Par Ahmed BEN ALAM
L´augmentation du prix du baril avait commencé bien avant l´arrivée du cyclone Katrina en Louisiane et au Mississipi, entraînant la fermeture de plusieurs puits de pétrole et de raffineries aux Etats-Unis. A quelques jours du cataclysme dévastateur, les prix frôlent déjà les 70 dollars US le baril. Et au lendemain du passage de Katrina, il y eut une flambée des cours, attendue, mais la décision de George Walker Bush de puiser dans les réserves stratégiques a fait reculer fortement les prix à Londres, d´autant plus que les pays de l´Ocde et du Golfe ont promis de multiples aides aux Etats-Unis. L´Organisation des pays exportateurs de pétrole, Opep, a également décidé d´augmenter de 500.000 barils par jour son quota de production lors de sa prochaine réunion qui se tiendra à Vienne, en Autriche, les 19 et 20 septembre. Après M.Chakib Khelil et le secrétaire général de l´Opep, ce fut au tour de M.Javad Yardjani, responsable des affaires de l´Opep au sein du ministère du Pétrole iranien, de confirmer cette information.
Pour en revenir à M.Chakib Khelil, notre ministre de l´Energie et des Mines, il faut dire qu´il a une théorie bien à lui d´expliquer depuis quelques années l´augmentation continue des prix du brut : pour lui, elle serait due aux problèmes de raffinage aux Etats-Unis. Pour les profanes que nous sommes, il est difficile de comprendre comment des raffineries, incapables de résorber des quantités de pétrole, seraient en mesure de tirer les prix vers le haut. C´est plutôt le contraire qui devrait se produire; le pétrole qui n´a pas été raffiné resterait sur les bras des pays exportateurs, alourdissant les surstocks et tirant les cours vers le bas. Ce n´est que très récemment qu´il commençait à devenir évident pour tout le monde que c´est plutôt la surchauffe de la croissance chinoise qui serait l´une des causes principales de l´envolée des cours.
Mais enfin, ne nous aventurons pas trop sur un terrain aussi … fluctuant. Si un spécialiste comme M.Chakib Khelil impute la bonne tenue des cours à un problème de raffinage, c´est que cela doit être vrai. Parce qu´en fait, et M.Chakib Khelil a aussi raison de le souligner, la spéculation, notamment à Rotterdam, Londres ou New York et sur les principales places boursières a des secrets que le commun des mortels ne connaît pas.
Maintenant, il y aussi une autre cause: les pays importateurs eux-mêmes, qui surtaxent les prix pétroliers pour boucler leur déficit budgétaire, ont une part non négligeable dans le cours élevé du baril. En réalité, ils ne se contentent pas de renflouer leurs caisses, ils font aussi de substantiels bénéfices. Les compagnies pétrolières aussi se remplissent les poches au passage, puisqu´en effet, ce sont elles qui tiennent les rênes de la commercialisation et de la transformation du brut.
Le Premier ministre français, M.Dominique de Villepin, a, en quelque sorte, bien saisi la balle au vol, puisqu´il a décidé d´accorder une ristourne de 75 euros aux ménages pour compenser les pertes dues à la surtaxe.
N´oublions pas en outre que le recul du dollar, dans lequel sont libellées les transactions pétrolières, par rapport à l´euro, monnaie unique européenne, amène tout simplement à relativiser le prix élevé du baril, même si à la pompe, le consommateur ne voit pas tellement la différence. En fin de compte, tout n´est que spéculation et écran de fumée. Jusqu´à preuve du contraire, les cours trop élevés, tout en profitant à qui de droit, notamment aux compagnies pétrolières, ne gâchent pas les vacances des gouvernements développés, où les pays du Golfe entreposent leurs pétrodollars. On ne prête qu´aux riches.
17 janvier 2012
Chroniques