions différentes, le conte représente un matériau psychopédagogique inestimable et irremplaçable, car il leur inculque des principes de vie et des valeurs humaines et sociales, tout en les amusant. Seulement, si de nos jours il est noble de donner à lire des contes étrangers aux enfants d’Algérie, il est encore plus noble de leur faire découvrir les contes de leur pays.

-Vous êtes confrontés à un problème crucial, celui du problème de financement…

Collecter, écrire, concevoir, illustrer puis éditer un conte ou même un recueil de contes est dispendieux et nécessite un soutien financier d’organismes privés et étatiques. Nos enfants ont le droit d’avoir des livres de culture et d’essence algériennes, de calibre international. Nous avons financé nous-mêmes et avec l’aide de quelques membres de la famille, notre premier conte du terroir intitulé L’aventure de Benderbechi. L’excellent travail de ce dernier a parlé pour nous et nous a permis d’obtenir une aide financière des écoles et sociétés privées pour l’édition de Baba Fekrane. Jusqu’à présent, il n’y a eu que le secteur privé qui ait été sensible à notre requête et y a répondu favorablement.

-Avez-vous d’autres projets en perspective ?

Nous continuons à collecter d’autres contes du terroir pour en faire des livres, accompagnés d’une animation multimédia. Nous éditerons prochainement Les Librepuciens, puis nous reviendrons aux contes du terroir. Nous projetons aussi d’adapter nos contes en dessins animés, et là encore, notre souci majeur reste le financement.

-Le mot de la fin…

Nous remercions toutes les personnes qui nous ont soutenus et ont participé à la réalisation de nos projets, ainsi que les enfants qui ont su apprécier nos livres et nous ont félicités. Nous voulons leur dire qu’il n’y a pas plus belle récompense que de voir leur joie à la découverte des contes de leur pays. Aussi, nous restons réceptifs à toute collaboration des amoureux du livre pour enfants et de la culture algérienne.

Nacima Chabani

© El Watan

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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